Dans la mythologie grecque, une chimère est un animal malfaisant et puissant, mêlant les attributs d’une chèvre, d’un lion et d’un serpent, et menaçant le monde des Hommes.
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Dans la réalité, il s’agit de deux cochonnets aux yeux noirs et aux petites pattes arrondies. Ils ressemblent à s’y méprendre à n’importe quels cochons tout juste nés, mais en réalité, leurs cellules souches sont dérivées du macaque crabier, un singe originaire d’Asie du sud-est.
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Les deux animaux ont été génétiquement créés au sein du Laboratoire de recherche en biologie de la reproduction et des cellules souches de Pékin (State key laboratory of stem cells and reproductive biology) par la chercheuse Tang Hai et son équipe, comme le raconte New Scientist. Les deux cochonnets ont survécu durant cinq jours avant de rendre l’âme à la fin du septième.
La quête des réceptacles à organes
Mais pour quelles raisons Tang Hai et ses collègues ont-ils créé ces animaux ? En 2017, la Salk Institute de Californie avait réussi pour la première fois à développer un embryon contenant des cellules humaines et des cellules de cochon. Le but est le même ici : trouver un moyen de créer des organes utilisables pour des greffes.
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Les chimères, se disent certains chercheurs, pourraient répondre à la forte demande d’organes à travers le monde. Comme nous l’apprenait Usbek & Rica en 2018, près de 25 000 personnes étaient en recherche de nouveaux organes en France, mais seuls 5 800 avaient réussi à être greffés.
Et si des embryons partagés entre des chimères humains-animaux ou des animaux-animaux permettaient de raccourcir cet écart ? L’idée pose évidemment question d’un point de vue éthique et seuls certains pays, comme la Chine ou le Japon, ont autorisé ce type de recherches.
Pour cette expérience, New Scientist explique que Tang Hai et son équipe ont, dans un premier temps, cultivé des cellules souches de macaque crabier. En produisant ces cellules, les chercheurs ont fait grandir une protéine fluorescente nommée GFP qui leur a permis de mieux traquer l’évolution des cellules et de désactiver certains gènes singes pour faciliter l’injection. La seconde étape consiste justement à injecter ces cellules vers des embryons génétiquement modifiés.
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Au total, 400 embryons ont été injectés. Dix cochons sont nés. Deux ont survécu durant une seule semaine. C’est la première fois que des hybrides de ce type sont portés à terme, revendiquent les chercheurs, mais rien ne confirme encore la possibilité de créer des réceptacles à organes à partir de chimères.