L’histoire est terrifiante. Dans la nuit de samedi à dimanche, la judokate Margaux Pinot, médaillée aux derniers JO, trouve refuge chez des voisins qui alertent les secours. La jeune femme de 27 ans a reçu de nombreux coups au visage de la part d’Alain Schmitt, son compagnon et entraîneur, qui se trouvait en état d’ivresse, selon des sources policières. Transportée à l’hôpital Avicenne à Bobigny pour y être soignée, elle s’est vue prescrire plus de huit jours d’ITT, précise alors le parquet.
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Le sportif de 38 ans est interpellé par les policiers vers 2 h 30 dimanche au Blanc-Mesnil. Jugé mardi soir en comparution immédiate, il est finalement relaxé par le tribunal correctionnel de Bobigny, après une audience ayant opposé des versions contradictoires.
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“Un tribunal n’est jamais là pour dire qui dit la vérité et qui ment. En l’occurrence nous n’avons pas assez de preuves de culpabilité. Le tribunal vous relaxe”, a déclaré tard dans la soirée la présidente du tribunal à M. Schmitt, à l’issue de sa comparution immédiate.
L’audience a été marquée par des versions contradictoires. M. Schmitt a livré le récit d’une bagarre aux allures de “tornade” entre deux amants à la relation tempétueuse. Margaux Pinot a elle décrit sa “peur” face aux coups de poing qui pleuvaient sur elle dans la nuit de samedi à dimanche.
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“C’était pas un combat de judo, c’était des coups de poing”, souffle Margaux Pinot, championne olympique par équipes mixtes aux derniers Jeux olympiques de Tokyo, le visage tuméfié par les ecchymoses entourant ses yeux. Le parquet avait requis un an de prison avec sursis pour “des violences très graves, même pour un primo-délinquant”.
Le tribunal est passé “à côté d’un certain nombre d’éléments à charge”, comme ces voisins qui ont entendu ses appels au secours, et chez qui elle s’est réfugiée, a regretté Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la judokate.
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Pour dénoncer cette décision qu’elle trouve injuste, Margaux Pinot n’a pas eu d’autres choix que de saisir… la justice des réseaux sociaux. Elle a donc décidé de publier sur Instagram et sur Twitter des photos de son visage tuméfié après les coups de son compagnon. Elle accompagne ces terrifiantes images de son témoignage :
“Dans la nuit de samedi à dimanche, j’ai été victime d’une agression à mon domicile par mon compagnon et entraîneur. J’ai été insultée, rouée de coups de poing, ma tête a été frappée au sol à plusieurs reprises. Et finalement étranglée. J’ai cru mourir, j’ai réussi à m’enfuir pour me réfugier chez mes voisins qui ont immédiatement appelé la police. J’ai plusieurs blessures dont une fracture au nez et 10 jours d’interruption temporaire de travail. Aujourd’hui la justice a décidé de le relaxer. Que vaut leur défense calomnieuse face à mes blessures, et le sang jonchant le sol de mon appartement ? Que manquait-il ? La mort au bout, peut-être ? C’est probablement le judo qui m’a sauvé. Et mes pensées sont aussi pour celles qui ne peuvent pas en dire autant.”
Elle a très vite reçu le soutien de nombreux internautes ainsi que de collègues et personnalités du monde du sport, comme la judokate Amandine Buchard, médaillée également aux derniers Jeux olympiques. “Relaxé, vous avez dit ? Manque de preuves vous avez dit ? Tant de campagne de lutte contre les violences faites envers les femmes pour ça ? Aujourd’hui c’est triste de le dire mais tant qu’il n’y a pas la mort au bout ça reste du 50/50. Qu’attend la justice pour sévir… Pour punir”, dénonce la judokate.
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Mise à jour, mercredi 1er décembre à 17h :
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Le parquet de Bobigny a annoncé mercredi faire appel de la relaxe la veille de l’entraîneur de judo Alain Schmitt pour des faits de violences conjugales sur la championne olympique Margaux Pinot.
Konbini Sports avec AFP