PNL : la place du football dans l’histoire des Deux frères

Publié le par Roch,

Jsuis QLF / Youtube

Comme les héros de mangas, les joueurs de foot et l'univers du ballon rond font partie du monde créé par les frères PNL...

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Fin 2016, lorsque PNL entre définitivement Dans la légende avec un troisième projet, nous nous étions projetés dans leur rapport au foot. Le bilan était sans appel : ce qu’Ademo et N.O.S. aiment dans le ballon rond, ce sont les joueurs vintages et les maillots. L’aîné des frangins citait pêle-mêle Rivaldo, Zamorano et Papin dans ses textes, quand son petit frangin portait le jersey du Bayern Munich dans un clip. Un peu moins de trois ans plus tard, la plus célèbre fratrie de l’Essonne revient avec un projet plus personnel et nostalgique que jamais. Quelle place tient le ballon rond dans l’opus Deux frères et l’imagerie qui l’accompagne ? Analysons ça.

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“J’fais l’avion comme Pauleta”

Une chose n’a pas bougé : c’est Tarik qui est le seul à citer des phrases sur le foot. Et on peut les compter sur les doigts d’une main sur cet album. Une nouvelle fois, il joue sur la corde rétro puisque les deux joueurs nommés sont à la retraite. Ainsi, ce n’est pas pour pousser un joueur dédicacé à jouer leurs morceaux dans un vestiaire, mais bien pour nous plonger dans une autre époque qu’Adé name droppe Pedro Miguel Pauleta et Ricardo Izecson dos Santos Leite, dit Kaká.
L’attaquant parisien se retrouve au milieu du premier couplet de Kuta Ubud : “J’ressens les épines, j’descends la pente, j’fais l’avion comme Pauleta”. Une référence à la célébration du buteur portugais, qui est bien sûr erronée puisque sa gestuelle représentait un aigle, celui des Açores, son archipel natal. Cette erreur n’a pas manqué de faire réagir bon nombre d’internautes, supporters parisiens de cette époque en tête…

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Difficile pourtant de tenir rigueur de cette petite erreur : Ademo ne s’est jamais présenté comme un expert du foot ou encore un ultra qui passait un samedi sur deux en tribune Auteuil. Les bras en l’air de la légende parisienne sont juste une des nombreuses images de sa jeunesse, imprimé sur sa rétine depuis des années, qu’il a recrachées dans cet album au milieu de clins d’œil aux mangas et aux quartiers dans lesquels il a grandi.

“Coco joue pas l’kéké, humble comme Kaká”

La présence de Kaká a une justification différente. En effet, Ademo s’appuie sur une des qualités du joueur brésilien pour se qualifier lui-même : “Coco joue pas l’kéké, humble comme Kaká” dans le refrain de Blanka. Une humilité qui n’empêche pas de se croiser avec le succès. On repense forcément à la phénoménale année 2007 de l’attaquant du Milan AC : meilleur buteur et meilleur joueur de la Ligue des Champions, qu’il remporte avant de rafler le Ballon d’or, dernier joueur jusqu’à Modric à avoir contesté la double domination de Messi et Cristiano Ronaldo. Comme lui, les frères Peace N Lovés ne font pas parler d’eux dans les médias, mais sont au sommet de leur art, comme l’atteste le disque de diamant atteint par Dans la légende. La nostalgie fonctionne également puisque, s’il a pris sa retraite il y a seulement deux ans, les grandes années de Kaká nous replongent plus d’une décennie en arrière…
Un peu plus tard dans le morceau, Ademo, encore lui, sort “J’fume et puis j’tractionne en pronation, j’sors ma bite dans les prolongations”. Si la référence n’est pas évidente, il utilise une nouvelle fois le vocabulaire footballistique pour parler de quelque chose qui n’a absolument rien à voir (ici de sexualité). Le sport à onze fait partie de son champ lexical comme il l’a toujours été, lui qui aimait faire des jeux de mots avec le ballon (qui désigne aussi la prison) ou encore le terrain (là où l’on deale).

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“Pendant les matches, on faisait des concours de petits ponts”

Ce qui est notable chez les deux frères, c’est que même si c’est le plus grand qui a toujours parlé de foot dans ses textes, c’est bien le plus jeune qui semblait y jouer le plus. Et cela, on ne l’apprend pas en écoutant leurs morceaux, mais en lisant ce fascinant reportage signé France Bleu Limousin. L’auteur de cet article nous fait revivre les années d’exil dans le Corrèze de Tarik, Nabil et leur père René Andrieu. Parmi les anecdotes croustillantes, on y apprend que N.O.S. jouait au club de l’Étoile briviste, celui de la ville où ils ont passé quelques années. Un de ses coéquipiers de l’époque se souvient : “[Il] jouait milieu ou attaquant. Et, pendant les matches, on faisait des concours de petits ponts. Ça criait de partout dès que ça marchait”. Le plus marquant dans cette histoire : Ademo venait voir les entraînements et les matches de son frère, en restant derrière la main courante du terrain : “Il était en retrait, les mains dans les poches, et il regardait. Il ne décrochait pas un mot. À mon avis, il surveillait son frère“.
Cette passion juvénile pour le foot, comme chez la plupart des jeunes de quartier, est illustrée dans le clip de Deux frères, dernière production en date de l’album. Dès le premier plan, on peut voir quelques jeunes jongler devant leur tour. Puis la version enfant de N.O.S traverse son hall au milieu de ses camarades qui jouent au foot avec une balle de tennis, dont l’un porte le maillot floqué du 21 de Zizou à la Juventus. Encore une fois, le sport numéro 1 dans le monde sert avant tout de repère temporel et de Madeleine de Proust.

Leur traditionnel clip tourné avec tous leurs potes au quartier n’étant pas sorti, on n’a pas encore eu droit au magnifique défilé habituel de survêtements et de maillots des plus grandes écuries européennes. D’ailleurs une telle vidéo verra-t-elle le jour, vu le statut aujourd’hui atteint par PNL ? Difficile de le savoir et Deux frères demeurera peut-être la seule mise en image d’un son de l’album à se dérouler dans leur cher 91. Mais ces tenues font toujours partie de leur univers : parmi la première collection de fringues qu’ils ont dévoilée fin mai dans un pop-up store, on y trouvait un survêtement qui aurait pu sortir tout droit de chez Nike, et aux couleurs du FC QLF.

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Enfin, n’oublions pas que sans PNL et leur quatrième projet, ce magnifique hommage à Didier Deschamps sur fond d’Au DD n’aurait jamais pu voir le jour. Et ça, c’est inestimable comme l’amour d’un frère…