Avertissement : les faits rapportés dans cet article contiennent des éléments pouvant déclencher le rappel d’un traumatisme (racisme).
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Insultes, agressions et discrimination racistes… Dans la première usine historique de Tesla, ouverte il y a 12 ans à Fremont, Californie, plus de 4 000 employé·e·s Noir·e·s ont décidé de porter plainte contre la compagnie. Il s’agit du plus grand procès de discrimination raciale jamais tenu par l’État de Californie — plus précisément le ministère de l’Emploi et du Logement Équitable.
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Trois ancien·enne·s salarié·e·s, Monica Chatman, Kimberly Romby et Nigel Jones ont décrit l’enfer de leur quotidien au Los Angeles Times. Même constat révoltant pour les trois : au sein de l’usine, les insultes racistes en anglais et en espagnol fusent, les personnes racisées sont exclues dans des espaces isolés, se voient exécuter les tâches les plus ingrates et refuser leurs demandes de promotions. Pire encore : lorsque la moindre plainte était formulée, elles étaient réduites au silence ou licenciées.
Une charge de travail inégale et discriminante
Le schéma est toujours le même : Monica, Kimberly et Nigel sont tou·te·s les trois arrivé·e·s dans l’entreprise jeunes, plein·e·s d’espoir et prêt·e·s à mettre les bouchées doubles. À force de se voir promettre une ascension rapide et de plus en plus responsabilités, elles et ils n’ont pas compté les heures. “J’ai travaillé 3 mois d’affilée sans jours de congé”, confie par exemple Monica. “C’est de l’esclavage moderne.”
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Avant de vite réaliser que les tâches dures, voire même ingrates, qui leur étaient imposées, n’étaient jamais effectuées par des personnes non racisées. Kimberly Romby a par exemple dû réaliser des travaux seule, alors que les autres employés — blancs — étaient mis à deux dessus. Quant à Monica, elle a carrément dû assurer à elle seule une tâche physique effectuée auparavant par un groupe de 4 hommes.
Sans compter que les personnes noires étaient reléguées à un espace précis de l’usine, le moins confortable, où la climatisation ne fonctionnait pas en été, et le chauffage non plus en hiver. Kimberly précise même qu’aux temps libres, les personnes noires devaient faire le ménage, au sol et sur les étagères, tandis que les autres faisaient une pause.
Un déluge quotidien d’insultes racistes
Outre ce comportement discriminant, c’est surtout les injures racistes que les ancien·ne·s employé·e·s dénoncent. Monica se souvient que le “n-word”, une insulte raciste dégradant les personnes noires, était inscrite un peu partout sur les lieux : gravée dans les murs, sur les tables de réfectoire… “C’était la norme, déplore-t-elle. C’était la tradition de Tesla.”
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Kimberly rapporte aussi avoir entendu l’insulte proférée par ses supérieurs, à plusieurs reprises ; certains employés désignaient même leur lieu de travail par le nom insultant de “plantation”. Nigel, quant à lui, a été qualifié de “singe” avec deux autres employés racisés, par son boss.
“Ils attendaient que je fasse une erreur”
Et pour couronner le tout, dès que les principaux intéressés ont commencé à se plaindre et à faire remonter ces délits aux supérieurs et aux ressources humaines, on minimisait l’affaire et on trouvait un moyen de les faire renvoyer.
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Monica a ainsi été renvoyée après avoir heurté une tête de projection en conduisant le long d’une allée ; un peu plus tard, elle a appris qu’un autre employé blanc était rentré dans cinq têtes et n’avait pas pour autant perdu son travail. Kimberly a dû poser un arrêt maladie d’un mois à cause du stress et a décidé de partir après qu’on l’a accusée d’avoir menacé quelqu’un. Enfin, on a recommandé à Nigel de réfléchir à deux fois avant de se plaindre ; il a finalement été renvoyé au bout du troisième entretien avec les ressources humaines.
Tesla a nié les faits évoqués plus haut, ou bien ne s’est pas prononcé, rapporte le Los Angeles Times.
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