Élections présidentielles sénégalaises : la mobilisation est grande au Sénégal et en France

Publié le par Lise Lanot,Lise Lanot,Konbini avec AFP,

© Seyllou/AFP

Sur les réseaux, les électeur·rice·s décrivent des "kilomètres de queue" en Île-de-France.

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Les Sénégalais·e·s se déplacent en nombre ce dimanche 24 mars pour élire leur cinquième président lors d’un scrutin à l’issue imprévisible après trois années d’agitation et de crise politique. “On y est finalement arrivés. Alhamdoullilah. Ces derniers temps n’ont pas été faciles pour le Sénégal. Mais tout ça est derrière nous”, se félicite Mita Diop, une commerçante de 51 ans, devant un bureau de vote à Dakar. Dans l’Hexagone, les électeur·rice·s se sont également déplacé·e·s en nombre et le sujet est aujourd’hui largement relayé et commenté sur les réseaux, avec le hashtag #SenegalVote sur X/Twitter. Les internautes y décrivent les “kilomètres de queue” visibles devant des bureaux de vote au Sénégal et en Île-de-France. À Paris, certain·e·s élécteur·rice·s ont déploré un manque d’organisation dans les points de vote, qui pourraient potentiellement empêcher ou décourager certain·e·s votant·e·s.

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Les électeur·rice·s ont le choix parmi 19 bulletins disponibles (dont ceux de deux candidats qui se sont désistés) avant de glisser leur suffrage dans l’urne et de tremper un doigt dans l’encre rouge, règle imposée pour empêcher que des électeur·rice·s ne votent deux fois. Un certain nombre d’électeur·rice·s qui s’étaient réveillé·e·s pour la prière matinale du Fajr, avant le lever du jour, en ce mois de Ramadan, se sont rendus directement dans les bureaux, ont constaté des journalistes de l’AFP. Mais une appréciation exacte de la participation (de 66 % en 2019) était difficile ce matin.

Le chef de l’opposition antisystème Ousmane Sonko, qui a voté dans son fief de Ziguinchor (sud), a parlé de mobilisation record, notamment des jeunes sur lesquels son camp fonde ses espoirs. Les jeunes “sont massivement venus dans les bureaux de vote dès 6 heures”, a-t-il dit. “Nous sommes convaincus qu’à l’issue de cette journée la victoire sera éclatante” pour son second, Bassirou Diomaye Faye, candidat à sa place du fait de sa disqualification. Les bureaux sont ouverts jusqu’à 18 heures (locales et GMT). De premiers résultats provisoires officieux pourraient être publiés dans la nuit.

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17 candidat·e·s (et 2 désistements)

Le président sortant Macky Sall, qui a voté avec son épouse à Fatick (centre-ouest), a mis en garde contre les revendications de victoire prématurées. “Il n’appartient ni à un candidat, ni à un camp, de proclamer une victoire ou des résultats”, a-t-il dit. Quelque 7,3 millions d’électeur·rice·s sont appelé·e·s à choisir entre le candidat du pouvoir Amadou Ba et 16 concurrent·e·s.

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Amadou Ba, 62 ans, dauphin et Premier ministre il y a encore quelques semaines du président Sall, et Bassirou Diomaye Faye, 43 ans, le “candidat du changement de système” et d’un “panafricanisme de gauche”, sont donnés favoris d’une compétition qui tranchera entre continuité et changement peut-être radical. Ils affirment tous deux pouvoir l’emporter dès dimanche sans passer par un second tour, qui paraît probable, mais dont la date n’est pas fixée. L’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, 68 ans, est cité comme outsider.

Le scrutin est suivi avec attention, le Sénégal étant considéré comme l’un des pays les plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les putschs. Dakar maintient des relations fortes avec l’Occident, tandis que la Russie renforce ses positions alentour. La société civile, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union européenne déploient des centaines d’observateurs.

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Les Sénégalais·es devaient initialement voter le 25 février dernier. Les urnes et les bulletins de dimanche arborent toujours cette date. Le report du vote a déclenché des violences qui ont fait quatre morts. Plusieurs semaines de confusion ont mis à l’épreuve la pratique démocratique du Sénégal, jusqu’à ce que soit arrêtée la date du 24 mars. La campagne a été réduite à deux semaines, en plein mois de jeûne musulman. C’est la première fois qu’un président sortant ne se présente pas à sa réélection.

Amadou Ba se présente en continuateur de son action et en rempart contre les “aventuriers” et les “amateurs”. Il doit cependant assumer l’héritage du président Sall, une pauvreté persistante, un chômage élevé, un endettement lourd, le départ en pirogue de milliers de personnes chaque année pour l’Europe, et les centaines d’arrestations de la période récente.

Le pays a connu depuis 2021 des épisodes de troubles causés par le bras de fer entre Ousmane Sonko, guide du candidat Diomaye Faye, conjugué aux tensions sociales et au flou longtemps maintenu par le président Sall sur sa candidature à un troisième mandat. La crise s’est prolongée avec le report de la présidentielle. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées, mettant à mal l’image du pays, injustement selon le gouvernement.

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Possibles tensions

Ousmane Sonko et Diomaye Faye, détenus pendant des mois, ont été libérés le 14 mars après l’ouverture de la campagne. Ils attaquent Amadou Ba comme le perpétuateur de la gouvernance du président Sall et comme un “fonctionnaire milliardaire”. Issu comme Amadou Ba de la haute administration des impôts, Diomaye Faye interroge l’origine de la fortune de son ancien collègue.