Si vous feuilletez Le Parisien ce matin, vous découvrirez l’histoire de Wilfrid : En 2019, après une crise d’épilepsie, le quinquagénaire est diagnostiqué de deux tumeurs au cerveau ; on ne lui donne pas plus de trois semaines à vivre. Après opération, son état de santé s’améliore, mais les médecins arrivent à la conclusion que ses tumeurs sont des métastases d’un autre cancer, qu’ils n’arrivent pas à diagnostiquer. “Le fruit était pourri, mais on ne trouvait pas son noyau”, métaphorise le Normand au micro du Parisien.
Publicité
Nommés “cancers primitifs inconnus”, ils touchent environ 7 000 personnes par an et sont extrêmement meurtriers car, sans parvenir à les détecter précisément, on ne peut mettre en place de traitement précis efficace. La docteure Sarah Watson, qui travaille pour l’Institut Curie, explique au journal national que “la médiane de survie au moment du diagnostic [est] de six à dix mois” pour les cancers primitifs inconnus et qu’ils sont traités avec des chimiothérapies à large spectre, des traitements extrêmement lourds qui obtiennent des taux de réponse de moins de 20 %.
Publicité
Avec son équipe de l’Institut Curie, la docteure Watson a mis au point un outil d’intelligence artificielle pour détecter ces cancers primitifs. Pour entraîner l’algorithme, la machine a d’abord dû analyser une base de données de 20 000 profils ARN ayant subi des tumeurs à différents endroits du corps. Dans 98 % des cas, l’algorithme était capable d’identifier un cancer connu plus rapidement que le cerveau humain, “en quelques minutes” affirme la chercheuse au Parisien.
Mais la vraie avancée est venue lors d’une confrontation à un de ces fameux cancers primitifs inconnus. En analysant l’ARN d’un jeune trentenaire dont le corps était rempli de métastases aux origines inconnues, le logiciel a estimé à “95 % de probabilité” qu’il s’agissait d’une tumeur primitive aux reins. C’était bien le cas et, aujourd’hui, le patient de la docteure Watson se porterait très bien, selon ses dires.
Publicité
L’outil a donc ensuite été utilisé, à titre expérimental, pour venir en aide à 150 patients. Parmi eux, Wilfrid qui lui aussi s’est vu diagnostiquer une tumeur aux reins par la machine. “L’ordinateur a déduit à 90 % que mon cancer venait du rein. Il a été très fort, car mes reins, déjà passés au crible, ne présentent aucune marque de cancer. C’est comme un fantôme qui serait passé sans laisser de traces”. Wilfrid reçoit alors depuis une chimiothérapie localisée, qui le fatigue, mais le maintient en vie.
Selon la docteure Sarah Watson, 60 % des malades diagnostiqués par l’outil d’intelligence artificielle seraient encore en vie dix mois plus tard, soit trois fois la médiane habituelle pour ce genre de cancers primitifs (autrefois ?) inconnus.
Des premiers essais expérimentaux ont été réalisés sur 150 patients, l’Institut Curie souhaite désormais diffuser cet outil au plus grand nombre. C’est justement le but de leur présentation, dès demain, au grand congrès international d’oncologie de l’AACR à Orlando, aux États-Unis.
Publicité