Le Nobel de la paix attribué au groupe japonais Nihon Hidankyo, une association de rescapés d’Hiroshima opposée à l’arme nucléaire

Publié le par Konbini avec AFP,

Photo by Naoya Azuma / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

Nihon Hidankyo est distinguée "pour ses efforts en faveur d’un monde sans armes nucléaires".

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Le Nobel de la paix a récompensé vendredi le groupe japonais Nihon Hidankyo, qui regroupe des survivants d’Hiroshima et Nagasaki aujourd’hui défenseurs d’un monde purgé de l’arme atomique, à un moment où des États comme la Russie menacent de briser ce tabou.

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Nihon Hidankyo est distingué “pour ses efforts en faveur d’un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré, par des témoignages, que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées”, a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes. Le prix “met l’accent sur la nécessité de maintenir le tabou nucléaire”, a-t-il souligné. “Et nous avons tous une responsabilité [pour le faire], en particulier les puissances nucléaires.”

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Ce choix intervient alors que la Russie a, à plusieurs reprises, agité la menace nucléaire depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, en février 2022. Pour les Occidentaux, la menace vient aussi de la Corée du Nord, qui multiplie les tirs de missiles balistiques et de l’Iran, soupçonné de vouloir se doter de l’arme atomique, ce que Téhéran dément. “Une guerre nucléaire pourrait détruire notre civilisation”, a mis en garde M. Frydnes.

Cette récompense est “un cri d’alarme pour le monde, mais aussi une reconnaissance de la façon dont les individus peuvent se relever et créer de l’espoir en racontant leur histoire”, a-t-il expliqué à l’AFP.

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La planète s’apprête à commémorer l’an prochain le 80e anniversaire des deux premiers bombardements nucléaires de l’Histoire à Hiroshima et Nagasaki, qui firent au total quelque 214 000 morts et précipitèrent la capitulation du Japon ainsi que la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Fondé en 1956, Nihon Hidankyo est une organisation qui représente les survivants irradiés – les “hibakusha”- de ces bombardements, dont les rangs s’amenuisent avec le temps.

Les armes nucléaires ne permettent pas de garantir un monde sans conflit, a réagi à Tokyo un responsable du groupe, Toshiyuki Mimaki, visiblement tombé des nues et qui, les larmes aux yeux, assurait à la presse que “jamais [il] n’aurait imaginé” recevoir le Nobel. “On a dit que, grâce aux armements nucléaires, la paix serait maintenue à travers le monde. Mais les armes nucléaires peuvent être utilisées par des terroristes. Et par exemple, si la Russie les utilise contre l’Ukraine, et Israël contre Gaza, cela ne s’arrêtera pas là”, a-t-il dit.

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Toshiyuki Mimaki a comparé le Japon de 1945 à la situation dans la bande de Gaza, théâtre depuis un an d’une offensive israélienne en riposte aux attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le mouvement islamiste palestinien Hamas. “À Gaza, des enfants en sang sont tenus [dans les bras de leurs parents]. C’est comme au Japon il y a 80 ans”, a déclaré Toshiyuki Mimaki.

“Le mal absolu”

Le chef de l’ONU, António Guterres, a réagi en appelant à “éliminer” les bombes nucléaires, des “engins de mort”. Ce Nobel est une “vraiment bonne nouvelle”, s’est aussi félicitée la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, “surtout en ces temps brutaux où des puissances agressives menacent d’utiliser des armes nucléaires”. Ces armes représentent “le mal absolu”, a commenté le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui.

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Se trouvant à moins de deux kilomètres du point d’impact, Setsuko Thurlow, alors écolière de 13 ans, raconte avoir vu “un simple éclair de lumière” en ce 6 août 1945 quand les États-Unis ont largué la bombe Little Boy sur Hiroshima. “C’était l’enfer sur Terre”, confiait en 2017 à l’AFP cette “hibakusha”, en évoquant “une procession de fantômes”, les membres en lambeaux, les yeux énucléés et les intestins sortant de ventres béants.

Six heures après l’annonce, aucun dirigeant des puissances nucléaires n’avait publiquement réagi au choix du comité Nobel. Neuf pays détiennent aujourd’hui l’arme atomique : les États-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et, non officiellement, Israël. Avec l’augmentation des tensions géopolitiques dans le monde, ces puissances nucléaires modernisent leurs arsenaux, soulignait en juin l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

En janvier, sur les quelque 12 121 ogives nucléaires existantes dans le monde, environ 9 585 étaient disponibles en vue d’une utilisation potentielle, relevaient les chercheurs du SIPRI.

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Moscou a annoncé en 2023 suspendre sa participation au traité New Start, le dernier traité de contrôle limitant les forces nucléaires stratégiques de la Russie et des États-Unis.

Le Nobel de la paix a récompensé à de multiples reprises des efforts visant à faire interdire ces armes de destruction massive, en distinguant notamment l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (1985) ou la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN, 2017). Le Nobel, qui consiste en un diplôme, une médaille d’or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (environ 970 000 euros), sera formellement remis le 10 décembre à Oslo.