Dans l’écurie familiale de 90 chevaux, Nicolas Bazire a repris son quotidien. Entre entraînements et soins aux trotteurs, il enchaîne les courses. Pourtant, il y a quelques mois, sa carrière a pris une autre dimension. Le 30 janvier dernier, il remportait avec Davidson du Pont, un cheval de l’élevage de ses grands-parents sous son entraînement, le Prix d’Amérique. Une victoire, Graal de tous les drivers, qu’il décroche à seulement 21 ans : un record.
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Fils de Jean-Michel Bazire, quatre fois vainqueur du Prix d’Amérique et 20 fois sulky d’or, et petit-fils de Jean-Yves Rayon, éleveur et entraîneur de chevaux, il faut dire que le jeune homme a de qui tenir. Portrait de cet as du trot, qui a su garder la tête sur les épaules.
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Une passion intergénérationnelle
Échapper à la fièvre des courses ? Impossible pour Nicolas Bazire ! Le jeune homme, issu d’une famille d’entraîneurs et d’éleveurs, baigne dans le milieu hippique depuis toujours : “Ce métier est familial, c’était comme une évidence. D’abord il y a eu les courses de poneys puis, vers mes 13 ans, j’ai commencé à driver, et ensuite j’ai rejoint l’école de Graignes [l’école des courses hippiques, ndlr] en alternance. Maintenant, je travaille au sein de l’écurie familiale, où j’ai quelques chevaux sous mon entraînement, comme Davidson du Pont, mais aussi Fabago du Gers et Freyja du Pont.”
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À 21 ans, Nicolas Bazire vit pour les courses : “Le matin, je me lève, et avec les autres employés, on nourrit les chevaux et on les prépare. À 8 heures, on va en piste pour les entraîner jusqu’à 11 h 30-midi. Après, on leur fait des soins. Enfin, l’après-midi, on s’occupe davantage de l’entretien de la propriété. Et puis, régulièrement, on est sur les hippodromes pour des courses.” Une profession, réservée aux passionnés : “C’est impossible de faire ce métier sans aimer les chevaux. Tu dois te lever tous les matins pour t’en occuper. Donc si tu ne les aimes qu’un peu, que tu n’as pas envie d’être constamment avec eux, à un moment ça ne marchera pas.”
Une victoire en famille
Un travail de chaque instant, récompensé le 30 janvier dernier. Comme chaque année, l’hippodrome de Vincennes accueille la plus grande course de trot attelé au monde : le Prix d’Amérique. Les meilleurs drivers sont présents. Et surprise : face à Galius, un cheval piloté par Yoann Lebourgeois, c’est Davidson du Pont, drivé par Nicolas Bazire qui l’emporte d’un nez. “Après avoir passé le poteau je n’étais même pas sûr d’avoir gagné. J’ai commencé à me poser la question en réalisant qu’une voiture avec une caméra continuait de me suivre. C’est mon père qui est venu m’annoncer la nouvelle. Sur le moment, on n’y croit pas. On ne sait pas ce qui se passe, on ne réalise pas tellement.”
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Pour le plus jeune vainqueur du Prix d’Amérique, cette victoire est avant tout celle de ses grands-parents : “C’est surtout pour eux que je suis content. J’ai 21 ans, je n’ai encore rien fait, je ne mérite rien. Mes grands-parents, ça fait 50 ans qu’ils sont dans le métier, qu’ils élèvent des chevaux dont ils prennent énormément soin. Ils le méritent.”
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De nouveaux objectifs, toujours avec les pieds sur Terre
Malgré cette victoire, Nicolas Bazire garde les pieds sur Terre : “Rien n’a changé après la course. Le lundi suivant, le premier garçon de maison m’a donné ma matinée, ce qui était sympa, j’ai pu dormir un peu. Et le mardi, ma vie a repris son cours.” Pas question non plus de se comparer à sa légende de père : “Je ne me suis jamais pris la tête avec ça. J’essaye d’écouter et de bien faire. Si on me dit que je dois m’améliorer, alors je dois m’améliorer. Je ne suis pas un crack et je ne serai jamais aussi bon que lui. J’essaye de faire au mieux et de gagner de plus en plus de belles courses.”
Son prochain objectif : “Essayer de gagner plus de courses que l’année dernière. J’en ai remporté 24. Si j’atteins la barre des 30 cette année, je serai content. J’aimerais aussi driver un peu plus pour l’extérieur.” Quand on l’interroge sur son avenir, Nicolas Bazire reste mesuré : “Je souhaite continuer à travailler avec mon père. On verra comment ça se passe, il faut que j’arrive à ne pas faire couler la boutique. Mais normalement, les choses devraient se poursuivre dans cette optique.”
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