Sur les quatre Français inscrits à la Draft 2021, un seul a eu l’honneur d’être sélectionné. Juhann Begarin, 19 ans, a été choisi par la mythique franchise des Boston Celtics, en 45e position. “Le début du rêve” pour le natif des Abymes en Guadeloupe, qui devra encore patienter au moins une saison avant de porter le maillot des C’s et fouler le parquet du TD Garden.
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Pour mettre “toutes les chances de son côté” afin d’intégrer la NBA, Juhann Begarin va jouer une année supplémentaire au Paris Basketball, tout juste monté dans l’élite du basket français. Malgré un changement de statut, le jeune arrière se dit prêt et voit loin. Entretien.
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Konbini Sports | Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as entendu ton nom à la Draft ?
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Juhann Begarin | J’étais super content d’être drafté. Les Boston Celtics est une franchise emblématique, la plus titrée en NBA avec les Lakers. Avoir été drafté par eux, c’est le début de mon rêve.
Quelques semaines après la draft, dans quel état d’esprit es-tu ?
Je ne suis pas dans un état d’esprit particulier, je suis en vacances [interview réalisée le 20 août, ndlr]. Ça fait plus d’un an que je n’ai pas eu de réel repos. La saison dernière était particulière parce qu’on a commencé très tôt. Je souffle et je me repose pour entamer sereinement la nouvelle saison.
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Tu as disputé la Summer League à Las Vegas avec Boston. Qu’est-ce que tu retiens de ce premier contact avec la NBA ?
C’est un autre monde. C’est différent de ce qu’on peut imaginer et de ce que j’ai pu connaître. Cette ligue est superbe, tu as envie d’y être. On te met dans des conditions incroyables pour que tu sois à ton meilleur niveau. Sur le plan du jeu, c’est différent de celui pratiqué en Europe : ça va super vite, les gars prennent des décisions rapidement, ils sont forts techniquement et ils n’hésitent pas à prendre des risques. Le jeu est plus instinctif.
“Inconsciemment, ton statut change”
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Tu as pu vérifier ce qu’on entend et dit souvent, à savoir que les basketteurs européens ont un QI basket et une technique plus élevés, et que les Américains jouent plus sur leurs qualités athlétiques ?
Ce n’est pas tout à fait ça. Le QI basket des Américains est différent du nôtre puisque, techniquement, ils sont plus avancés que nous. Un exemple tout simple : sur un pick and roll, le joueur va passer dessous, il ne va pas hésiter une seule seconde à tirer s’il sait qu’il a les capacités techniques de le faire. Le côté athlétique est plus développé là-bas : ils jouent avec le corps, ils mettent des contacts et ils finissent au dunk. Mon côté européen, le QI basket, m’a permis de m’adapter rapidement à leur style de jeu.
Malgré ta draft, tu restes en Europe et à Paris cette saison. Comment tu vas l’aborder ?
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Je vais l’aborder comme toutes les autres saisons. C’est un nouveau challenge car on monte de division, on passe en Betclic Elite [la 1re division du basket français, ndlr]. Je n’arrive pas dans un championnat que je connais déjà, je vais découvrir de nouvelles choses. Je vais continuer à travailler pour progresser et mettre toutes les chances de mon côté pour signer un contrat avec Boston.
As-tu l’impression que ton statut a changé depuis la draft ?
Quand tu es drafté, inconsciemment, ton statut change car tu deviens un joueur NBA, même si je n’y suis pas encore. Je ne suis pas non plus une superstar, je reste Juhann Begarin. Le coach et le staff me connaissent, je suis le même. J’ai une saison supplémentaire à faire avec eux, je vais tout faire pour progresser au maximum, tout donner pour l’équipe et réaliser la meilleure saison possible.
“Un côté street et classe à la fois”
Aujourd’hui, les basketteurs ne sont plus seulement des sportifs, ce sont aussi des marques. Ce côté marketing, c’est un aspect que tu travailles ?
Quand tu deviens un joueur NBA, tu deviens un peu un produit parce que la ligue, ton équipe et ton équipementier vont te solliciter au maximum pour utiliser ton image et te mettre en avant. C’est un aspect que j’apprécie. Pendant la draft, j’étais affiché un peu partout [sur des panneaux publicitaires, ndlr] sur Paris grâce à Adidas, qui m’a mis en valeur.
Tu joues dans un club, le Paris Basketball, avec une image très affiliée au hip-hop. Qu’est-ce que ça représente pour toi d’être dans un tel club ?
On est Paris, c’est l’image qu’il nous faut. C’est une ville avec beaucoup d’artistes, avec un côté street et classe à la fois, et le Paris Basket a réussi à lier les deux. Ça a beaucoup d’avantages parce que ça permet de ramener des artistes et des célébrités en bord terrain.
Toi, en tant qu’auditeur, qu’est-ce que tu écoutes ?
J’écoute de tout, pas uniquement du rap. Mais, forcément, j’écoute les mêmes choses que tout le monde : Gazo, Kaaris, Booba… J’écoute aussi du rap antillais : Mata, Tiitof, Meryl… Et du rap américain, de la drill comme Pop Smoke.
Est-ce que la musique, et le rap en particulier, t’a permis de nouer des liens plus facilement avec tes coéquipiers durant la Summer League ?
C’est différent en NBA, parce qu’on a beaucoup de temps libre et la plupart des gars faisaient des choses de leur côté. On était à Vegas, ils essayaient de profiter un peu. Aux entraînements, à la muscu, dans les vestiaires, il y a tout le temps de la musique. Donc quand quelqu’un met une chanson que tu connais, tu chantes et tu danses avec lui. Ça permet de se rapprocher plus facilement.
Comment tu vois ta carrière dans dix ans ?
Dix ans, c’est loin. J’aurai 29 ans. Je me vois joueur NBA, ça c’est sûr, c’est mon objectif : jouer en NBA et y passer une grosse partie de ma carrière. J’aimerais bien être un joueur majeur d’une équipe, voire la star d’une équipe. Accomplir pas mal de choses en NBA, gagner un ou deux titres, participer aux JO de 2024, aux championnats d’Europe et du monde. Bref, avoir le palmarès que tout basketteur rêve d’avoir.