Gérald Darmanin a défendu pied à pied sa gestion du maintien de l’ordre mercredi à l’Assemblée nationale et au Sénat face à la gauche qui a de nouveau dénoncé des violences policières et fustigé sa mise en cause de la Ligue des droits de l’Homme (LDH).
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Le ministre de l’Intérieur était invité à s’expliquer devant les députés, puis les sénateurs de la commission des Lois sur l’usage de la force par les policiers et les gendarmes lors des manifestations contre la réforme des retraites ou à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).
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Chiffres sur les armes saisies, photos d’attaques de bâtiments publics, vidéos de policiers pris à partie, M. Darmanin a commencé ses auditions par un long exposé destiné à illustrer “l’extrême violence contre les forces de l’ordre” observée, selon lui, lors de manifestations à Paris, Lyon, Bordeaux ou Lorient.
C’est “une audition Paris Match, le poids des mots, le choc des photos”, a critiqué le député écologiste Benjamin Lucas, raillant “un joli PowerPoint façon McKinsey”, le cabinet de conseil au cœur de plusieurs enquêtes concernant les campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron.
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M. Darmanin a aussi essuyé une nouvelle volée de critiques après sa réponse à une intervention du sénateur LR François Bonhomme, qui appelait à “cesser de financer des associations qui mettent en cause gravement l’État”.
Gérald Darmanin a alors évoqué la Ligue des droits de l’Homme (LDH), association fondée en 1898 et qui déploie notamment ces dernières semaines des observateurs citoyens lors de manifestations pour, entre autres, documenter le dispositif de maintien de l’ordre. À son sujet, il a déclaré que “la subvention donnée par l’État […] mérite d’être regardé[e] dans le cadre des actions qui ont pu être menées”.
“M. Darmanin, ‘les actions qui ont pu être menées’ par la LDH depuis plus de 120 ans sont la défense des droits et libertés de toutes et tous, ne vous en déplaise”, a répliqué l’association dans un tweet.
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L’opposition de gauche, des communistes aux représentants d’EELV, a rapidement volé au secours de l’organisation. “Cette fois, vous franchissez le Rubicon et quittez pour de bon l’espace républicain”, a notamment tancé le député écologiste Aurélien Taché. “C’est comme ça qu’on fait plier tous les contre-pouvoirs dans les régimes autoritaires”, a renchéri le patron du PS Olivier Faure sur Twitter.
“Ministre de la matraque”
La charge la plus lourde est venue de l’Insoumis Thomas Portes, qui a qualifié M. Darmanin de “ministre de la matraque”. “Faudra-t-il un nouveau Malik Oussekine pour enfin vous faire revenir à la raison ?”, s’est-il interrogé, en référence à ce jeune homme mort sous les coups de policiers à moto en 1986.
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M. Darmanin a également révélé des notes du renseignement territorial sur une “mobilisation très forte de l’ultragauche” venue “infiltrer le mouvement social et en prendre la direction”.
Depuis le 16 mars et le début des tensions dans les manifestations après le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites, 1 851 personnes ont été interpellées, 299 atteintes contre des institutions publiques (préfectures, mairies…) et 132 attaques de permanences parlementaires ont été recensées, a-t-il listé. On dénombre également un total de 2 500 feux sur la voie publique, 58 véhicules et 13 bâtiments incendiés.
Ces auditions sont intervenues alors que la commission des Lois de l’Assemblée a classé mercredi une pétition, signée par près de 264 000 personnes, pour la dissolution de la Brav-M, brigade de policiers à moto accusée de violences contre des manifestants.
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Par ailleurs, le Conseil d’État, saisi par des ONG, associations et syndicats, a refusé mercredi d’imposer au ministère de l’Intérieur d’agir pour rendre effective l’obligation faite aux forces de l’ordre de porter leur matricule d’identification en intervention (RIO).
Sans surprise, M. Darmanin a de nouveau apporté son soutien aux forces de l’ordre, en dépit des critiques formulées par la Défenseure des droits, le Conseil de l’Europe ou le rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement.
Les policiers et les gendarmes, dont 47 ont été blessés à Sainte-Soline selon les autorités, “ne font que répliquer à des gens qui sont violents”, a déclaré le ministre. Les organisateurs ont fait état, eux, de 200 blessés parmi les manifestants, dont 40 grièvement. L’un d’entre eux était toujours mardi entre la vie et la mort.