La “Seabed Warfare” ou “guerre des abysses” n’a jamais été autant d’actualité. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a une semaine, les sanctions se multiplient d’un côté comme de l’autre. Outre la menace de l’utilisation de la bombe atomique par Poutine, la question du sabotage du réseau Internet européen se pose également.
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Les fonds marins, le théâtre de nos communications
Car la quasi-totalité de nos connexions dans le monde est assurée par… un arsenal de câbles sous-marins. Ils sont au total plus de 430 à assurer 99 % des communications intercontinentales en utilisant la fibre optique, rappelait The Conversation en octobre dernier. Mis bout à bout, ces câbles mesurent l’équivalent de 1,3 million de kilomètres… soit plus de trois fois la distance reliant la Terre à la Lune. Mention spéciale au SEA-ME-WE 3 qui, reliant l’Asie du Sud-Est à l’Europe de l’Ouest sur 39 000 kilomètres de distance, a décroché la palme du câble le plus long.
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Si ces câbles sont bien protégés aux abords des stations d’atterrissage, là où ils atteignent la terre. Ils sont en revanche bien plus vulnérables dans les fonds marins, où leur épaisseur ne dépasse pas celle d’un gros tuyau d’arrosage. S’il prenait à quelqu’un l’envie de les sectionner, ils n’offriraient aucune résistance. Mais, installés si profondément, comment pourrait-on les atteindre ?
Les coupures de câbles, une arme de dissuasion
À l’origine, les catastrophes naturelles représentaient le premier ennemi de ces fragiles connexions. En 1929, un tremblement de terre au large de Terre-Neuve, au Canada, avait entraîné une coupure massive de ces câbles ; il avait fallu 2 ans pour les réparer. Ils continuent depuis à être endommagés par des incidents naturels ou liés l’activité humaine – chalutiers ou encres.
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Chaque année, on compte plus d’une centaine de câbles sous-marins rompus. Mais ces coupures sont parfois moins accidentelles que l’on ne le croit ; selon Jean-Luc Vuillemin, Directeur des Services et Réseaux Internationaux chez Orange, les sabotages sont aussi monnaie courante depuis des années. “C’est un réflexe normal en période de conflit de porter atteinte aux communications de l’ennemi”, avait-il affirmé à Atlantico.
L’été dernier, des opérations d’espionnage sous-marin mené par les Russes ont été détectées au large de l’Irlande. Le navire “océanographique” Yantar rôdait non loin de deux câbles de télécommunications reliant les États-Unis et l’Écosse à l’Irlande. Une menace d’autant plus inquiétante que le navire est en mesure de déployer un petit sous-marin capable de plonger à 6 000 mètres de profondeur.
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Concrètement, comment protège-t-on ce réseau ?
On compte un seul câblier dans la maintenance de tous les câbles de l’Atlantique Nord à la mer Baltique, le fringant Pierre de Fermat. Propriété d’Orange Marine, il est l’un des quarante navires à assurer la sécurité du réseau sous-marin.
Si un dommage est détecté sur un des câbles, une équipe d’une soixantaine de marins peut intervenir en moins de 24 heures. En revanche, si ces dommages sont infligés à plusieurs endroits en simultané, l’affaire sera plus complexe… Surtout si les équipements actuels ne permettent pas de plonger au-deçà de 2 000 mètres de profondeur.
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Pour y remédier, en France, le ministère des Armées annonçait récemment à France Bleu faire l’acquisition de drones et robots sous-marins. L’objectif est de pouvoir descendre à 6 000 mètres de profondeur d’ici 2025, pour transmettre en direct des images des fonds marins et surveiller les câbles qui les arpentent.
Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com.
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