Un adolescent de 15 ans, victime de harcèlement lors de l’année scolaire précédente, s’est suicidé mardi à son domicile de Poissy (Yvelines), mais la justice appelle à la prudence sur les causes du passage à l’acte tandis que l’Éducation nationale a lancé une enquête interne.
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“Le suicide d’un jeune garçon est toujours un drame difficile à expliquer. Il y a évidemment divers facteurs”, a déclaré le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal lors d’une allocution dans la cour du ministère. Mais “chaque drame est un drame de trop, qui nous rappelle que nous ne sommes toujours pas à la hauteur”, a complété le ministre, qui doit annoncer un plan interministériel de lutte contre le harcèlement d’ici la fin septembre.
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M. Attal a décidé de lancer une enquête administrative pour faire la “lumière” sur les faits de harcèlement scolaire dont a été victime ce garçon, mais aussi sur la gestion de cette affaire par les services de l’Éducation nationale. “Ce ne sont pas des personnes évidemment que je veux mettre en cause, c’est la réponse de l’institution Éducation nationale face à l’urgence du harcèlement scolaire qu’il nous faut continuer à profondément changer”, a-t-il expliqué.
La justice a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort, survenue mardi. “Il faut rester à ce stade très prudent”, a déclaré à l’AFP le parquet de Versailles.
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Mardi en début de soirée, les secours sont intervenus à Poissy pour un garçon de 15 ans retrouvé pendu à son domicile. Après des tentatives de réanimation sans succès, l’adolescent a été déclaré décédé, selon une source policière.
Selon le récit de Gabriel Attal, cet adolescent était scolarisé l’an dernier en troisième prépa-métiers au lycée professionnel des métiers Adrienne-Bolland à Poissy. “En décembre 2022, le harcèlement du jeune garçon avait été signalé. Un rendez-vous avait été organisé dans l’établissement. Il était fait état de brimades et d’injures répétées de la part de plusieurs élèves nommément désignés”, a-t-il retracé.
“En mars 2023, les parents ont été reçus par l’établissement. Les élèves mis en cause ont eux aussi été reçus, et leurs parents ont été contactés. Un échange de courriers a par ailleurs eu lieu courant avril entre la famille et l’institution scolaire sur la situation du jeune garçon, la famille dénonçant, dans ce courrier, l’absence de mesures suffisantes prises face à cette situation”, a-t-il ajouté.
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“Tolérance zéro”
Le père avait déposé une main courante pour harcèlement en avril au commissariat de Poissy, mais n’avait pas souhaité déposer plainte, a-t-on appris de source policière.
Le ministre a précisé que selon l’établissement, l’adolescent avait “bénéficié d’un suivi régulier par la CPE, et ce, jusqu’à la fin de l’année scolaire” et qu’“un point a été fait avec le père de ce jeune garçon” en fin d’année scolaire. L’adolescent était scolarisé depuis cette rentrée dans un autre établissement à Paris.
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Le harcèlement à l’école, qui toucherait un élève sur dix, a été érigé en priorité absolue du gouvernement pour l’année scolaire 2023-2024, après le suicide au printemps de la jeune Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais. Déjà engagée par l’ancien ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, la lutte contre le harcèlement scolaire s’est intensifiée après la mort de Lindsay, qui a mis en lumière ce phénomène.
Selon un décret publié mi-août, un élève responsable de harcèlement scolaire pourra désormais être transféré dans une autre école, évitant d’imposer ce changement à celui qui en est victime. Il est également prévu de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d’un autre établissement. Gabriel Attal a déjà assuré vouloir une “tolérance zéro contre toutes les formes de harcèlement”. Dès cette rentrée, un référent sur le harcèlement “dans chaque établissement” doit être créé. Les établissements scolaires devront également signaler “systématiquement” aux procureurs les cas de harcèlement.
Le programme pHARe de lutte contre le harcèlement, mis en place en 2019 et expérimenté pendant deux ans dans six académies, a été généralisé à la rentrée 2022 dans toutes les écoles et collèges. Selon le ministère de l’Éducation, 91 % des collèges et 64 % des écoles sont aujourd’hui inscrits dans ce dispositif.
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