Une cagnotte de soutien à la famille du policier qui a tué le jeune Nahel, lancée par la figure de l’extrême droite Jean Messiha et qui a récolté plus d’1,6 million d’euros, fait l’objet d’une enquête à Paris, a indiqué mercredi le parquet joint par l’AFP. Les investigations ont été confiées à la sous-direction des affaires économiques et financières de la police judiciaire après une plainte déposée par la famille de Nahel, tué le 27 juin dernier à l’âge de 17 ans lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine) en banlieue parisienne.
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La plainte déposée notamment pour escroquerie en bande organisée et dont l’AFP a eu connaissance dénonce notamment des “manœuvres frauduleuses” et des “mensonges” de Jean Messiha, visant à “tromper” les donateurs pour récolter des fonds. Toute personne bénéficiant de la cagnotte, “quand bien même elle serait de la famille du policier […], se rendrait dès lors coupable de recel d’escroquerie en bande organisée”, selon cette plainte.
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“Nous saluons la rapidité de cette décision du procureur de la République” d’ouvrir une enquête, a réagi Me Yassine Bouzrou, qui défend la famille de Nahel, auprès de l’AFP. De son côté, Jean Messiha n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP dans l’immédiat.
La mort de Nahel, suivie de la mise en examen pour homicide volontaire du policier, a relancé en France le débat sur les violences policières, choqué une large partie de la population et causé plusieurs nuits de violences dans de nombreuses villes de France. Le policier, placé en détention provisoire, a aussi bénéficié d’un mouvement de solidarité qui s’est concrétisé par la constitution d’une cagnotte sur la plateforme GoFundMe.
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Jean Messiha a justifié son initiative par la volonté de soutenir “la famille du policier de Nanterre, Florian M., qui a fait son travail et qui paie aujourd’hui le prix fort”. Début juillet, GoFundMe avait expliqué à l’AFP que la cagnotte était “conforme” à ses règles car les fonds “seront versés directement à la famille en question”.
La plainte accuse, entre autres, M. Messiha d’avoir “publiquement et mensongèrement présenté Nahel comme un ‘multirécidiviste'” tout en “mentant” en présentant le policier “comme un ‘héros du Bataclan'” alors que le fonctionnaire “ne serait en aucun cas intervenu” lors de l’attentat djihadiste qui a visé la salle de spectacle le 13 novembre 2015.
M. Messiha est par ailleurs accusé par la famille de la victime d’avoir relayé sur Twitter “des informations qui seraient issues du fichier du traitement des antécédents judiciaires de Nahel” afin de le “criminaliser”, “nécessairement données par un ou plusieurs membres des forces de l’ordre”.
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La plainte vise ainsi les infractions de détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel et recel.