À 22 ans seulement (elle les aura le 30 septembre prochain), Romane Dicko est l’une des meilleures chances de médaille française aux JO. La jeune judokate du PSG dans la catégorie des +78 kg est un phénomène de précocité : championne de France à 17 ans sans être ceinture noire, victorieuse contre la championne olympique en titre Émilie Andéol et championne d’Europe. Un CV qui en impose, déjà, et qui devrait s’étoffer dans quelques jours à Tokyo si tout se passe comme prévu.
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Avant de s’envoler vers le Japon, on a pris le temps de discuter avec la nouvelle sensation du judo français. Entre ses chances de médailles, sa passion pour les réseaux sociaux et la couture, Romane Dicko nous a répondu avec sa bonne humeur habituelle et un sourire qu’on devinait au bout du fil. Et qu’on espère voir sur la plus haute marche du podium, le 30 juillet prochain.
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Konbini Sports | Quand on regarde ta jeune carrière — tu vas avoir 22 ans en septembre — et tes résultats, on constate qu’il y a beaucoup d’attentes te concernant, du fait notamment de ta précocité. Comment tu gères cette pression ?
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Romane Dicko | On me fait souvent remarquer que je suis attendue à ces Jeux Olympiques. Je prends tout ça de manière positive. Ça veut dire que les gens croient en moi, que j’ai le potentiel et que je peux faire de belles choses.
Tu pars à Tokyo avec l’objectif de remporter la médaille d’or ?
L’objectif, c’est le podium, mais je pense que je peux viser le titre. J’ai réalisé de belles performances ces dernières années, je pense en être capable. Il faudra être forte le jour J.
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Quand tu as commencé ta carrière, les Jeux de Tokyo étaient déjà un objectif ?
Quand j’ai commencé le judo, je ne pensais pas être aux JO huit ans après. En 2016 [à Rio, ndlr], j’étais aux Jeux en tant que spectatrice avec mon ancien club. Dans ma tête, je me projetais plus sur 2024. Deux ans plus tard, je gagne les Europe senior. J’étais une des plus jeunes de l’équipe — je crois même la plus jeune championne française de l’histoire. Et là, j’ai réalisé : je venais de battre des filles médaillées olympiques et mondiales, à seulement 18 ans. C’est vraiment à partir de là que je me suis dit que c’était possible pour les Jeux 2020.
“On a tendance à placer les gens dans des cases”
Tu peux nous dire quel est le secret de ta réussite ?
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Il y a plein de petites choses, mais ça tient surtout de mon entourage. C’est compliqué le haut niveau, il faut être très bien entouré. J’ai eu cette chance dès le départ, d’avoir mes parents qui m’accompagnent partout, mon premier entraîneur qui a cru en moi dès le début, et mon cousin Teddy Tamgho, sportif de haut niveau et ancien recordman du monde [du triple saut en salle, nldr], pour m’aider.
Tu montres un caractère très naturel, détendu et souriant. Ça t’aide à évacuer la pression ?
D’après mon père, j’ai le sourire depuis que je suis sortie du ventre de ma mère. J’ai toujours eu le sourire aux oreilles, c’est naturel. Le judo est un loisir, j’ai continué parce que j’aimais ça. Je reviens toujours à ça : pourquoi j’ai commencé le judo ? Parce que j’aime ça.
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Tu es très présente sur les réseaux sociaux, où tu montres justement beaucoup de ta personnalité dans tes vlogs. Quelle importance ont les réseaux sociaux pour toi ?
C’est important de les maîtriser pour ne pas qu’on raconte des histoires à notre place. Et aussi parce que j’aime ça, j’aime parler et raconter ma vie. Je sais que ça intéresse les gens qui me suivent. Par rapport à mes vlogs, je trouve intéressant de partager de l’inside, notamment la préparation du plus gros événement sportif pour un judoka.
Un sportif de haut niveau, c’est aussi plein de facettes. On a tendance à placer les gens dans des cases. Mais un sportif de haut niveau, c’est quelqu’un qui déconne avec ses potes, qui a des doutes, qui mange un burger parce qu’il en a envie ou qu’il aime ça, et pas forcément de la salade tous les jours.
