Son premier long-métrage, La surface de réparation, est dans les salles depuis le 17 janvier. Dans ce film, le réalisateur Christophe Régin a choisi de traiter l’univers du football sous un angle différent que celui du terrain. Entretien.
Pour son premier film, Christophe Régin a choisi d’aller droit au but en traitant un sujet qu’il a toujours affectionné : le football. Mais si vous souhaitez voir des actions spectaculaires dignes d’un épisode d’Olive et Tom, vous vous êtes trompés de salle. L’œuvre porte davantage sur le côté émotionnel que sur l’aspect purement sportif.
Dans ce premier long-métrage, le jeune réalisateur raconte l’histoire de Franck (incarné par Franck Gastambide), un ancien joueur du centre de formation du FC Nantes qui a échoué aux portes du monde professionnel et qui n’arrive pas à avancer dans la vie.
Football Stories | Vous avez déjà réalisé deux petits projets en lien avec le football et pour votre premier long-métrage, vous continuez avec ce même thème. Ce sport vous tient-il à ce point à coeur ?
Christophe Régin | Bien entendu. Depuis tout petit, j’ai toujours adoré le football. C’est un peu ce que j’appelle mon dernier lien avec l’enfance. Dans mes deux courts-métrages, on retrouvait déjà pas mal les personnages présents dans ce dernier film. Ce long-métrage était une façon pour moi de clore le sujet. C’était comme une sorte d’aboutissement.
Le football est un sujet qui a été très peu traité dans le cinéma français. Comment l’expliquez-vous ?
C’est un sujet très compliqué à traiter. Le thème du sport en lui-même n’est pas très populaire auprès du public français. En France, les gens vont globalement au cinéma pour voir des comédies, des films qui les feront rigoler et c’est tout à fait compréhensible.
Vous avez choisi de traiter le football sous un angle différent. Pourquoi ?
Je souhaitais raconter l’histoire de Franck, un personnage qui n’arrive pas à passer à l’âge adulte car il a échoué dans son rêve. Il n’a pas réussi à devenir la personne qu’il voulait être et n’est pas arrivé à passer à autre chose. J’ai donc trouvé que l’univers du football était parfait pour raconter son histoire. Un milieu dans lequel il y a beaucoup de candidats mais très peu d’élus. Beaucoup échouent dans l’accession à leurs rêves et n’arrivent pas à en faire le deuil, comme Franck. Je voulais également montrer un peu les coulisses de ce milieu. Tout ce qui gravite autour du football : les filles, mais aussi ceux qui veulent prendre leur part du gâteau. Ces personnes dont on entend parler que lors des faits divers.
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“Je voulais également montrer un peu les coulisses de ce milieu”
On peut compter les scènes d’actions de football sur les doigts d’une main. Finalement, le véritable sujet, c’est tout sauf le terrain lui-même ?
En général, les films sur le football qui échouent sont ceux qui tentent d’axer leur histoire sur le terrain et le résultat d’un match. Or, si on regarde un match de foot, c’est qu’on ne connaît pas le résultat. C’est quelque chose que le cinéma ne pourra jamais reproduire. Le terrain n’était pas le sujet de mon film. Ce que je voulais, c’était raconter l’histoire d’un personnage. Pas d’un résultat.
Vous montrez également que derrière les projecteurs et les paillettes, le milieu du football peut aussi être très cruel. Est-ce une réalité que les gens ignorent souvent ?
Bien sûr. Mais quand on y réfléchit bien, c’est aussi valable pour tous les milieux. On voit toujours ceux qui réussissent mais pas ceux qui échouent.
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“C’est cruel d’échouer dans la quête de son rêve et d’ensuite devoir se demander ‘qu’est-ce que je fais maintenant ?'”
Au final, le sujet de votre film est plutôt “qu’est-ce qui se passe quand on échoue dans la quête de son rêve”, non ? Vous auriez pu prendre plein d’autres sujets comme le monde de la danse ou encore du cinéma…
Tout à fait. J’ai choisi le football car c’est le milieu qui me parlait le plus, mais j’aurais même pu prendre le stand-up. Je pense qu’il y avait plus de choses à raconter dans l’univers du foot. Plus jeune, j’ai fréquenté des amis qui étaient en centre de formation et n’avaient pas réussi à passer professionnels. Ils avaient en eux comme une frustration qui les empêchait d’avancer et de passer à autre chose. C’est cruel d’échouer dans son rêve et d’ensuite devoir se demander “qu’est-ce que je fais maintenant ?”. Car parfois, on ne sait pas forcément faire autre chose.
Le monde du football et du cinéma ont-ils des similitudes ?
Bien entendu. Ce sont des milieux très difficiles d’accès dans lesquels il faut savoir s’accrocher et surtout croire en ses rêves. Pour réussir le mien (réaliser son premier film), j’ai dû énormément m’accrocher.
Vous auriez même pu vous retrouver dans la même situation que Franck, si vous n’aviez pas réussi dans le cinéma. Auriez-vous comme lui tenté de vous accrocher jusqu’au bout à votre passion ?
J’ai commencé à m’intéresser au cinéma quand j’avais la vingtaine. Je suis sorti de l’école à 30 ans et j’ai réalisé mon premier film à 40 ans, donc on peut dire je suis comme Franck (rires). Il existe tellement de personnes qui n’ont jamais réussi à faire le deuil de leurs rêves.
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