La reprise de la saison, c’est l’occasion de faire le point sur les nouveautés du paysage foot. Et cette année, l’UEFA n’a pas fait les choses à moitié : en plus de la règle du but à l’extérieur qui disparaît avec effet immédiat, les fans voient carrément débarquer une nouvelle Coupe d’Europe, la Ligue Europa Conférence, dont les premiers tours préliminaires ont débuté le 6 juillet. Comment s’articule cette compétition, alors que la première (et seule) équipe française concernée, le stade rennais, entre en lice face à Rosenborg en barrage d’accession à la phase de groupes ?
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Comment ça marche ?
Cette “C4” est construite sur le modèle classique de la Ligue des champions et de la Ligue Europa (à quelques particularités près). Une fois les tours préliminaires achevés, se jouera à partir de septembre une phase de poules regroupant 32 équipes : 22 issues des barrages C4, et 10 reversées des barrages de Ligue Europa.
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Ces 32 clubs seront répartis en huit groupes de quatre équipes qui vont s’affronter en matches aller-retour, soit six journées. C’est ensuite qu’intervient une petite nuance par rapport au fonctionnement des deux grandes sœurs, car à l’issue de cette phase de groupes, un nouveau barrage aura lieu : il opposera les 2e de groupe en C4 aux équipes reversées de la C3 en qualité de 3e de groupe (sur un modèle de ruissellement voisin qui s’opère entre les 3e de groupe en C1 et les 2e de groupe de C3). Pendant ce temps, les premiers de groupes sont déjà qualifiés pour les 8es de finale, où ils affronteront les vainqueurs de ces nouveaux barrages.
Vous suivez toujours ? Eh bien tant mieux car, pour le reste, c’est une phase finale tout ce qu’il y a de plus classique, avec à partir des 8es de finale, des confrontations avec élimination directe sur match aller-retour jusqu’à la finale, disputée sur un match. Pour cette édition 2022, la finale est programmée à l’Air Albania Stadium de Tirana, en Albanie.
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Pourquoi une nouvelle coupe d’Europe ?
Reste à voir désormais comment les clubs vont considérer cette troisième Coupe d’Europe, dans un contexte où le rythme des matches et les calendriers posent question. Autant pour ce qui concerne la santé des joueurs que pour l’intérêt d’un public qui se perd (déjà) dans le flot des compétitions.
Cette C4 n’est pas une résurrection de la prestigieuse Coupe des vainqueurs de Coupe (C2), disparue il y a 22 ans maintenant. Ce n’est pas non plus un tremplin pour les petits vers la C3, comme le permettait la Coupe Intertoto jusqu’en 2008. Quand on voit combien la Ligue Europa peine encore à susciter l’enthousiasme, l’intérêt de la C4 risque donc fort d’être limité à ceux qui veulent bien la jouer.
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Et ceux qui vont la jouer, ce sont les laissés-pour-compte de la grande Coupe d’Europe. Ceux qui n’ont pas su prendre le train de l’arrêt Bosman et de la mondialisation. Un coup d’œil rapide au format suffit pour comprendre que plus vous êtes une nation basse au ranking UEFA, plus vous possédez d’équipes éligibles pour la C4. Les pays du top 5 UEFA ne disposent que d’un représentant, contre deux voire trois pour les pays situés entre la 16e et la 50e place (Grèce, Bulgarie, Roumanie, Chypre, Suisse, Norvège, Belarus…).
Cette Ligue Europa Conférence matérialise donc un peu plus la caste footballistique qui s’est établie en Europe depuis 20 ans. C’est une compétition qui tend à maintenir l’entre-soi chez les petits, de la même façon que l’élite européenne du foot a favorisé l’entre-soi des gros depuis des décennies. C’est comme une petite fête de village qu’on organise pour les gens des campagnes, pour éviter que ces derniers nourrissent l’ambition d’accéder à nouveau aux soirées mondaines des grandes villes, auxquelles ils n’ont (déjà) plus les moyens de se rendre.
La réforme de la C1 souhaitée en son temps par Michel Platini avait vocation à maintenir une passerelle, aussi mince soit-elle, entre les deux extrémités du Vieux Continent. Et ce, quand bien même cette main tendue revêtait, aussi, quelque intention électoraliste sous-jacente. Quelques années plus tard, le trio Agnelli-Ceferin-Infantino entérine la séparation entre ces deux parties de l’Europe via cette nouvelle compétition. Confirmant que le vent de frénésie réformatrice qu’ils font souffler sur le football n’a plus rien d’une petite bourrasque.
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