Du haut de ses 21 ans, Squidji fait déjà preuve d’une grande maturité et se montre honnête et sincère dans sa musique. Ce rappeur du 15e arrondissement nous invite dans l’intimité du “R’n’B noir”, un univers artistique composé d’un savoureux mélange de trap et de R’n’B, de rythmes engageants et de textes romantiques, qui s’impose comme une alternative inespérée aux genres les plus populaires du moment.
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Pour le jeune artiste, l’écriture est libératrice, thérapeutique. À travers ses morceaux, Squidji se livre avec une grande pudeur, et si les relations qu’il décrit sont totalement personnelles, quiconque a déjà aimé se retrouve forcément dans les paroles. Avec ce nouvel EP, Parades, paru ce vendredi 25 septembre, c’est dans un véritable jardin secret que nous sommes invités à pénétrer.
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Konbini | Qui es-tu ?
Squidji | Moi, je m’appelle Squidji.
Pourquoi ce nom ?
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Squidji, c’est une histoire un peu longue. Ça vient d’un SDF que j’ai rencontré dans le métro. Il disait des mots tout seul, il répétait sans cesse “squidji”, “squidji”, “squidji”, “squidji”. Ça m’a inspiré, quand je suis rentré chez moi, je me suis rendu compte que j’aimais ce mot, et donc j’ai décidé de m’appeler comme ça.
D’où viens-tu ?
Je viens du 15e arrondissement de Paris, dans le quartier de Montparnasse. J’ai grandi là-bas, j’y ai passé mon adolescence… J’y suis depuis que je suis né.
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Tu es né quand ?
Je suis né le 1er janvier 1999. Ça me fait donc 21 ans.
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Comment et quand as-tu commencé la musique ?
Je faisais des petits freestyles sur Facebook, comme ça, pour m’amuser. Tu peux les trouver sur Internet, je ne les ai pas encore supprimés. Mais je devrais le faire, j’ai un peu honte. Ensuite, j’ai fait la connaissance d’un groupe qui s’appelle Ultimate Boyz, en 2015. Ce sont eux qui m’ont donné envie de rapper. À l’époque, j’écoutais déjà beaucoup de musique, du R’n’B, du Kaaris, du Booba, tout ce qui sortait.
Comment s’est passée la rencontre avec Captaine Roshi ?
Ça s’est fait quand j’ai fait la connaissance des Ultimate Boyz en 2015. J’avais invité un ami pour jouer à FIFA et il connaissait Captaine Roshi. Cet ami a ramené plein de potes. Je lui avais dit de venir tout seul ! Mais comme il était un peu tard et qu’il n’y avait personne chez moi, je leur ai dit d’entrer quand même. C’est là que j’ai rencontré Captaine Roshi, et le feeling est passé. On a joué, puis on a commencé à écouter de la musique et à rapper. On rigolait ensemble, ça s’est fait naturellement.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ?
J’écoutais beaucoup PartyNextDoor. Et à chaque fois que je l’écoutais, j’avais l’impression qu’il me parlait. On sent que son écriture est travaillée. Il ne dit pas de la merde, et moi je kiffe ça en vrai. Et même ses prods, ce qu’il fait, c’est trop lourd, j’aime trop. C’est vraiment une de mes influences principales. PartyNextDoor, c’est lui qui m’a donné envie de faire de la musique.
Qu’est-ce que tu faisais avant ?
J’étais à l’école. Collège, lycée, et après mon bac, j’ai arrêté parce que je n’étais pas trop déter. Je n’étais pas un élève nul, mais trop perturbateur, et je me déconcentrais trop vite.
Quelles sont tes références musicales ?
J’écoute du R’n’B, je suis inspiré de fou. Après, je ne connais que les plus gros : PartyNextDoor, Chris Brown, Tory Lanez, Jacquees… Il y a aussi des gens un peu plus underground comme Safe.
Ton père écoutait de la rumba et des chants d’église. Est-ce que ça t’a influencé ?
[Sourire.] Ouais, vraiment. Mon père était mécanicien, et il m’emmenait tout le temps à son garage à Sarcelles. Il habite dans le 94, et le trajet Sarcelle-94, ça fait un long chemin quand même. Tout le temps après le taf, il mettait des sons pendant tout le trajet, deux heures, tous les jours, tout le temps. Il mettait de la rumba, des chansons congolaises… Des chansons de son époque, quoi. Du coup j’ai kiffé, et sans le vouloir, c’est entré dans ma tête. Ça m’a inspiré de ouf.
Les chants d’église aussi. Mon père est un vrai pratiquant, et il me faisait écouter ça dans la voiture. Chez les Congolais, on prie beaucoup, c’est chrétien de fou.
Comment as-tu été découvert ?
Sur SoundCloud, j’ai fait un son qui s’appelle “Groupie”, là il est à 400 000 écoutes. J’ai eu un peu de visibilité grâce à cela, et j’ai continué à faire des sons sur SoundCloud. Ensuite, je suis allé sur YouTube et j’ai sorti “Doudou”, en 2018, et mes vues ont encore augmenté. J’ai migré de SoundCloud à YouTube parce qu’il fallait que j’évolue, je n’allais pas rester tout le temps avec SoundCloud.
