Depuis sa création, Tinder a donné lieu à plus de 64 milliards de matches. Renate Nyborg n’a pas dérogé à la règle : son mari, elle l’a rencontré sur l’application dans les dix minutes qui ont suivi son installation. Aujourd’hui, après être passée par Apple et Headspace, elle est directrice générale EMEA (Europe Middle-East Africa) chez Tinder. Konbini Techno l’a rencontrée et, ensemble, on a discuté des nouvelles pratiques de dating qui ont émergé chez les plus jeunes ces dernières années.
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Konbini Techno | Tinder a généré plus de 64 milliards de matches depuis sa création… mais à combien de rencontres a-t-il abouti ?
Renate Nyborg | Environ 1,5 million de rendez-vous par semaine, pour une moyenne de 80 millions par an. Pendant l’épidémie, évidemment, ces rencontres se sont surtout déroulées par appels vidéo. Mais 40 % de nos membres, y compris les plus jeunes, nous ont avoué qu’ils souhaitaient continuer à organiser des rencontres virtuelles aujourd’hui encore.
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Comment peut-on expliquer ça ?
50 % de nos utilisateurs sont âgés de 18 à 25 ans, ils font partie de la génération Z. Ils ont une vision différente de la nôtre : ils ne distinguent pas la vie réelle et la vie virtuelle – contrairement à moi [rires]. On a observé qu’ils préféraient se retrouver sur Tinder pour ensuite basculer sur des jeux en ligne comme Animal Crossing, Fortnite… Et parfois passer plusieurs mois à discuter en ligne avant de se retrouver IRL, même s’ils sont dans la même ville !
Il y a quelques années, tu matchais avec quelqu’un et tu organisais une rencontre dans la semaine, c’était ça la recette du succès. Aujourd’hui, ça a changé. C’est une nouvelle façon de se rencontrer, une tendance pour le slow dating.
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@katiebolt_7 And here we are 6 months later... this is your sign to use passport on tinder and find your cross an ocean kind of love #tinder #fypシ
♬ original sound - jack_mahon_music
Donc la gen Z est la population qui utilise Tinder le plus longtemps ?
Exactement, ils vont chercher toutes sortes d’indices sur leurs matches en se rendant sur leur profil : leur bio, leurs intérêts, leurs playlists Spotify… Ça permet un rapprochement plus discret, plus progressif… Et plus authentique aussi. Il y a de plus en plus un besoin de sincérité dans les échanges, une volonté de partager plus de choses, sous plusieurs formes.
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D’ailleurs, 48 % de jeunes de la gen Z ont confié rechercher l’honnêteté sur l’application. Ce qui est intéressant, c’est que leurs discussions se font sous un langage de plus en plus visuel, avec les appels vidéo ou même les mèmes et les gifs, par exemple. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons introduit une nouvelle fonctionnalité qui permet d’ajouter des vidéos aux profils.
Vous avez des données sur ces nouveaux types d’échanges ?
Oui, par exemple, nos membres se partagent 4,2 millions de gifs par semaine ! Du côté des conversations, on a remarqué qu’elles étaient beaucoup plus longues qu’avant. Évidemment, on ne lit pas leur contenu car elles sont privées, mais lorsque l’on comptabilise le nombre moyen de lettres échangées, on a remarqué qu’il avait augmenté de 32 %. C’est du jamais vu ! Non seulement elles durent plus longtemps, mais elles sont constituées de messages de plus en plus profonds.
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Finalement, Tinder n’est plus téléchargé pour les mêmes raisons qu’avant ?
Oui, on le voit lorsque l’on demande à nos plus jeunes membres pourquoi ils ont installé l’application : 60 % ont expliqué que la solitude, l’envie de rencontrer de nouvelles personnes, avait motivé leur utilisation de Tinder. C’est pour ça que pendant le confinement, on a passé en gratuit la fonctionnalité Passeport, qui permet de matcher avec des utilisateurs aux quatre coins du monde… Et on a remarqué que Paris était une ville très très prisée ! [Rires.]
La proximité géographique n’est donc plus un critère aussi important qu’auparavant ?
On s’était en effet demandé si les utilisateurs de Tinder tenaient encore à faire des rencontres au sein de leur quartier aujourd’hui… Et oui, étonnamment, c’est encore important pour eux. Surtout lorsque l’on vient d’emménager dans une nouvelle ville et que l’on ne connaît pas encore grand monde.
D’ailleurs, les mentions “déménager” dans les bios Tinder ont augmenté de 28 % depuis l’année dernière. Ça, et l’envie de “construire une cabane avec quelqu’un”… Il y a un besoin général d’évasion, de prendre l’air, de retrouver la nature et une certaine forme de complicité qui commençait à manquer à beaucoup de monde.
Si toi aussi tu es un fidèle utilisateur de Tinder entre 18 et 25 ans, tu peux nous raconter tes histoires de dating à : hellokonbinitechno@konbini.com.