Tu as un réseau social de prédilection ?
TikTok. Mais pour partager, je préfère Instagram. Il y a tellement de fonctionnalités : les Reels, les posts, les stories… C’est un réseau social plus complet.
Tu as aussi des liens vers tes pages Facebook et LinkedIn, deux réseaux qu’on peut qualifier de “vieux”.
[Rires] Ce ne sont pas les gens de mon âge que je vise. Mon père m’oblige à poster dessus parce que la génération de mes parents n’a pas forcément Instagram, ils n’ont que Facebook. Et je veux que mes tantes et mes tontons soient au courant de ce que je fais.
Quel genre de contenus tu regardes ?
J’aime bien tout ce qui stimule ma créativité. Sur TikTok, j’aime beaucoup regarder de la couture. Je suis beaucoup de comptes, j’adore ça. Sur Instagram, je suis aussi beaucoup de comptes de couture et tout ce qui est DIY [l’abréviation de Do it yourself ou Fais-le toi-même en français, ndlr]. Les réseaux sociaux abrutissent suffisamment, donc il faut rentabiliser le temps passé dessus.
“J’ai envie de dépasser Clarisse Agbegnenou”
On entend et lit parfois que les sportifs passent trop de temps à poster sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce que tu en penses ?
Les gens qui disent ça ne connaissent pas notre milieu. C’est plutôt la génération de mes parents qui pense comme ça. Tout le monde est sur les réseaux, pas seulement les sportifs. Les réseaux sociaux font partie de notre travail. Je m’entraîne et ensuite je vais sur les réseaux, mais je ne fais pas les deux à parts égales. C’est facile de dire que les sportifs sont trop sur leur téléphone, mais quand on gagne, personne ne dit ça.
Tu as prévu de continuer tes vlogs à Tokyo ?
Je n’ai pas prévu d’arrêter. Les gens attendent de voir comment ça se passe sur place. Peut-être que ce sera un peu moins long et plus ponctuel mais c’est important de vivre l’événement.
Je reviens sur ta carrière. Quels objectifs tu te fixes pour la suite ?
À viser trop loin, on peut se perdre. J’avance saison par saison, olympiade par olympiade. Je finis Tokyo, et après on verra pour Paris. L’objectif à long terme : l’olympiade d’après. L’objectif à court terme : la saison d’après. On avance comme ça, doucement. Mais vu que je ne suis pas bridée, j’ai envie de dépasser Clarisse Agbegnenou, je veux avoir 10 titres mondiaux — je dis ça car elle est à côté de moi [rires].
Tu dis ça en rigolant, mais n’y a-t-il pas une partie de toi qui le pense ? Est-ce que devenir la plus grande judokate française, c’est une idée qui te traverse l’esprit ?
C’est très prétentieux de dire que je veux devenir la plus grande judokate française. Relax ! J’aimerais déjà avoir un titre olympique ou une médaille cet été, et une médaille mondiale par la suite. J’avance petit à petit. Ça ne sert à rien de se projeter. Je ne vais pas me lever un matin en me disant que je vais être la meilleure judokate de tous les temps. Je veux être la meilleure version de moi-même et réussir à atteindre mes objectifs personnels. À la fin de ma carrière, si j’ai réussi à avoir des médailles mondiales, peu importe le nombre, je serai très contente. Tant que je suis en accord avec moi-même.
En parallèle du judo, tu es aussi étudiante à la Sorbonne, en mathématiques. Qu’est-ce qui est le plus dur : résoudre une équation du 3e degré ou un combat sur le tatami ?
Le plus dur est d’allier les deux. Parce qu’on peut être à fond dans un domaine, mais dans deux, c’est plus compliqué.
Tu as trouvé la formule pour devenir championne olympique cet été ?
Je mentirais si je disais oui, je mentirais si je disais non. Je sais que je serai à fond le jour J car j’ai tout mis en place pour performer le 30 juillet.