La répression contre les deepfakes s’intensifie. Plus d’un an et demi après notre premier article à ce sujet, de plus en plus de lois apparaissent pour tenter de contrôler cette technologie au potentiel inquiétant, qui permet concrètement de mettre le visage de n’importe qui n’importe où et de lui faire faire n’importe quoi.
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Aux États-Unis, le Texas était le premier État à passer le cap de la pénalisation. Aujourd’hui, c’est au tour de la Californie de prendre des mesures contre les deepfakes, avec deux projets de loi.
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Le premier rend illégale toute vidéo qui ferait apparaître le visage ou modifierait le discours d’un candidat dans le but de le discréditer, et ce dans les 60 jours qui précèdent une élection. La majorité des États américains ayant pris parti contre le deepfake se sont contentés de lois de ce type.
Porno et politique, l’angle d’attaque de la deepfake
Mais la Californie ne s’est pas arrêtée là : l’État a approuvé un projet de loi permettant aux Californiens de poursuivre en justice toute personne qui utiliserait leur image dans une vidéo à caractère pornographique, par le moyen du deepfake. Et, en effet, la technologie pourrait donner un caractère encore plus flippant au revenge porn. L’état de Virginie, qui avait fait passer plusieurs lois à ce sujet, les a d’ailleurs récemment étendues à l’univers du deepfake.
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Même si, en général, les deepfakes sont plutôt marrantes et impressionnantes, comme toujours, la technologie peut rapidement se retourner contre vous. Ces vidéos truquées inquiètent de plus en plus, notamment dans les milieux politiques. En mai était sortie une vidéo montrant la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ayant l’air ivre pendant un discours.
La vidéo, plutôt grossière, avait simplement été ralentie. Cela a suffi pour prêter à la cheffe de la majorité démocrate des problèmes d’élocution, et enflammer une rumeur d’addiction à son sujet.
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Difficile de ne pas se poser de question, alors qu’une vidéo assez peu travaillée a pu devenir aussi virale, quand on connaît le potentiel de la deepfake. De plus, à l’époque, Facebook avait refusé de retirer la vidéo, qui avait été vue des millions de fois.
Une technologie difficile à encadrer
D’ailleurs, l’Union américaine pour les libertés civiles, elle, regrette le contenu de ces nouveaux textes californiens. Dans une lettre adressée au gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a cosigné les deux nouvelles lois, l’association formalise ses craintes.
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“Malgré les bonnes intentions de l’auteur, cette loi ne va pas résoudre le problème des fausses vidéos politiques. Cela va seulement résulter dans la confusion des votants, les poursuites malveillantes et la répression de la liberté d’expression.”
À ce jour, en France, les vidéos truquées sont plutôt situées dans un vide juridique. S’il existe, depuis décembre 2018, une loi relative à la manipulation de l’information, nos confrères de Numerama expliquaient cependant qu’aucune mention n’était faite des “détournements audiovisuels, ce qui laisse une place pour une action législative spécifique”.