Vol au musée : plus de 200 œuvres ont disparu d’un musée et d’églises

Publié le par Konbini avec AFP,

© Vincent Besnault/ The Image Bank/Getty Images ; © Grant Faint/The Image Bank/Getty Images

92 œuvres ont été retrouvées dans un château, lors d’une perquisition.

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92 œuvres d’art volées au musée Sandelin de Saint-Omer (Pas-de-Calais) ont été retrouvées dans un château du département, a-t-on appris auprès du parquet, de la police et de la mairie. “Lors d’une perquisition, les policiers du commissariat de Saint-Omer ont retrouvé des œuvres volées appartenant au musée Sandelin”, a indiqué la mairie de la ville dans un communiqué.

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Une enquête pour recel de vol a été ouverte, a indiqué le procureur de la République de Saint-Omer, Mehdi Benbouzid. Les œuvres, identifiées comme provenant du musée Sandelin, ont été retrouvées au château de Cercamp à Frévent, précise-t-il. Ces œuvres volées sont essentiellement des objets de petite taille, porcelaines, médaillons, statuettes…

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Leur disparition a été constatée lors d’inventaires de la collection, qui compte 20 000 pièces, explique-t-il. “Le conservateur du musée a eu une présomption qu’il avait pu observer ces pièces dans un château qui ouvrait régulièrement au public”, ce qui a conduit à un dépôt de plainte de la Ville, a également rapporté M. Decoster. Le château de Cercamp appartient, selon son site Internet, à un propriétaire privé, qui restaure depuis 2012 cette propriété qui se visite aux beaux jours.

La police avait annoncé via le compte X/Twitter Police Nationale 62 la découverte d’œuvres volées au musée Sandelin dans ce château, photos de tableaux et d’un éventail ancien à l’appui. Elle avait indiqué qu’une personne avait été placée en garde à vue, une information non confirmée par le procureur. L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) a envoyé l’un de ses enquêteur·rice·s en appui des forces de l’ordre de Saint-Omer, chargées des investigations, selon une source proche du dossier. Cette même source confirme qu’une personne a été placée en garde à vue, mais celle-ci a été levée et l’enquête pour recel de vol “se poursuit”, a indiqué à l’AFP le procureur de Saint-Omer, Mehdi Benbouzid. Selon une source policière, les premiers éléments ne montrent pas de lien direct entre cette personne et le château.

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Près de 200 œuvres toujours manquantes

Près de 200 objets d’art subtilisés dans les réserves du musée Sandelin de Saint-Omer (Pas-de-Calais) ou dans des églises environnantes restent manquants. 46 œuvres ont d’ores et déjà été restituées au musée ou aux églises Saint-Sépulcre et Saint-Denis de la ville, qui avaient également dénoncé des vols. Une conférence de presse s’est tenue en présence du maire et du conservateur de ce musée municipal.

Étaient présentées lors de cette conférence de presse huit pièces rendues au musée, dont “une magnifique boîte du VIIIe siècle en bronze doré”, ornée de “scènes en miniature peintes extrêmement finement” ainsi que deux ensembles de pièces de l’Âge du bronze, un fragment de sculptures de marbre de l’ancienne abbaye Saint-Bertin, à Saint-Omer, ou encore un albâtre de Malines dans son cadre en pastilla doré. La pièce retrouvée la plus précieuse, tant par sa valeur artistique que marchande, a été estimée par le conservateur à plusieurs centaines de milliers d’euros.

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Mais près de 200 œuvres manquent toujours à l’appel, a-t-il ajouté, puisque le musée et les églises ont repéré un total exact de “280 objets manquants”, sur les 20 000 que compte le fonds du musée et les près de 800 qui constituent celui des églises. Ces vols ont été découverts par les équipes du musée lors d’un long travail d’inventaire entamé en 2013 et bientôt achevé. Les équipes du musée ont déposé des plaintes à mesure qu’ils étaient constatés. Romain Saffré dit “encore espérer” que les nouveaux éléments glanés par les enquêteur·rice·s permettent d’en retrouver une partie. “On en est au tout début”, dit-il.

L’incroyable coup d’œil d’un amateur de céramique

C’est un amateur de céramique qui, visitant le musée de Cercamp, y a constaté la présence d’un fond de baromètre en céramique qu’il savait appartenir au musée, ce qu’il a signalé aux équipes de ce dernier. L’enquête a connu un rebondissement quasi miraculeux. Les premiers vols avaient été constatés dès 2013, au début d’un fastidieux travail de récolement, inventaire complet du fonds du musée, toujours en cours onze ans plus tard, ont raconté des responsables du musée en conférence de presse.

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Très vite, des œuvres d’art manquent à l’appel. Des plaintes sont déposées au fil de l’eau par la direction du musée, situé dans un bel hôtel particulier du XVIIIe siècle dans le centre historique de Saint-Omer. De nombreuses pièces sortent alors pour la première fois des cartons, depuis que le bâtiment a été vidé pour travaux entre 2000 et 2004.

Coup de chance : le directeur de l’époque a été “pionnier en matière de numérisation” des œuvres, a souligné le conservateur actuel, Romain Saffré. S’appuyant sur les nombreuses photos à sa disposition, ce dernier épluche les collections à la recherche des pièces manquantes. En vain. Il passe notamment beaucoup de temps à la recherche de cette fameuse “magnifique boîte du XVIIIe siècle en bronze doré”. Introuvable.

Plus de dix ans après le premier vol constaté, un “amateur de céramique du Nord” contacte le musée : il affirme avoir reconnu, en visitant un château des environs ouvert au public, une plaque de baromètre représentant une scène de boucherie. “Les spécialistes de céramique sont généralement très pointus dans leur domaine”, sourit le conservateur.

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Début mai, ce dernier se rend sur place, au château de Cercamp, se disant qu’il y aura “peut-être quelques céramiques” volées. Mais dès la première pièce, une autre surprise l’attend : une grande statue qu’il reconnaît immédiatement comme appartenant au musée Sandelin. Au fil de sa visite, les découvertes s’enchaînent, jusqu’à la petite boîte en bronze qu’il avait inlassablement recherchée, dont il estime la valeur à plusieurs centaines de milliers d’euros. Il en informe les enquêteurs, lesquels ont mené cette semaine une perquisition.

À présent, “il y a des identités de voleurs à vérifier, des hypothèses de recel qui doivent être aussi étudiées”, a souligné le maire de Saint-Omer, François Decoster, présent à la conférence de presse. Cerise sur le gâteau, alors même qu’il n’y avait “pas de contrôle du climat” de conservation au sein du château, la plupart des œuvres retrouvées sont en bon état.