Comment tu décrirais ton univers ?
Je dirais R’n’B noir, trap. C’est un mélange des deux, trap et R’n’B noir.
Pour toi, ça se mélange bien le R’n’B et la trap ?
Si tu sais bien le faire, ça se mélange bien. Après, il faut toujours s’entraîner pour être encore plus chaud. Mais en vrai, moi je me vois comme ça, alternative rap/R’n’B, t’as capté ?
Est-ce que le fait de grandir dans le 15e arrondissement de Paris t’a influencé musicalement ?
Pas trop. Je bouge beaucoup, je ne suis pas trop dans le 15. Même si je vis là-bas, je suis tout le temps soit en banlieue, soit chez des potes ailleurs qu’à Paris. Je ne suis pas tout le temps à Paris, en fait.
Tu parles beaucoup de relations avec les femmes dans tes morceaux. C’est important pour toi ?
Ouais, c’est important. Très important. Je parle des relations avec les filles, du coup c’est toujours lourd. En fait, ceux qui m’écoutent, ce sont mes confidents. Quand je suis au studio, c’est comme si j’écrivais mon journal intime. Quand j’écris, puis quand je drop le son, c’est comme si je faisais lire ce journal intime à mon public.
Ça ne te fait pas bizarre de te dire que tout le monde peut lire ton journal intime ?
Non, justement, c’est le but. En plus, ça me permet d’extérioriser les choses, d’habitude je garde tous les trucs pour moi. Je ne suis pas un gars qui raconte toute ma vie. Donc quand je sors un son, ça me fait du bien, parce que les gens écoutent et il y en a qui se reconnaissent dans ce que je dis.
Comment est-ce que tu écris ? Décris-nous ton processus.
Généralement, c’est la prod qui me donne l’inspi, la ligne directrice. Si c’est une prod drill, je vais faire un truc trap où je vais rapper, et si c’est un truc R’n’B, je vais commencer à parler de relations. Mais le but, c’est justement de faire de la drill, et même de chanter, de faire des trucs R’n’B. C’est ce que j’essaie de faire. Je veux rester dans le délire R’n’B sombre.
Comment abordes-tu la scène ?
Je n’ai pas encore fait beaucoup de concerts. Mais quand j’en fais, j’essaie de gérer le plus possible, d’être là.
C’est quoi la première scène dont tu te souviens ?
C’était avec mon groupe, Ultimate Boyz, dans un bar vers Belleville. Le gérant était surpris, il ne pensait pas qu’il allait y avoir autant de monde. Donc quand il a vu le public il a dit : “Ah ouais, vous êtes connus, c’est lourd !” Du coup, il nous a proposé de revenir.
Les concerts te manquent-ils en ce moment ?
Ouais. En vrai, je suis timide, mais les concerts, ça montre que les gens ont écouté mes sons. Si les gens les chantent et que je vois qu’ils connaissent par cœur, ça veut dire que j’ai réussi un truc. Je suis content.
T’es signé sur quel label ?
Je suis sur A+LSO, un des labels de Sony. Depuis juin dernier, ça fait trois mois là.
Selon toi, quels sont tes axes de progressions ?
J’essaie de travailler sur mes couplets. J’aime bien faire des refrains, on me dit tout le temps que mes refrains sont bien. Mais je me perds dans mes couplets. J’essaie plusieurs flows, et quand il y en a trop, ça donne un brouillon. Du coup, j’essaie de me concentrer sur ça, et mes paroles. C’est ça l’objectif de ces prochaines années, de vraiment écrire des trucs parfaits.
Donc tu accordes une grosse importance aux paroles ?
Ouais, quand même. Surtout quand je parle de filles, de relations, il faut que les gens sentent que c’est pertinent, que ce ne sont pas juste des mots comme ça que j’ai envie de dire.
C’est quoi les meilleures conditions pour écouter ta musique ?
Ah ! Alors ça, c’est une bonne question. Je proposerais d’écouter ma musique vers minuit, avec un petit sandwich. Écouter mes sons avec ses AirPods, ou son casque, c’est lourd ! Dans une chambre, ou même dehors… Bon, là, il fait froid, donc si vous avez un appartement vous pouvez y aller. Voilà, c’est ce que je recommanderais. À minuit.
Si tu devais convaincre les gens d’écouter ta musique, tu leur dirais quoi ?
Les gars, si vous avez une peine de cœur, il faut écouter ma musique ! Si vous êtes aimé, si vous aimez aimer, si vous êtes amoureux, il faut écouter ma musique. Quand j’écris, il n’y a que de l’amour, quand je drop il n’y a que de l’amour. Donc si vous aimez aimer, vous allez potentiellement aimer mes sons.
Tes futurs projets ?
Mon EP Parades est là. Puis en 2021, si c’est possible, sortir un premier album, et en 2022 sortir un disque d’or, c’est le but. J’ai promis ça au label, donc je n’ai pas le droit de me rater. 2022, il faut le disque d’or. Mais c’est grave possible, moi j’y crois de ouf.
Le mot de la fin ?
Merci de m’avoir accueilli à Konbini ! Ça me fait plaisir, première fois que je vois le bureau, c’est cool ! [Sourire.]