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Plus de 5 000 bandes dessinées sortent et sont commercialisées chaque année, soit en moyenne quatorze par jour. Tous les mois, Konbini vous propose une sélection de coups de cœur divers et variés pour qu’en fonction de vos goûts, vous soyez sûrs de trouver la perle rare.
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C’est aujourd’hui, de Carlos Giménez (Futuropolis)
Giménez est un monstre de la BD espagnol, productif depuis la deuxième moitié des années 1970. Ce triptyque autobiographique, publié entre 2016 et 2019, sort chez Futuropolis en un seul tome. Que l’on connaisse ou non le travail du papa de Paracuellos, les trois autofictions en noir et blanc demeurent un indispensable de cette fin d’année.
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The Complete Crumb Comic Covers (Cornelius)
On ne présente plus Robert Crumb, véritable monument de la bande dessinée américaine, du comics underground depuis la fin des années 1960. De ces premières couvertures de Zap Comix à ses compilations, en passant par des dizaines d’autres couvertures (Weirdo, Hup, Art & Beauty), la maison d’édition Cornelius, qui a republié tant d’œuvres de l’auteur, sort cette collection assez sublime, remontant les décennies de travail du bonhomme. Un cadeau de Noël parfait.
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Le Château des animaux — tome 3, de Félix Delep et Xavier Dorison (Casterman)
On vous parle de cette franchise depuis son lancement. Il faut dire que cette relecture de La Ferme des animaux d’Orwell est une pépite, autant au niveau du graphisme que dans son écriture. Son avant-dernier tome sur la désobéissance civile portée par Miss Bengalore, matriarche protectrice et craintive de l’autorité, et le lapin salvateur César n’est pas loin d’être son plus beau. En tout cas, il y a une promesse sur la conclusion que vont nous offrir Delep et Dorison.
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Pim Pam Poum — tome 1, d’Harold Knerr (Urban Comics)
Tenir un bout d’histoire dans ses mains est une sensation rare et forte. C’est ce que propose Urban Comics en ressortant la toute première bande dessinée, publiée à la fin de l’année 1897 dans le New York Journal – en l’occurrence, puisque la série continue, les histoires racontées entre 1936 et 1942. Un comic strip sur deux frères et leur tante, qui lancera un art tout entier.
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Spirou chez les fous, de Jul & Libon (Dupuis)
Ceux qui suivent la franchise phare savent que Spirou nous a quittés. Mais cela n’empêche pas Dupuis de demander à des auteurs d’imaginer des pérégrinations parallèles. C’est ainsi que Jul (Silex and the City) imagine le personnage culte parti en mission pour sauver Fantasio dans un asile pour personnages de BD. Tout cela sous le trait de Libon (Les Cavaliers de l’apocadispe). On ne s’en lasse pas.
La Voix de Zazar, de Geoffroy Monde (Atrabile)
Le dessin crayonné de Geoffroy Monde donne un peu de légèreté et de beauté à ce récit SF post-traumatique sur ce couple parti en croisière spatiale pour reforger leur binôme avant que tout parte en vrille. Ce n’est pas parce que Monde nous raconte une histoire sur la culpabilité, l’envie de vengeance et, au final, la rédemption qu’il ne manie pas l’humour avec intelligence. Un très beau titre, qui vaut le détour.
Humaine, trop humaine, de Catherine Meurisse (Dargaud)
Au moment où Catherine Meurisse devenait la première représentante du 9e art aux Beaux-Arts, l’autrice-dessinatrice revenait avec un nouveau livre ancré dans l’histoire de la philosophie – qui reprend toutes les pages qu’elle a publiées depuis 2017 dans Philosophie Magazine, où elle rend visite à de grands penseurs en pointant du doigt la limite de la masculinité dominante dans le monde des idées. Très beau, drôle et assez malin.
The Midnight Order, de Mathieu Bablet (Label 619)
Pas besoin d’avoir lu les quatre précédents Midnight Tales dirigés par un certain Mathieu Bablet pour se prendre la claque qu’est The Midnight Order. Certes, on y suit Johnson et Sheridan, deux sorcières aperçues dans le premier tome de la saga à multiples mains, mais il s’agit d’un one shot indépendant. Un récit sur trente ans, en neuf segments, chacun écrit par des personnes différentes (Bablet, donc, mais aussi Allanva, Rours, Sumi, Thomas Rouzière, Claire Fauvel, et plus encore). Une œuvre collective impressionnante.
Hypericon, de Manuele Fior (Dargaud)
Le dessin sublime et délicat accompagne parfaitement le récit de Fior centré sur cette étudiante en archéologie quittant son Italie natale pour travailler à Berlin sur Toutânkhamon. Une histoire d’amour mélangeant passé, présent et futur, qui impressionne par la finesse de son écriture, pourtant profonde et subtile. Un grand album, dont ne parle sans doute pas assez.
Été brûlant à Saint-Allaire, de Franck Bouysse et Daniel Casanave (Albin Michel)
Surprenant de voir Bouysse, auteur de romans noirs, pouvoir proposer une BD assez drôle ? Et pourtant, ce récit d’amour et policier autour d’un magot retrouvé, d’un fils de soldat qui n’est pas accepté et de cette jeune Anna qui subit la violence des uns et des autres est d’une facilité de lecture déconcertante.
