Petite, ma mère m’a toujours mise en garde contre les oies. Plus précisément, contre leur bec féroce qui fait bien douiller quand il pince les doigts. Je n’ai donc jamais particulièrement porté cet animal dans mon cœur. Jusqu’à cette vidéo qui a tout changé :
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@jjeanzu ended up being extra distracted worth it #desktopgoose 내일 학교가야되네 - 섭이스센터
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Comment ne pas résister face à tant de mignonnerie numérique ? Sur ce TikTok, posté début mai, l’oie est présentée comme un petit compagnon d’écran, 10 000 fois plus attrayant que le vieux Clippy. Elle se promène sur l’ordinateur, pousse des petits cris – ou, plus précisément, elle cacarde –, attaque arbitrairement votre curseur et cache plusieurs mèmes et notes sous son aile.
Le concept m’a immédiatement séduite : c’était l’occasion de faire la paix avec cette bestiole et d’égayer mon bureau virtuel. Je n’étais pas la seule à le penser, puisque la vidéo avait déjà récolté près de 10 millions de vues. La première étape consistait donc à télécharger cet outil a priori – je répète, a priori – inoffensif. Direction itch.io, sur la page Desktop Goose. Le début d’une spirale infernale.
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“Trop mignon, on dirait un Tamagotchi”
Une fois la petite oie arrivée sur mon Mac, je double-clique sur son icône pour la faire apparaître. Elle surgit dans un coin de l’écran et fait d’abord quelques pas pour prendre ses marques. Une fois un peu plus à l’aise, elle court dans tous les sens sur ses petites pattes. Le son est activé par défaut, j’entends ses petits pas dans mes écouteurs. Un “Honk !” me surprend. Elle parle. Mon niveau de concentration avoisine alors les 2 %.
Au bureau, mes collègues sont vite intrigués par ce petit animal qui arpente mon écran. “C’est trop mignon, ses petits cris”, s’émerveille Henri. “On dirait un Tamagotchi.” Pierre, lui, reste dubitatif. “Ça prend la masse de mémoire vive, ces trucs-là”, lâche-t-il avant de retourner mater un streamer joueur-animateur en direct sur Twitch.
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Puis, ma petite oie tire soudain une petite fenêtre d’un bord de mon écran. Un gif d’une oie se dandinant avec des pigeons. Je m’attendris de cette douce attention. Elle réitère quelques secondes plus tard avec une note “Je suis une oie oink”. Ravie, je me dis que cet outil est décidément le meilleur moyen de me réconcilier avec les oies. Je la laisse rapporter d’autres trésors, me contentant de glisser les fenêtres sur le côté pour continuer à travailler.
Comment peut-on réussir à travailler dans de telles conditions ? L’affaire est complexe. Je finis par trouver les réglages, et baisse le volume de l’animal au minimum.
Au moins, pas de perturbations auditives. Je parviens même à la pimper aux couleurs de Konbini techno : rouge, jaune, bleu, avec des traces de pattes en vert fluo. RAS.
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Un premier couac
Nous partons gaiement en pause déjeuner. Une fois rentrée, je m’empresse de rouvrir mon ordinateur, impatiente de retrouver ma compagne de la journée. Vision d’horreur :
Oui, elle s’était bien ennuyée pendant mon absence. Tellement qu’elle a recouvert l’intégralité de mon écran de notes, mèmes et gifs en tout genre. Et pas des plus rassurants : “Je suis un agent du chaos”, “La paix n’a jamais été une option”. Bon, je me dis que ça va être long à fermer mais que, dans une minute, je retrouverai mon ordinateur sans problème. Naïve que j’étais.
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Car à l’instant où je clique sur le petit bouton rond et rouge pour fermer une fenêtre, l’impossible se produit. Ni une ni deux, l’oie se rue sur mon curseur, et… l’embarque à l’autre bout de l’écran. Je secoue ma souris, mais rien n’y fait. Je contemple, impuissante, l’oie courir à toute allure avec son butin dans le bec. Elle décide ensuite de lui rendre sa liberté, et je récupère le contrôle de ma souris.
Je passe donc les – longues – minutes suivantes à enchaîner fermetures furtives des fenêtres et esquive des ruées de la bête. J’opte pour la méthode en diagonale, très efficace, baladant l’oie d’un coin à l’autre de l’écran jusqu’à l’épuisement. Mais elle reprend aussitôt du poil de la plume de la bête, et recouvre vite à nouveau mon bureau de mèmes en tout genre. Ma patience en prend un coup – et mon traumatisme des oies refait peu à peu surface.
Le monstre devient incontrôlable
Et je ne suis pas la seule à m’être refroidie. Entre-temps, d’autres collègues ont elles et eux aussi installé Desktop Goose sur leur ordinateur, ravi·e·s dans un premier temps. Cet état d’esprit a duré quelques minutes, puis j’ai reçu ce message – un poil déchaîné – sur Slack :
Dans la panique, mon cher camarade en vient même à confondre l’oie avec un vulgaire canard. Je réalise alors l’ampleur des dégâts : le phénomène me dépasse et l’oie sème le chaos partout où elle se trouve. Je lui explique alors comment accéder aux réglages – double-cliquer une seconde fois sur l’icône – pour désactiver le monstre en cliquant sur “Quit Desktop Goose”. La bête est maîtrisée.
Je m’exécute à contrecœur. Cette nouvelle amie, à l’apparence si innocente, aux traits si mignons, avait tout pour me rabibocher avec les oies. Mais son instinct belliqueux est revenu en un clin d’œil et il a fallu l’anéantir.
Si vous avez envie de repousser les limites de votre patience, vous pouvez toujours télécharger Desktop Goose ici. Le programme est disponible sur Mac, Windows, mais pas Linux – pour l’instant. Cette invention maléfique a été développée par un certain Sam Chiet. Le logiciel est gratuit, mais vous pouvez toujours décider de le soutenir en lui versant le montant de votre choix au moment du téléchargement. Les mèmes et les notes sont personnalisables, il suffit de se rendre dans le dossier “Resources” et de rajouter – ou retirer – le contenu que l’on souhaite dans les sous-dossiers correspondants.
Vous êtes-vous mesuré·e à cette petite oie ? Racontez-nous tout à : hellokonbinitechno@konbini.com