La science informatique peut-elle se frayer un chemin dans l’analyse des rêves ? Des chercheurs rattachés au département des sciences informatiques de l’université de Rome viennent de publier une étude dans le Journal of the Royal Society Interface, où ils affirment avoir entraîné des algorithmes capables de décoder, en partie, le langage de nos rêves.
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Les rêves, on le sait, suscitent l’attention toute particulière des psychiatres, psychanalystes et psychologues, surtout depuis les travaux entrepris par Sigmund Freud à la fin du XIXe siècle. À la fois créés par et logés dans notre inconscient, ils parlent, symboliquement, d’événements, de pensées ou d’états qui nous ont affectés dans notre vie consciente. Tout le travail, c’est d’essayer de les interpréter pour faire avancer un processus thérapeutique d’un patient.
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Dans cette optique, l’équipe de chercheurs, menée par Alessandro Fogli, a créé un programme qui a analysé un corpus de 24 000 comptes rendus de rêves, disponibles sur la base de données publique DreamBank. Tout l’enjeu, c’était de pouvoir analyser le sens de ces textes avec l’espoir d’y retrouver des “motifs” (patterns, en anglais).
Comme le résume le magazine Science, leur outil a, dans un premier temps, cherché à comprendre le sens du texte en divisant les récits de rêve en blocs identifiables. D’abord les paragraphes, puis les phrases, puis des bouts de phrase cohérents, puis les mots. Charge ensuite au programme de reconstituer ces bouts de sens avec une arborescence capable d’établir des corrélations pertinentes entre différents éléments.
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Dans un second temps, une fois les petits blocs de sens extirpés, le programme tente de voir si la connotation du rêve est plutôt positive ou négative. In fine, les algorithmes donnent un “score” à chaque rêve pour tenter de mesurer, avant tout, son niveau d’agressivité. Selon les scientifiques, dans 76 % des cas, le “score” attribué par le programme était corroboré par les conclusions des psychologues, qui avaient analysé les rêves à l’ancienne.
Le but de tout ça ? Essayer, à terme, de fournir aux praticiens un programme qui permettrait de repérer plus rapidement les rêves “inhabituels” des patients pour être plus réactifs en cas de souffrance psychique. Parallèlement, les scientifiques aimeraient aussi mieux comprendre les motifs des rêves selon l’âge, le genre ou encore la condition psychique d’une personne.
Ce travail de recherche horrifiera tous les thérapeutes qui considèrent que les rêves et leurs modèles sont propres à chaque patient, et qu’il serait donc vain et illusoire de généraliser des interprétations à grande échelle. Luca Maria Aiello, coauteur de la publication, le reconnaît d’ailleurs en affirmant que cet outil ne remplacera jamais les praticiens. Leur programme servirait avant tout aux autres chercheurs spécialisés dans les rêves.
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