Au nom d’une politique sécuritaire poussée à son paroxysme, l’État chinois accroît jour après jour son système de surveillance citoyenne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une étude menée en juin dernier par l’entreprise de cybersécurité Comparitech, 18 des 20 villes les plus surveillées de la planète se trouvent en Chine.
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Cette “bigbrotherisation” criante n’est vraiment pas du goût de l’artiste chinois Deng Yufeng. Il s’était déjà fait remarquer en 2018. Après avoir acheté des données touchant 300 000 de ces concitoyens, il les avait rendues publiques. L’intention, c’était de déclencher une prise de conscience collective. Cela lui avait valu un ban de la province de Wuhan.
Perpétuant son œuvre, l’activiste s’est récemment engagé dans un périple autrement plus fastidieux : déambuler dans les rues de Pékin et observer de plus près les caméras de surveillance. Le défi, nous raconte le South China Morning Post, était de taille : dans la capitale chinoise, le ratio tutoie les 56 caméras pour 1 000 habitants.
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Excursions hors caméras
Armé d’une seule paire de jumelles, il lui aura fallu près de deux mois pour dénicher puis répertorier l’intégralité des caméras de vidéosurveillance de son terrain de chasse, la “rue du Bonheur” (admirez l’ironie). Au terme de son exploration, Deng Yufeng y aura décelé près de 90 caméras sur un tronçon d’un kilomètre.
Dans un second temps, l’artiste a ébauché une carte pédestre en trois dimensions, recensant les chemins où chacun peut se balader sans être filmé. Après un appel en ligne, Deng Yufeng a recruté quelques volontaires. Et voilà qu’en octobre dernier, on a pu l’apercevoir en train d’escorter un groupe de personnes (dont parents et enfants) dans la rue du Bonheur, en leur faisant emprunter un itinéraire défini pour qu’ils demeurent à l’abri des caméras.
Preuve de la surveillance régnante et de son ampleur, les participants ont parfois dû s’agenouiller pour rester invisibles. Un parcours de furtif du combattant un peu fou qui aurait presque pu inspirer Alain Damasio…
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