La Chine ambitionnait déjà d’attribuer des notes de désirabilité à tous ses citoyens dans les années à venir. Il se peut qu’une variable inattendue vienne catalyser ces charmantes intentions : le coronavirus. Une histoire truculente racontée par le New York Times.
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Depuis début février, l’État intime à ses citoyens de télécharger une appli nommée l’Alipay Health Code. Le but : chercher à savoir si une personne est touchée par le coronavirus ou non.
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Une fois installé, le programme récupère ainsi un nombre important de données sur l’utilisateur. En Chine, c’est loin d’être impossible, tant les données personnelles sont centralisées – à commencer par celles de l’écosystème d’applis d’Alibaba, dont Alipay fait partie intégrante.
Une fois que les algorithmes ont mouliné, la personne se voit flanquée d’une couleur – vert, jaune ou rouge. Le code couleur est très simple à interpréter. Vert : circulation autorisée. Jaune : assignation potentielle à résidence pendant sept jours. Rouge : mise en quarantaine.
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Le verdict colorisé se matérialise sous forme de code QR qui permettra (ou non) de passer les checkpoints imposés par les autorités. Comment l’appli décerne-t-elle son code couleur ? Selon que l’on a été en contact avec une personne infectée, visité une zone à risque ou déclaré certains symptômes. Ce sont du moins les explications officielles.
En date du 24 février, 50 millions de personnes dans la province de Zhejiang (dont la capitale est Hangzhou, première ville à avoir été mise en quarantaine) avaient téléchargé l’application.
Le New York Times a glané quelques témoignages. Il en ressort que de nombreux citoyens se sont vus attribuer une couleur (ou des changements de couleur) sans comprendre le comment du pourquoi. Certains sont rouges (alors qu’ils ne sont pas infectés), d’autres sont redevenus verts (alors qu’ils n’étaient pas infectés). En plus des inquiétudes que ces verdicts algorithmiques peuvent provoquer, l’isolement social qu’il peut provoquer est bel et bien réel.
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Le journal américain a même mis les mains dans le cambouis en trifouillant le code de l’appli : il en ressort que des données sont automatiquement transmises aux forces de l’ordre. Elles permettent donc de savoir, en temps réel, la localisation des citoyens grâce aux checkpoints.
Les autorités invitent les citoyens à leur signaler toute anomalie. Deux personnes rapportent n’avoir jamais réussi à joindre la hotline.