À la Cigale, la musique, l’art et l’humour se sont donné rendez-vous pour porter les voix de Gaza

Publié le par Lucie Bacon,

Imane Maarifi raconte son expérience dans un hôpital gazaoui © Gianni Giardinelli

Angèle, Fianso, Blanche Gardin ou encore Disiz se sont succédé sur scène pour porter les voix de ceux qui ne sont pas ou plus là pour témoigner.

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À l’heure où une actualité en chasse une autre chaque matin, où les élections législatives sont venues en France balayer l’actualité internationale, il est parfois difficile de rappeler au monde que des populations sont opprimées, enfermées ou massacrées. Pendant cette guerre entre le Hamas et Israël, rendre compte de ce qu’il se passe à Gaza est un sujet épineux, nous le savons mieux que personne chez Konbini, et témoigner des massacres doit être fait de la façon la plus juste et la plus décente possible pour que tous les camps l’entendent et se mobilisent pour un cessez-le-feu et une paix durable.

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C’est justement avec dignité et brio que la soirée Voices for Gaza a réussi son pari. Organisé à la Cigale le lundi 1er juillet, au lendemain d’une triste et écoeurante soirée électorale en France, cet événement a su trouver les artistes, les performances et les mots pour que Gaza ne soit toujours pas oubliée.

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Pendant près de trois heures, sur la scène mythique du 18e arrondissement parisien, se sont succédé une trentaine d’artistes et d’activistes pour porter les voix de ceux qui ne sont pas ou plus là pour témoigner de la peur, de l’horreur, de la mort. Le rappeur palestinien Osloob, accompagné d’Issa Murad à l’oud, succède à Disiz, NACH et Zaho de Sagazan, chacun pour, en musique, prôner la liberté et la paix. Fianso raconte sa gueule de bois dans “Lundi”, tandis que Pomme et Angèle, en reprenant au piano Mylène Farmer, narrent les errances d’une génération “Désenchantée”.

© Gianni Giardinelli

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Le line-up de la soirée alternait entre prestations musicales ou dansées et discours engagés ou témoignages. Il était difficile de retenir ses larmes devant celui d’Imane Maarifi, infirmière qui a œuvré dans un hôpital gazaoui il y a quelques semaines : “Mes mots sont aujourd’hui insuffisants pour exprimer l’intensité des émotions que j’ai ressenties là-bas”, raconte Imane, elle-même très émue devant l’ovation que le public lui offre. “Chers Gazaouis, j’ai vu de mes propres yeux la détresse quotidienne de vos familles, la destruction de vos maisons, la peur omniprésente dans les regards de vos enfants, la souffrance physique mais surtout morale, mais aussi la mort.” Imane Maarifi a annoncé à cette occasion qu’elle retournerait bientôt en mission à Gaza.

Quant à Hatik, il ne monte pas sur scène pour chanter, mais pour réciter un texte de Martin Luther King, avant de laisser sa place à l’humoriste Florence Mendez, qui nous prend à la gorge avec une confidence écrite à son fils, pour lui expliquer sa chance face à celle d’autres enfants de son âge, de l’autre côté de la Méditerranée. De façon plus légère, Blanche Gardin et Aymeric Lompret s’associent pour un sketch dénonçant l’islamophobie et les accusations parfois fallacieuses d’antisémitisme désormais monnaie courante dans les débats médiatiques et politiques.

Entre chaque passage, le public scande des messages, pour Gaza et sa liberté, ou pour faire écho à l’actualité politique française. “Siamo Tutti Antifascisti” scande par exemple une femme dans le public, reprise en chœur par la salle, tandis que près de moi, des amies lancent plusieurs “Free Palestine”, eux aussi chantés à plusieurs moments de la soirée, qui se révèle une vraie communion pacifique et artistique, animée d’une main de maître par les journalistes Sandra Gomes, cheffe de la musique chez Konbini, et Mehdi Maïzi. Tous les bénéfices de la vente des places ont été reversés à l’ONG Medical Aid for Palestinians qui apporte une assistance médicale sur place, avec la livraison de fournitures médicales ou encore la construction de pôles médicaux d’urgence.

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