ProtonMail est une alternative fantastique à Gmail, son principal atout étant la protection des données et de la vie privée (nous vous en parlions ici). Pour faire vite, ProtonMail, basé en Suisse, est un service de boîte mail chiffrant de bout en bout tous les messages envoyés, ce qui apporte une plus-value énorme pour les gens soucieux de leur sécurité et de leur vie privée. Le service est disponible en desktop (depuis un navigateur) et en appli.
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Jusqu’à présent, tous les utilisateurs Android pouvaient facilement obtenir l’application à travers le Play Store. Mais que se passerait-il si la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ne faiblissait pas et qu’Android était effectivement retiré des appareils Huawei ?
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Imaginant ce scénario catastrophe, ProtonMail a d’abord publié un premier billet de blog, le 5 septembre, évoquant l’idée que “des centaines de milliers” d’utilisateurs Huawei perdraient l’accès à l’application.
C’est pour cela que l’entreprise suisse a fait le choix de proposer une version sur F-Droid (la plus connue des alternatives open source à Android) et “envisage” aussi de proposer l’application sur d’autres app stores, comme par exemple l’AppGallery de Huawei.
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Un partenariat avec Huawei et la Chine ?
Au milieu de ces annonces, vous avez peut-être lu ou compris que ProtonMail allait “s’associer” avec le constructeur chinois Huawei. Mais cela n’est clairement pas le cas.
La rumeur est partie d’un article de Bloomberg, publié le 6 septembre, qui évoquait le billet de blog de ProtonMail sorti la veille. Le média américain avançait que ProtonMail pourrait “être installée par défaut sur les futurs appareils Huawei” et que “ce partenariat avec Huawei ouvrirait la boîte mail à de plus grandes audiences.“
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Le simple mot “partenariat” a été suffisant pour activer la machine à outrage d’Internet – d’autant plus que ProtonMail mise tout sur la protection des données et que Huawei est régulièrement accusé d’espionnage.
Une réponse qui ne s’est pas fait attendre
Face au tollé qui se profilait, Andy Yen, fondateur de ProtonMail, s’est expliqué sur la situation :
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“Dans les dernières 48 heures, cette histoire a eu beaucoup d’écho en ligne, et continue à être mal interprétée par beaucoup de personnes.”
Andy Yen réfute le terme de “partenariat” : “Tout comme être dans l’Apple Store ou le Play Store n’implique pas un partenariat avec Apple ou Google, être sur l’AppGallery de Huawei ne crée pas un ‘partenariat’ pour autant.”
Il a aussi évoqué l’idée d’un “contrôle chinois” sur ProtonMail :
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“La vraie question ici ne concerne pas tant Huawei, mais bien l’influence que la Chine peut avoir sur des entreprises qui proposent des services à ses citoyens.”
La loi chinoise sur la cybersécurité est entrée en application en 2017. Le texte stipule essentiellement que les compagnies étrangères opérant en Chine et manipulant des informations privées de citoyens se doivent de stocker ces données en Chine, et de les rendre disponibles sur demande. Une loi similaire existe en Russie depuis 2015 (les curieux russophones peuvent la lire ici).
Le fondateur de ProtonMail a essayé d’être rassurant à ce sujet :
“Proton n’a pas de bureaux, d’employés ou de sous-traitants en Chine ou en Russie, et, de fait, nous ne tombons pas sous le coup de ces lois et ces lois ne peuvent nous être imposées. Cela ne veut pas dire que les autorités de ces pays ne vont pas essayer de les appliquer sur nous. C’est ce qu’avait fait la Russie en 2018 […] en menaçant de nous bannir du réseau russe.”
Proton annonce donc refuser poliment toute demande sortant de la législation suisse, même si cette demande vient du gouvernement chinois. Les esprits vont pouvoir se calmer et continuer à envoyer des photos de chatons par mails chiffrés.