Ce génie mine du bitcoin pour… faire pousser ses tulipes

Publié le par Konbini avec AFP,

© Ad Muller/Unsplash

Le pire, c’est que ça marche.

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Conjuguer minage et jardinage, impossible ? Pas selon Bert de Groot, le génie — ou fou ? — du jour. Cet ingénieur néerlandais est l’heureux propriétaire de six serveurs à bitcoins, qui œuvrent jour et nuit pour générer de la cryptomonnaie en effectuant des calculs complexes. Non seulement ces calculs sont bruyants, mais en plus… ils chauffent. Ça, ça n’a pas échappé à l’œil de notre Bert.

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Ce dernier a donc décidé de les installer dans une serre, non loin d’Amsterdam, pour faire profiter ses tulipes de la chaleur. De quoi faire d’une pierre deux coups et surtout réduire la dépendance au gaz, dont le prix a grimpé en flèche depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

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Avec une différence de 20 °C entre l’air entrant et celui sortant des machines, la température atteint un niveau idéal pour la croissance des tulipes et le séchage des bulbes. Les serveurs sont à leur tour alimentés par les panneaux solaires installés sur le toit, ce qui réduit aussi bien la facture énergétique liée au minage du bitcoin — normalement très lourde — que les conséquences sur l’environnement.

Pendant ce temps, les producteurs de tulipes et la société de Bert de Groot, Bitcoin Brabant, gagnent de la cryptomonnaie, qui attire toujours les investisseurs malgré le récent effondrement du marché.

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“Tulipmania”

Le philosophe Nassim Nicholas Taleb — qui a développé la théorie du “cygne noir”, selon laquelle un événement imprévisible a de grandes conséquences — a comparé le bitcoin à la “Tulipmania” aux Pays-Bas.

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L’amour des Néerlandais pour les tulipes a en effet provoqué le premier krach boursier au XVIIe siècle lorsque la spéculation sur la valeur des bulbes a fait exploser puis dégringoler les prix.

Au point culminant de la crise financière, le prix d’un seul bulbe équivalait à plus de 100 fois le revenu annuel moyen du Néerlandais de l’époque, avant qu’elle n’éclate en 1637, provoquant la faillite de banques et la perte de pouvoir d’achat des citoyens.

Danielle Koning, floricultrice de 37 ans et propriétaire de l’exploitation, voit d’un bon œil l’association de la tulipe et du bitcoin, malgré leur histoire mouvementée.

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“Nous pensons qu’avec cette façon de chauffer notre serre, mais aussi de gagner du bitcoin, nous avons une situation gagnant-gagnant”, déclare-t-elle à l’AFP.

Presque quatre siècles après la crise, les Pays-Bas sont le plus grand producteur de tulipes au monde et le deuxième plus grand exportateur agricole derrière les États-Unis. Une grande proportion des cultures se fait sous serre.

“Préserver l’environnement”

Le pays, situé en partie sous le niveau de la mer, reste bien conscient des effets de cette industrie sur l’environnement.
Il faut ajouter, depuis le début de la guerre en Ukraine, la flambée des coûts de l’énergie. Or, le minage de cryptomonnaies nécessite d’énormes quantités d’électricité pour alimenter les ordinateurs qui génèrent ces précieuses devises numériques.

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Une telle consommation contribue inévitablement au changement climatique. Bitcoin et tulipes forment donc une paire parfaite selon Bert de Groot, 35 ans, dont l’entreprise fondée au début de l’année compte 17 clients, tels que des restaurants et des entrepôts.

“Cette opération est en réalité carbone négative, comme le sont toutes les opérations que je construis”, affirme l’ingénieur aux cheveux longs. “En fait, nous préservons l’environnement”, assure-t-il.

La société de Danielle Koning a demandé de ne pas dévoiler l’emplacement exact de la serre et de ses serveurs, qui valent chacun 15 000 euros, pour éviter d’attirer des voleurs.

“Pour toujours”

Son entreprise possède la moitié des machines et conserve les bitcoins que celles-ci produisent. Chaque mois, les équipes de Bitcoin Brabant viennent nettoyer la poussière et les insectes dans les ventilateurs.

“Nous économisons du gaz naturel”, et “deuxièmement, nous gagnons des bitcoins en les générant dans la serre”, se réjouit Mme Koning.

Plusieurs entreprises agricoles néerlandaises qui produisent sous serre, ont fait faillite récemment à cause de la hausse du prix de l’énergie, explique-t-elle. Un bitcoin vaut actuellement environ 16 000 euros, beaucoup moins qu’en novembre 2021 — où leur valeur s’élevait à 65 000 euros —, mais Bert de Groot n’est pas inquiet : “Le bitcoin est là pour toujours”.

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