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L’association états-unienne Embracing Our Differences (“Célébrer nos différences”) est une plateforme de diffusion d’œuvres d’art engagée qui prône l’inclusivité. Pour ses 20 ans, des expositions itinérantes sont en cours, mais le troisième arrêt prévu au State College de Floride en avril prochain se frotte à quelques complications. La cause : trois œuvres remises en question pour leur “dimension inclusive problématique”. Du grand n’importe quoi. Plus tôt dans l’année, l’exposition qui se tenait alors à Bayfront Park avait déjà été vandalisée.
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Les expositions Embracing Our Differences (EOD) sont composées de grands tableaux d’affichage, du même style que les panneaux publicitaires publics. Sur ceux-ci se retrouvent des œuvres diverses et variées soumises par des artistes du monde entier, avec une visée éducative quant aux valeurs d’inclusion et de diversité. Si l’université a demandé à l’association de supprimer certaines œuvres, cette dernière a plutôt décidé de tout simplement annuler sa venue, et d’ainsi rester en accord avec ses valeurs.
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Lors des discussions autour de la programmation de l’exposition dans l’université floridienne de la ville de Sarasota, la direction de l’établissement indiquait se laisser le droit de vérifier que toutes les œuvres soient conformes à son éthique, notamment “vis-à-vis des étudiants-vétérans qui souffrent de troubles du stress post-traumatique”, déclarait Sarah Wertheimer, directrice exécutive de l’association, au média ArtNews.
Sauf qu’en février dernier, l’Université a demandé que trois œuvres soient retirées pour des raisons totalement différentes et dénuées de sens. L’une d’entre elles posait notamment question à cause d’une citation d’un élève indien de 10 ans, qui figurait sur l’œuvre : “La diversité et l’inclusivité sont comme l’aiguille et le fil qui cousent ensemble le tissu harmonieux de la paix pour l’humanité.” Pas vraiment de quoi heurter la sensibilité des vétérans, si ?
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Une autre œuvre intitulée Good Trouble et qui faisait référence au meurtre de George Floyd a elle aussi été censurée. Ici, c’est la mention “justice” sur le T-shirt d’un enfant qui pose problème, sans réelle justification. Body & Voice, la dernière œuvre censurée, met en scène un groupe de femmes enceintes clamant un slogan à propos de leur liberté.
Tant de valeurs qui semblent poser problème, et qui, selon Sarah Wertheimer, ne plairaient surtout pas à Ron DeSantis, gouverneur de Floride depuis 2019. Dans son interview pour ArtNews, la directrice d’EOD partage que le jour où l’établissement universitaire l’a appelée pour lui apprendre la mauvaise nouvelle, le gouverneur était justement de passage pour parler d’un projet visant l’arrêt du financement des initiatives promouvant l’inclusion, la diversité et l’équité dans le cadre académique.
DeSantis avait déjà fait parler de lui en mars 2022 pour avoir fait passer la loi “Parental Rights in Education”, aussi appelée “Don’t Say Gay”, visant à interdire les équipes encadrantes des écoles publiques de l’État de parler de sujets liés au genre ou à l’orientation sexuelle – hormis l’hétérosexualité et la cisidentité, évidemment.
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“Nous espérons pouvoir continuer à délivrer notre message, mais forcément il y aura toujours des gens qui seront d’accord et d’autres qui ne le seront pas. Quoi qu’il en soit, nous resterons fidèles à notre mission fondamentale : la célébration des différences, pas seulement raciales, mais toutes les différences”, partageait le Juge Charles E. Williams, président du Conseil d’administration de l’association, en réponse aux récents événements.
Malgré la pression exercée par certaines autorités floridiennes, l’exemple de résilience et de résistance de l’association Embracing Our Differences prouve que le combat est plus que jamais nécessaire, et que des expositions comme celles-ci sont encore cruciales à l’heure actuelle.
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