C’est ce qu’on appelle une expérience réseau-sociologique de haute volée. Le compte Twitter @SuspendThePres a commencé à tweeter, le 29 mai, exactement les mêmes choses que le président américain, Donald Trump. Son idée : voir combien de temps la plateforme allait prendre pour suspendre le compte.
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“Ce compte va tweeter les tweets du président. Voyons voir s’il se fait suspendre pour violation de Twitter”, note-t-il en référence aux conditions de service du réseau social.
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Résultat : il aura fallu 68 heures exactement à Twitter pour bannir @SuspendThePres pendant une période de 12 heures. La raison : glorification de la violence.
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Le tweet en question, qui fut donc originalement posté par Donald Trump, est celui concernant les “THUGS” (“voyous”) qui “déshonorent la mémoire de George Floyd”, où Donald Trump écrivait également : “Quand les pillages commencent, les coups de feu commencent.” Un commentaire qui a fait polémique outre-Atlantique.
Voici la capture d’écran de @SuspendThePres, prise par @BizzareLazar, et le tweet original du président des États-Unis.
Experiment Update - Well it finally happened. Took longer than expected. 12 hour suspension and had to delete the offending tweet. Here’s the screenshots @suspendthepres. Will post to the account when suspension is lifted. pic.twitter.com/wvKV9HDKBn
— Bizarre Lazar (@BizarreLazar) June 1, 2020
....These THUGS are dishonoring the memory of George Floyd, and I won’t let that happen. Just spoke to Governor Tim Walz and told him that the Military is with him all the way. Any difficulty and we will assume control but, when the looting starts, the shooting starts. Thank you!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 29, 2020
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Les raisons de cette expérience pour le moins révélatrice ne sont pas étrangères à l’actualité. À deux reprises, à la fin du mois de mai, le réseau social a décidé de modérer deux publications du chef de l’État américain en accompagnant la première d’un message de prévention et en masquant carrément la seconde.
Le premier tweet est d’ailleurs celui ayant causé la suspension de @SuspendThePres. En vous rendant sur le réseau, vous verrez qu’il est désormais accompagné d’un message expliquant que le tweet “glorifie la violence”, mais qu’il peut être “dans l’intérêt du public que le tweet reste accessible”. Ironie du sort.
Dans la foulée, Donald Trump a décidé de publier un décret visant à réguler les réseaux sociaux. Une bataille judiciaire s’engage entre Trump et Twitter. En deux mots, Donald Trump veut révoquer la section 230 du “Communications Decency Act”, un texte qui offre aux réseaux sociaux, ou même à Google et YouTube, une forme d’immunité judiciaire sur les contenus publiés par les internautes.
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REVOKE 230!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 29, 2020
This EO is a reactionary and politicized approach to a landmark law. #Section230 protects American innovation and freedom of expression, and it’s underpinned by democratic values. Attempts to unilaterally erode it threaten the future of online speech and Internet freedoms.
— Twitter Public Policy (@Policy) May 29, 2020
Au-delà de l’expérience amusante de @SuspendThePres, l’affaire dépasse largement le cadre des réseaux sociaux et concerne, tout simplement, la liberté d’expression en ligne.