Enes Kanter est en croisade. Dans le collimateur de l’intérieur des Boston Celtics, la Chine et sa politique auprès des minorités tibétaines et ouïghours. Le 20 octobre, le joueur de 29 ans a attisé les tensions entre l’état asiatique et la NBA, en s’en prenant directement au président chinois et en condamnant la politique de Pékin au Tibet.
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“Cher dictateur brutal Xi Jinping et le gouvernement chinois. Le Tibet appartient au peuple tibétain !”, a écrit Kanter sur les réseaux sociaux. “Je suis aux côtés de mes frères et sœurs tibétains, et je soutiens leurs appels à la Liberté.” Le joueur a accompagné son message d’une photo de paire de sneakers ornées d’une iconographie tibétaine et du slogan “Free Tibet”, portées lors du premier match de la saison contre New York au Madison Square Garden, auquel il n’a pas participé.
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Nike, LeBron James et Michael Jordan pris à partie
Vendredi dernier, Kanter en a remis une couche, en évoquant un “génocide” de la Chine contre le peuple ouïghour, une minorité musulmane dont près d’un million de membres seraient détenus dans des camps de travail forcé, selon certaines ONG. Et a enfoncé le clou mardi en prenant à partie Nike, qu’il accuse de profiter de cette main d’œuvre pour la confection de ses produits.
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Sur Twitter, Kanter a apostrophé le cofondateur de la marque Phil Knight, mais aussi LeBron James, sous contrat à vie avec l’équipementier, et Michael Jordan via sa marque éponyme, elle aussi liée à Nike. “Et si je nous prenais des billets d’avion pour aller en Chine tous ensemble. Nous pourrons tenter d’aller visiter ces camps de travail pour esclave, que vous voyez par vous-mêmes”, a écrit le numéro 13 des Celtics.
De la friture sur la ligne NBA-Pékin
La réaction de Pékin ne s’est pas fait attendre. Jeudi dernier, le site sportif du géant chinois de la technologie Tencent a retiré tous les matches à venir des Celtics de son calendrier. Et la NBA de se retrouver plongée comme en 2019, au cœur d’une crise diplomatique avec la Chine, un de ses plus gros marchés à l’étranger.
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Après ces nouvelles prises de position, le joueur a été critiqué sur les réseaux sociaux chinois et son nom a été bloqué sur la plateforme de messagerie locale Weibo. Mais on imagine que Kanter n’en a cure, lui qui n’est pas du genre à tenir sa langue dans sa poche, quitte à le mettre dans une position délicate, y compris dans son propre pays, la Turquie.
“Pour moi, les principes priment sur l’argent”
Bien avant de s’en prendre au gouvernement chinois, Kanter a souvent critiqué les autorités de son pays, n’hésitant pas à surnommer son président, Recep Tayyip Erdogan, le “Hitler de notre siècle” en 2017. Le joueur est toujours sous le coup de neuf mandats d’arrêt. “La raison derrière cela est que je défends les droits de l’homme, la liberté et les prisonniers politiques qui se font torturer. Hé @RTErdogan. Je me fiche qu’il y en ait 9 ou 9 000, je n’abandonnerai PAS”, a-t-il twitté cet été.
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Si son engagement a pu causer du tort à sa famille — son père, Mehmet Kanter avait été condamné à 15 ans de prison, avant d’être acquitté en juin 2020 —, Kanter ne dévie pas de sa ligne de conduite, comme il l’expliquait en 2019 au Boston Globe : “Pour certaines personnes, c’est l’argent qui prime sur les principes. Pour moi, ce sont les principes qui priment sur l’argent.”
Konbini Sports avec AFP.