Un masque de Guy Fawkes, une voix sombre trafiquée et de nombreuses menaces contre la police de Minneapolis. Après plusieurs années en dehors des radars médiatiques, l’épars collectif d’activistes et pirates Anonymous sort de son silence. Du lourd en perspective ou beaucoup de bruit pour rien ?
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Cela ne vous a probablement pas échappé : les États-Unis sont en proie à de violentes et conséquentes manifestations depuis l’homicide involontaire de George Floyd, un Afro-Américain de 49 ans, mort asphyxié lors d’un contrôle de police à Minneapolis, lundi 25 mai.
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La terrible affaire – une de plus remuant le couteau des violences policières envers les personnes racisées outre-Atlantique – a embrasé le pays suite à la diffusion de la vidéo du contrôle de police sur les réseaux sociaux. On y voit George Floyd implorer le policier blanc de le laisser respirer avant de s’évanouir. Il s’est éteint à son arrivée à l’hôpital.
Anonymous de retour dans une vidéo sensationnaliste
Alors que la colère explosait dans l’ensemble du pays, par le biais de manifestations parfois violentes, le collectif Anonymous a publié une vidéo de menaces sur Facebook, vendredi 29 mai.
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Un homme portant le masque de Guy Fawkes, emblème iconique du mouvement, s’adresse directement à la police de Minneapolis (MPD). L’organisation l’accuse d’avoir un “bilan horrifique de violence et de corruption“, soulignant que la mort de George Floyd n’est que “le sommet de l’iceberg“.
Après avoir énuméré plusieurs “meurtres commis par des policiers” ayant eu lieu ces dernières années, le narrateur promet : “Malheureusement, nous n’avons pas confiance en votre organisation corrompue pour rendre justice, alors nous montrerons vos nombreux crimes à la face du monde. Nous sommes légion.”
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Une vidéo pour le moins sensationnaliste, qui a accumulé près de 3 millions de vues sur le réseau social en quelques jours avant d’être partagées sur d’autres.
Le collectif d’activiste a-t-il hacké la police de Minneapolis ?
Dimanche, les sites d’information Bloomberg et le Times rapportaient que le site officiel de la police de Minneapolis “montrait des signes d’une cyberattaque“, notant que celui-ci avait été inaccessible dans la journée de samedi et que certaines pages nécessitaient l’entrée d’un captcha, le fameux code utilisé pour différencier les humains des robots ou prévenir les attaques de déni de service (DDOS). Certaines captures d’écran circulant sur les réseaux sociaux montrent les adresses e-mails de policiers locaux, affirmant qu’elles ont été piratées en ligne.
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Est-ce le fait des Anonymous ? Pour le moment, rien ne le prouve. Rien ne prouve non plus que le site a été hacké ou que les adresses e-mails de policiers ont été diffusées en ligne. Il ne s’agit à l’heure actuelle que de pure spéculation.
Pourquoi ? Il est en effet possible que le site de la police de Minneapolis ait été le fait d’une attaque DDoS. Relativement facile à réaliser, une attaque DDoS consiste généralement à inonder un service pour empêcher son bon fonctionnement. Mais il est également possible qu’en lumière des événements actuels, le site de la police de Minneapolis ait été trop fréquenté le temps d’une journée et que les serveurs n’aient pas tenu le choc.
Troy Hunt, patron de la firme Have I Been Pwned, s’est penché sur la prétendue liste d’adresses e-mails de policiers. Have I Been Pwned est un service offrant l’opportunité de savoir si son e-mail a été compromis. Il explique sur Twitter qu’il est peu probable, voire impossible, que ces e-mails aient été piratés durant les événements de ces derniers jours.
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La police de Minneapolis n’a pas commenté l’événement.
L’énigmatique affaire des ondes radios de la police de Chicago piratées
Une autre vidéo a fait le tour du web anglophone et francophone. Elle est devenue populaire suite au partage du rappeur et comédien Elijah Daniel sur Twitter et a accumulé près de 5 millions de lectures. Il s’agit d’un hack présumé des ondes radios de la police de Chicago. Le groupe Anonymous aurait réussi à pirater la fréquence radio de la Chicago PD pour y diffuser Fuck The Police, la chanson de N.W.A.
La vidéo en elle-même a originellement été postée par l’utilisateur Twitter @chloehrubin. En remontant les tweets, on voit que celui-ci vient tout juste d’être créé. Par ailleurs, l’objet filmé dans la vidéo n’est pas un appareil de la police, mais l’écran d’un iPhone montrant l’application 5-0 Radio Police Scanner. Celle-ci permet d’écouter différentes ondes de la police ou de service d’urgence.
Est-ce à dire que la vidéo a été trafiquée pour diffuser la chanson par-dessus l’application ? On ne sait pas, mais c’est probable. Il est aussi envisageable qu’un individu ait mis la main sur un émetteur radio de la police durant les manifestations.
Quoi qu’il en soit, rien n’indique pour le moment qu’il s’agisse d’un piratage effectué par les Anonymous. Il faut prendre le retour d’un groupe Anonymous avec d’énormes pincettes. La page Facebook à l’origine de la vidéo menaçant Minneapolis partageait, quelques semaines auparavant, des mèmes sur le coronavirus ou des vidéos sur les plans de la Chine pour contrôler le monde. Le groupe est, par essence, une communauté virtuelle décentralisée. Il serait erroné, plusieurs années après ses principaux faits d’armes, de lui attribuer un angle d’action précis.