Discipline, de Dash Shaw (Çà et là)
Le trait fin et noir des dessins sans case donne une liberté assez déconcertante dans la manière de construire le récit de Shaw, surtout vu ce que veut raconter l’auteur – à savoir l’histoire d’un jeune quaker (issu d’une communauté religieuse particulière) qui fuit son domicile pacifiste pour s’engager dans l’armée alors que les États-Unis sont en pleine guerre de Sécession. Le résultat est singulier, certes, mais d’une réussite sans nom. Un des grands albums de cette fin d’année.
La Mer à boire, de Blutch (2024)
Blutch n’a pas de temps à perdre, le récit démarrant dès la couverture. Pour un auteur qui se fait rare, cela peut surprendre, sauf que ça va parfaitement de pair avec ce qu’il cherche à entreprendre : aller plus loin dans ce que peut proposer le medium. La Mer à boire, romance psychédélique et poétique, pousse plus loin les murs du surréalisme. On ne comprend pas tout, tout en étant subjugué par la beauté de chacune des pages. Un événement, comme chaque Blutch.
Père fictif, de Joe Ollmann (La Pastèque)
Caleb est un peintre, la cinquantaine, qui peine à vivre de son art. La faute à l’héritage trop lourd à porter qu’est celui d’avoir un père reconnu comme l’un des plus grands bédéastes de l’Histoire. Le fait est qu’il boit, qu’il ne prend soin de personne (ni de son amoureux, ni de son entourage, ni de lui-même) et qu’il est un être humain assez détestable. Et pourtant, le talent de Joe Ollmann, qui signe son premier album colorisé, rend ce dernier terriblement attachant.
Batman — Le film 1989, de Dennis O’Neil et Jerry Ordway (Urban Comics)
Vous aimez le film de Tim Burton ? Vous adorerez la version comics, rééditée par Urban Comics dans une très belle édition comprenant un dossier supplémentaire avec de superbes esquisses d’Ordway.
Le Printemps suivant — tome 2, de Margaux Motin (Casterman)
Margaux Motin, toujours aussi talentueuse et touchante, continue d’explorer cette histoire d’amour et d’introspection dans un tome encore plus touchant que le premier.
L’Arabe du futur 6, de Riad Sattouf (Allary Éditions)
La conclusion de la saga lancée en 2014, qui a forgé la place et l’importance de M. Sattouf dans la bande dessinée française, qui a autant été un succès critique que commercial, est aussi belle qu’émouvante. Mais en réalité, soit vous avez déjà dévoré les cinq premiers et vous savez qu’il vous faut le sixième, soit vous n’avez jamais sauté le pas, et maintenant que la série est terminée, vous avez six beaux livres devant vous. Dans tous les cas, il s’agit clairement d’un des livres les plus marquants de cette fin d’année et indispensables – à recevoir sous le sapin ou à s’offrir à soi-même.
The Last Ronin, de Tom Waltz, Kevin Eastman et Peter Laird (HiComics)
Que l’on soit un lecteur habitué aux aventures des Tortues Ninja version comics, comme on a pu en voir sortir des paquets depuis des années, ou un néophyte, The Last Ronin semble être un titre essentiel. Il constitue une parfaite porte d’entrée et l’un des meilleurs titres de la saga. Assumant le côté samouraï dans ce New York post-apo où l’une des tortues cherche à venger feu sa famille, ce comics est un plaisir de lecture qui se dévore plus facilement qu’on ne le pensait.
Meurtre télécommandé, de Janwillem Van de Wetering et Paul Kirchner (Tanibis)
Trente-huit ans après sa sortie aux Pays-Bas, la rencontre entre deux auteurs de renom est enfin disponible en France. Une pépite hitchcockienne au trait fin et noir imbibé des années 1980, alternant des séquences façon Agatha Christie et d’autres plus oniriques. Un bel objet, que l’on a envie de lire et lire à nouveau.
Samedi, de Christian Robert de Massy et Eric Pessan (Patayo)
L’objet est un peu à part sur les étagères de votre libraire. Un livre horizontal (la spécialité de Patayo), un strip mutique, accompagné d’un texte au-dessus des images, illustrant ce qui défile le long des pages. Cette troisième ouverture au monde que constitue la collection “Des cases, des langues, des mondes”, où deux artistes de pays différents travaillent ensemble, marque la collaboration entre un dessinateur québécois et un auteur nantais. D’une beauté inégalée.
Terre rare, de Clément Vuillier (2024)
La troisième exploration de Clément Vuillier sur les récits mutiques de géologie, après Le voyage céleste extatique et L’Année de la comète, est une pépite. Impressionnant par son dessin, si précis et si évocateur. Impressionnant par ce qu’il peut raconter en ne montrant que des images. Un bien bel objet, hypnotique, puissant.
Vernon Subutex — Seconde partie, de Luz & Virginie Despentes (Albin Michel)
La première partie de cette adaptation en BD du best-seller de Virginie Despentes nous avait déjà franchement impressionnés. On ne savait pas que deux ans plus tard, Luz ferait encore plus fort. Car autant le premier suivait à peu près le récit initial, autant ici, Despentes et Luz réinventent au fil des pages l’histoire de Vernon pour raconter une autre histoire. Celle de Luz, presque. Le tout le long de 700 pages toujours aussi impressionnantes de beauté, d’hallucinations colorées alternant rêverie et bad trip, et de poésie.