Mission accomplie pour l’agence spatiale américaine. Ce lundi 26 septembre, la Nasa lançait le compte à rebours de la mission Dart, un test ayant pour but de dévier un astéroïde… en envoyant un vaisseau s’écraser dessus. Dans la nuit de lundi à mardi, ce vaisseau s’est donc écrasé avec succès sur l’astéroïde Dimorphos. Une nouvelle étape inédite dans la protection de l’humanité contre de potentielles futures menaces.
Publicité
Le vaisseau, plus petit qu’une voiture, a foncé à une vitesse de 22 500 km/h sur sa cible, atteinte à l’heure prévue (01 h 14 heure française). Les équipes de la Nasa, réunies au centre de contrôle de la mission dans le Maryland, aux États-Unis, ont explosé de joie au moment de la collision.
Publicité
Quelques minutes avant, l’astéroïde Dimorphos, situé à environ 11 millions de kilomètres de la Terre, a peu à peu grandi sur les spectaculaires images retransmises en direct par le vaisseau. On pouvait y distinguer clairement les cailloux à sa surface grise, juste avant que les images – accélérées x10 – ne stoppent au moment de l’explosion :
Publicité
“Nous sommes embarqués dans une nouvelle ère, où nous avons potentiellement la capacité de nous protéger d’un impact d’astéroïdes dangereux”, a déclaré Lori Glaze, directrice des sciences planétaires à la Nasa.
Dimorphos fait environ 160 mètres de diamètre et ne représente aucun danger pour notre planète. Il est en réalité le satellite d’un plus gros astéroïde, Didymos, dont il faisait jusqu’ici le tour en 11 heures et 55 minutes. La Nasa cherche à réduire l’orbite de Dimorphos de dix minutes, c’est-à-dire à le rapprocher de Didymos.
Il faudra attendre entre quelques jours et quelques semaines avant que les scientifiques puissent confirmer que la trajectoire de l’astéroïde a bien été altérée. Ils le feront grâce aux télescopes sur Terre, qui observeront la variation de l’éclat lorsque le petit astéroïde passe devant et derrière le gros.
Publicité
Si le but reste ainsi modeste comparé aux scénarios catastrophes de films de science-fiction comme Armageddon, cette mission de “défense planétaire”, nommée Dart (“fléchette”, en anglais, et acronyme de “Double Asteroid Redirection Test”), est la première à tester une telle technique. Elle permet à la Nasa de s’entraîner au cas où un astéroïde menace un jour de frapper la Terre.
“Je pense que les Terriens peuvent désormais dormir sur leurs deux oreilles, ce sera mon cas”, a lancé Elena Adams, une ingénieure de la mission.
Scruté de près
Le vaisseau avait voyagé durant dix mois depuis son décollage, en Californie. Pour atteindre une cible aussi petite que Dimorphos, la dernière phase de vol était entièrement automatisée, comme pour un missile autoguidé.
Publicité
Trois minutes après l’impact, un satellite de la taille d’une boîte à chaussures, appelé LICIACube et relâché par le vaisseau en amont, devait passer à environ 55 km de l’astéroïde pour capturer des images des éjectas.
L’événement devait également être observé par les télescopes spatiaux Hubble et James-Webb, qui devraient pouvoir détecter un nuage de poussière brillant et ainsi aider à évaluer la quantité de matière éjectée.
Tout ceci doit permettre de mieux comprendre la composition de Dimorphos, représentatif d’une population d’astéroïdes assez communs, et donc de mesurer l’effet exact que cette technique, appelée à impact cinétique, peut avoir sur eux.
Publicité
La sonde européenne Hera, qui doit décoller en 2024, ira en outre observer de près Dimorphos en 2026 pour évaluer les conséquences de l’impact et calculer, pour la première fois, la masse de l’astéroïde.
Des inconnues
Les astéroïdes ont déjà réservé des surprises aux scientifiques par le passé. En 2020, la sonde américaine Osiris-Rex s’était enfoncée bien plus que prévu dans la surface de l’astéroïde Bennu. De même, la composition de Dimorphos n’est pour le moment pas connue.
“Si l’astéroïde répond à l’impact de Dart d’une façon totalement imprévue, cela pourrait en réalité nous conduire à reconsidérer dans quelle mesure l’impact cinétique est une technique généralisable”, a prévenu la semaine dernière Tom Statler, chef scientifique de la mission.
Il y a 66 millions d’années, les dinosaures ont disparu après la collision d’un astéroïde grand d’environ 10 kilomètres avec la Terre.
Près de 30 000 astéroïdes de toutes tailles ont été catalogués dans les environs de la Terre (on les appelle des géocroiseurs, c’est-à-dire que leur orbite croise celle de notre planète).
Aujourd’hui, aucun de ces astéroïdes connus ne menace notre planète pour les cent prochaines années. Sauf qu’ils ne sont pas encore tous recensés.
Ceux d’un kilomètre et plus ont quasiment tous été repérés, selon les scientifiques. Mais ils estiment n’avoir connaissance que de 40 % des astéroïdes mesurant 140 mètres et plus, ceux capables de dévaster une région entière.
“Notre tâche la plus importante est de trouver” ceux manquants, a déclaré Lindley Johnson, agent de défense planétaire à la Nasa. Plus ils sont détectés tôt, plus les experts auront le temps de mettre en place un moyen de s’en défendre.
La mission Dart est un premier pas crucial en ce sens, selon M. Johnson : “C’est une période très enthousiasmante […] pour l’histoire spatiale, et même l’histoire de l’humanité.”
Une petite surprise sur Google Search
Si vous n’avez pas pu assister à la collision historique en direct, vous pouvez la revivre sur le live YouTube de la Nasa juste ici, ou bien vous amuser à taper “Dart” dans la barre de recherche de Google. Une sympathique petite animation apparaîtra alors sous vos yeux ébahis :
Konbini avec AFP
Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com