Alors que le Moyen-Orient est connu pour son homophobie parfois légalisée et encouragée, on aurait tendance à oublier que les personnes queers y existent bel et bien, comme partout ailleurs dans le monde. Si leur parole n’est que rarement entendue, les hommes, femmes et personnes LGBTQIA+ des pays où l’homosexualité est punissable par la loi trouvent de nouvelles façons de partager leurs récits. Et l’atlas digital Queering the Map est l’une d’entre elles.
Publicité
Créée en 2017 par l’artiste montréalais·e Lucas LaRochelle, la plateforme permet à toute personne dans le monde de proposer un témoignage lié à une position précise de la map, le tout de façon anonyme. Le but pour LaRochelle était de créer un safe space pour les personnes queers, ainsi que d’archiver et documenter les récits collectifs que la communauté partage, afin de prouver à qui en a besoin qu’il existe des récits queers partout dans le monde. Aujourd’hui, la plateforme compte près d’un demi-million de témoignages, dans plus de 25 langues différentes.
Publicité
“Tu n’es pas seul”
Si certains témoignages sont des partages plutôt légers des premiers baisers, des premiers émois ou des premières expériences sexuelles jouissives, d’autres sont le reflet d’une réalité plus morose, mais tout aussi importante à partager sur la plateforme. “Si [ces histoires] se sont déjà produites une fois, elles peuvent se reproduire”, partage Lucas LaRochelle au New York Times. “C’est vrai pour les expériences joyeuses comme pour les expériences horribles et c’est pourquoi il est si important de documenter notre histoire collective dans toutes ses configurations.”
Publicité
Pour trouver des récits déchirants, il suffit de faire un tour dans les pays où l’identité queer est encore illégale, punissable d’emprisonnement, voire de peine de mort. C’est notamment le cas dans plusieurs États d’Asie du Sud-Est, d’Afrique Centrale ou du Moyen-Orient, où chaque récit est une trace déchirante d’une communauté rongée par la solitude et l’invisibilisation. Un compte TikTok du nom de @queering_the_map rassemble les différents témoignages par pays.
À Gaza, un témoignage de la guerre
À Gaza, la “prison à ciel ouvert” prise au piège du conflit israélo-palestinien, la carte offre des témoignages glaçants et bouleversants, qui mêlent les regrets d’un amour impossible à la menace des bombes qui tombent sur la bande de terre depuis plusieurs années. De nombreux messages de Queering the Map à Gaza circulent actuellement sur les réseaux sociaux et, s’ils ne datent pas du début des bombardements israéliens suite à l’attaque du Hamas, ces témoignages résonnent tout de même avec le contexte actuel.
Publicité
Ces témoignages sont d’autant plus marquants quand on sait qu’Israël, reconnu pour son soutien aux droits LGBTQIA+, a toujours fait peser l’homophobie légalisée des instances palestiniennes à son avantage, faisant oublier au reste du monde que la communauté queer palestinienne restait debout malgré tout. Le compte X/Twitter @Bingsujung a répertorié tous les témoignages Queering the Map en provenance des régions environnantes à Gaza dans un thread à retrouver ci-dessous.
“Je nous ai toujours imaginés, toi et moi, assis au soleil, main dans la main, enfin libres. Nous parlions de tous les endroits où nous irions si nous le pouvions. Mais désormais, tu n’es plus là. Si j’avais su que les bombes qui pleuvaient sur nous t’enlèveraient à moi, j’aurais volontiers dit au monde à quel point je t’adorais plus que tout. Je regrette d’avoir été lâche.” Anonyme, Queering the Map
Publicité