“WOMAN’S WORLD” : tout le monde déteste le nouveau Katy Perry, mais il est si horrible que ça ?

Publié le par Konbini,

© Capitol

Pourquoi personne ne valide la nouvelle era de la reine pop ?

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“C’est abyssal” regrette Pitchfork, “Katy Perry est bloquée en 2016” déclare The Cut, sans parler de la note misérable de 1 étoile sur 5 accordée au morceau par The Guardian. Les médias anglo-saxons semblent unanimes : le retour de Katy Perry, l’une des plus grandes popstars des années 2010, est un échec cuisant. A priori, on se dit que le monde de la musique manque de tendresse, notamment avec les femmes, parce que des mauvais morceaux, on en entend chaque semaine, et tous ne génèrent pas autant de frustration et de haine.

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Sauf que, quand on gratte un peu, on se rend compte que le retour de Katy Perry a vraiment de quoi agacer. Ancienne jurée d’American Idol, autrice des plus gros tubes de la pop des années 2010, l’Américaine est forcément attendue au tournant. Sauf qu’à l’heure où c’est la légèreté, le second degré et l’esprit foncièrement décomplexé de Charli xcx ou Chappell Roan qui semblent définir la pop de demain, Katy Perry n’a jamais semblé aussi boomeuse qu’aujourd’hui, et cette tentative de s’approprier la lutte féministe dans son nouveau single ne plaît pas à tout le monde.

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En 2013, avec le tube “Roar”, Katy Perry s’essayait déjà aux messages féministes, avec un titre plus personnel (et réussi) que “WOMAN’S WORLD”. Si le morceau ne sort pas du lot au niveau de sa production (on croirait entendre un “Stupid Love” de Lady Gaga, sans le fun de Lady Gaga) et encore moins de son texte (ChatGPT aurait fait mieux), c’est surtout pour son message pseudo-féministe que le titre fait grincer des dents.

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Dans le clip qui accompagne la sortie, Katy Perry rappelle qu’elle est le “pop” de “pop culture” et que faire parler, elle sait faire. Si l’esprit débridé nous plaît, ce n’est pas non plus forcément une bonne chose. La chanteuse mise sur tout ce qui peut rendre sa sortie virale : elle invite l’icône trash controversée Trisha Paytas, joue avec des godemichés et fait s’embrasser deux hommes sans raison — si ce n’est assumer son désir de séduire le très lucratif public queer. Dans tout ça, rien ne fait vraiment sens, et rien ne lui ressemble non plus, sauf cette envie de s’entériner dans un chaos capitaliste et consumériste.

Le pire : Katy Perry tente de capitaliser avec humour sur un féminisme qui est tout sauf une blague, à l’heure où les droits des femmes sont sérieusement mis en péril aux États-Unis. “C’est un monde de femmes, et tu as la chance d’y vivre” martèle la popstar sur les refrains, entre deux lignes d’empouvoirement pseudo-féministe du style Superhumaine, numéro un. C’est une sœur, c’est une mère.” Meh.

Quelques jours après la sortie, en réaction aux critiques, la chanteuse partage sur Instagram une vidéo qui explique et confirme le second degré et le côté satirique du morceau et du clip. Sauf que la satire, quand on est forcé·e de l’expliquer et la justifier comme ici, c’est forcément mauvais signe.

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Surtout, le “féminisme pour les nuls” que célèbre Katy Perry ici, même sous la caution de la satire, ne créerait pas un si gros tollé s’il n’était pas accompagné d’une hypocrisie que les fans de pop n’ont pas manqué de souligner. La chanteuse s’est en effet associée à Dr. Luke pour le morceau, et pour le nouvel album à venir, alors qu’il a publiquement été accusé de viol, agressions sexuelles et harcèlement moral par son ancienne “protégée” Kesha — l’affaire a été réglée sans condamnation ni aveu de culpabilité de sa part, mais la chanteuse de “Tik Tok” a mis en lumière les travers notoires du producteur.

En s’associant à lui, Katy Perry pourra nous chanter autant qu’elle veut que c’est “un monde de femmes” et qu’on a la “chance d’y vivre”, elle ne nous fera pas oublier pour autant qu’il est également truffé d’agresseurs intouchables, de chanteuses prêtes à tout pour un peu d’argent, et surtout de mauvais morceaux à oublier.

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