Annoncé par la voix de Phil Spencer, le grand manitou de Xbox, ce lundi 21 septembre, le rachat de ZeniMax Media a coûté 7,5 milliards de dollars à Microsoft.
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Un très, très gros chèque pour s’offrir au total huit nouveaux studios et la force de travail de 2 300 employés. Parmi ces studios, c’est évidemment le nom de Bethesda que l’on retient. L’entreprise, à l’origine de licences mythiques comme The Elder Scrolls, Fallout ou Doom, a fait quelques faux pas parmi ses sorties récentes (bonjour, Fallout 76) mais reste l’une des références du jeu vidéo actuel.
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Est-ce une bonne ou une mauvaise chose, tant pour l’industrie que pour les joueurs ? La question est un peu prosaïque, semble un brin manichéenne, mais reste que l’on s’interroge sur les conséquences de ce rachat sur le monde vidéoludique et pour la nouvelle génération de consoles.
La puissance du Game Pass
On ne cesse de le répéter et ça en devient presque lassant : le Xbox Game Pass s’est imposé en quelques mois comme la meilleure offre de jeux vidéo par abonnement. Fourni en titres, tant en quantité qu’en qualité, à un prix compétitif (12,99 euros), le Game Pass sur PC et Xbox a gagné six millions d’abonnés en six mois seulement. C’est tout simplement énorme.
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Forcément, l’ajout des prochains jeux Bethesda sur le Game Pass le jour de leur lancement – ce qui n’a pas été confirmé à l’heure actuelle – est un énorme atout supplémentaire. Les jeux Bethesda, même s’ils perdent rapidement de leur valeur sur le marché (on trouvait le dernier Doom à 25 euros quelques semaines après sa sortie) pourraient ainsi être accessibles à tous les portefeuilles immédiatement.
Même l’arrivée des anciens jeux Bethesda – confirmés par Phil Spencer cette fois – donne une densité supplémentaire au Game Pass.
Gain du service contre gain de l’exclusivité
Et finalement, ce nouveau profil que s’offre le Game Pass, c’est aussi la preuve que Microsoft réagit enfin à l’écrasante supériorité de Sony sur les exclusivités. Mais pas forcément comme on l’imaginait.
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Durant l’ère Xbox One, Microsoft a proposé bien moins d’exclusivités que Sony. L’entreprise a commencé à racheter des studios à la pelle à partir de 2014 (dont le rachat de Mojang, propriétaire de Minecraft, pour 2,5 milliards de dollars) avec une très grosse accélération en 2018 et le rachat, soudain, de cinq nouveaux studios. Puis, enfin, “avec l’acquisition de Bethesda, nous doublons métaphoriquement et littéralement notre capacité à créer du contenu gaming“, écrit Phil Spencer.
Est-ce que cela veut dire que Microsoft compte enfin montrer les crocs sur la question des exclusivités ? Non, pas nécessairement. Phil Spencer a déjà annoncé que les prochains jeux produits par Bethesda ne seront pas forcément des exclusivités Xbox et qu’il s’agira de cas par cas – et on voit mal The Elder Scrolls 6 être cantonné à la Xbox One X. La semaine dernière, c’est Ori and the Blind Forest, titre à moindre budget mais majeur de Microsoft, qui sortait sur Switch. Enfin, Microsoft ne cesse de se battre pour que xCloud, son projet de jeu vidéo dans le cloud, arrive sur iOS après Android.
Bref, les exclusivités ne semblent pas être la priorité absolue de ce rachat. Ce qu’il montre en revanche, c’est que Xbox veut continuer à faire grandir sa marque et ses services. Comme avec le Xbox All Access, qui permettra de se procurer une Xbox One X et 24 mois de Game Pass pour 25 dollars par mois. Face à Sony, qui souffre d’une PS Plus peu alléchante mais continue à miser sur les exclusivités, Microsoft table sur un service toujours plus grand.
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Le problème de la concentration des pouvoirs
En revanche, sur le long terme, ce rachat peut devenir un problème pour la diversité du monde vidéoludique. La concentration des studios dans les mains de quelques géants, avec à la clé une forme d’uniformisation des pensées et méthodes, ne peut pas être une bonne chose pour l’éclectisme dans les jeux vidéo.
Certes, les studios de Microsoft fonctionnent indépendamment et Bethesda pourra continuer à éditer ses propres jeux. Mais avec son budget quasiment infini, on peut craindre que Microsoft continue à racheter pêle-mêle des studios et que les décisions ne se concentrent qu’entre quelques magnats. Depuis le rachat de Bethesda, on voit d’ailleurs la rumeur du rachat de SEGA par Microsoft, un peu ancienne, faire son grand retour sur les réseaux sociaux.
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Il existera toujours des développeurs indépendants, mais la concentration des grandes franchises sous la houlette de quelques-uns n’est pas forcément une bonne chose. Un peu comme le rachat de la 20th Century Fox par Disney dans le monde du cinéma.