Alors que Charli xcx affirmait récemment avec humour qu’être hétéro restait quand même cool en 2024, l’Académie française propose à son tour une boutade qui n’en est pas une et qualifie l’hétérosexualité de “naturelle” dans le dernier tome de la neuvième édition de son dictionnaire, publié le 13 novembre dernier et présenté dans la foulée au président de la République. Cher·ère·s Français·e·s (les points médians, c’est pour bien leur foutre le seum), sachez-le donc : l’homophobie et le passéisme vont bien et les malins messieurs lettrés de l’Académie sont là pour s’en assurer.
Publicité
“Initiée en 1986 par Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie de 1985 à 1999, cette édition du dictionnaire, dont le premier volume est paru en 1992, comporte désormais quelque 53 000 noms communs, soit 21 000 mots ajoutés à la huitième édition de 1935” indique Télérama. Avec cette dernière révision de leur dictionnaire, les bonnes âmes de l’Académie française prétendent vouloir refléter les “transformations sociales et culturelles que connaît notre époque” et se félicitent même de se montrer “plus que jamais [accueillantes] envers les mots venus d’ailleurs”. Sauf que, si on gratte un peu, ce n’est pas beau à voir.
Publicité
Si les lacunes de cette nouvelle édition sont nombreuses (elles ont d’ailleurs été épinglées dans une tribune du collectif Les linguistes atterrées parue dans Libération), le point de discorde principal se trouve sous le mot “hétérosexuel”, dont la définition complète indique : “Relatif à la sexualité naturelle entre personnes de sexe différent”, induisant donc l’idée que l’homosexualité (ou toute autre sexualité s’écartant du schéma hétéronormé) serait, de facto, contre nature — argument adoré des fachos et autres homophobes de renom, au passage.
En réalité, si la définition d'”hétérosexuel” fait parler d’elle aujourd’hui, son introduction dans le dictionnaire de l’Académie française ne date pas de la nouvelle révision, mais d’un tome daté de 2000. Cela étant, comme le pointent plusieurs voix, l’Académie a tout de même eu 24 ans pour songer à modifier la fameuse définition. Ce n’était pas assez que pour s’empêcher d’être ouvertement homophobe, visiblement.
Publicité