Sa carrière n’a jamais connu de pause depuis qu’elle a démarré à la télévision dans les années 2000. Il aura été le premier super-héros noir de Marvel, incarnant le roi T’Challa dans Black Panther et les Avengers, ce qui a fait de lui l’un des acteurs noirs les plus inspirants pour les jeunes générations, qui ne le verront malheureusement pas revenir dans le nouvel opus prévu par Disney.
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Chadwick Boseman vient de décéder, dans la nuit de ce vendredi 28 août, des suites d’une longue bataille contre un cancer du côlon diagnostiqué en 2016. À l’ombre des médias, le comédien s’est battu pendant quatre ans en privé et a continué à tourner et à assurer la promotion de ses films, avant de s’éteindre à 43 ans aux côtés de sa femme et de sa famille, à Los Angeles.
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Cette révélation soudaine, qui assombrit davantage cette maudite année 2020, prouve que le monde a encore beaucoup à apprendre de Chadwick Boseman, qui nous aura laissés avec Da 5 Bloods de Spike Lee, produit par Netflix. S’il est venu chercher sa couronne à Hollywood, le comédien originaire d’Anderson (Caroline du Sud) semblait discret et mesuré. L’occasion de se pencher, en cinq points, sur sa carrière intense mais écourtée.
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#1. Denzel Washington a financé ses études
Fils d’une mère infirmière et d’un père employé dans une usine de textile spécialisée dans la tapisserie d’ameublement, Chadwick Boseman étudie les beaux-arts après le lycée et déménage à Oxford pour intégrer la British American Drama Academy le temps d’un stage intensif qui se déroulait sur un été. Ce programme, réservé à neuf étudiants, avait été financé par Denzel Washington via une donation privée.
Lors d’un hommage à Denzel Washington, il avait déclaré qu’il n’y aurait jamais eu de Black Panther sans cette généreuse démarche. Or, ce film avait été célébré aux États-Unis comme un moment culturel important pour avoir renversé les stéréotypes en dépeignant un pays africain prospère, accueillant des réfugiés et étendant sa technologie aux nations plus pauvres. Depuis toujours, Denzel Washington était son ultime inspiration, comme il l’explique dans son discours :
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“C’est un honneur de te connaître maintenant, d’apprendre de toi et de travailler à tes côtés.”
2. Il voulait devenir réalisateur
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Lorsque Chadwick Boseman établissait ses plans de carrière, il n’avait pas prévu d’être acteur : il voulait écrire et diriger. Pour atteindre cet objectif, il s’est inscrit au théâtre pour comprendre le métier de comédien. S’il est devenu célèbre pour ses différents rôles, en incarnant James Brown dans le biopic Get on Up ou encore Jackie Robinson, un joueur de baseball dans 42, Chadwick Boseman a signé quelques scénarios et réalisé des courts-métrages plus confidentiels.
Il y a d’abord Blood Over a Broken Pawn, son premier film, qui raconte les traumatismes d’un gérant de café à la suite d’un cambriolage. Un beau début pour le cinéaste, qui reçoit le prix du Meilleur court-métrage lors du Hollywood Black Film Festival en 2008. Quatre ans plus tard, il réalise Heaven, qui se penche sur les interrogations sexuelles d’un ex-détenu de prison.
Pour le théâtre, où il a également été professeur, Chadwick Boseman a notamment écrit Deep Azure, une pièce expérimentale qui projetait le hip-hop sur le devant de la scène pour mieux repousser les limites du théâtre. Jouée à Chicago, cette œuvre a été récompensée à New York d’un Joseph Jefferson Award.
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Cette véritable vocation a permis à Chadwick Boseman de se distinguer grâce à cette particularité, s’impliquant énormément sur les tournages de ses films.
3. Spike Lee et Ryan Coogler ignoraient tout de son cancer
Dans la lettre ouverte de Ryan Coogler, voilà ce qu’on pouvait lire :
“Chad prenait profondément soin de sa vie privée et je n’étais pas au courant des détails de sa maladie. Après que sa famille a publié sa déclaration, j’ai réalisé qu’il avait été malade pendant tout le temps où je l’ai connu. Parce qu’il était un gardien, un leader et un homme de foi, de dignité et de fierté, il a protégé ses collaborateurs de sa souffrance.”
Le réalisateur de Black Panther a ainsi décidé de lui rendre hommage à travers une missive. Le cinéaste, qui se penchait actuellement sur la préparation de la suite des aventures du Wakanda, explique avoir pris du plaisir à écrire un nouveau rôle pour sa tête d’affiche et confie ne jamais avoir été au courant de sa maladie.
Pudique, Chadwick Boseman n’avait rien dit à Spike Lee non plus, qui l’a dirigé dans Da 5 Bloods, où nous le voyions déjà amaigri dans la peau de Stormin’ Norman. Pendant ce tournage éprouvant, entre jungle et montagnes, le cinéaste a déclaré qu’il n’avait “jamais soupçonné quoi que ce soit” concernant la santé du comédien. Pourtant, alors que Chadwick Boseman assurait ses contrats, il a subi d’innombrables opérations et chimiothérapies en parallèle, “sans jamais se plaindre”, ajoute Spike Lee :
“Chadwick était un soldat et ne s’est jamais plaint. Il était là à chaque minute de chaque moment. Sa performance est une preuve de ce qu’il a injecté dans ce rôle et dans tous ses rôles.”
4. Il est attendu dans un drame musical
À la suite de sa collaboration avec Spike Lee et Netflix, le regretté Chadwick Boseman avait décroché un nouveau contrat avec la plateforme américaine. Il possède le rôle principal dans Ma Rainey’s Black Bottom, que le géant du streaming a prévu de sortir d’ici à la fin de l’année.
Le film se déroule à Chicago, dans les années 1920, et se concentre sur celle que l’on surnomme la “reine du blues” – jouée par Viola Davis –, qui enregistre un nouvel album studio dans un climat de tensions. Réalisé par George C. Wolfe, aperçu dans Garden State et Le diable s’habille en Prada, ce long-métrage est également produit par Denzel Washington, son mentor.
Parmi les projets avortés, on peut également compter The Expatriate, un thriller à bord d’un avion qui se déroule dans les années 1970. Si le projet de Barry Jenkins, le cinéaste oscarisé pour Moonlight, n’a pas encore été tourné, le scénario lui, bien achevé, a été écrit par Chadwick Boseman et son fidèle collaborateur, Logan Coles.
5. Il était un excellent joueur de basket
Si, à l’écran, Chadwick Boseman a prouvé sa forme physique à travers 42, considéré comme le film sur le baseball le plus rentable de tous les temps, ou encore dans les scènes de bataille de Black Panther où il faisait ses propres cascades, à la ville, il était un grand sportif. Plus jeune, au lycée, l’acteur était une vedette du basket-ball.
Dans une interview accordée à Jimmy Kimmel, l’acteur a révélé qu’il avait affronté Kevin Garnett – le premier joueur à entrer directement en NBA depuis le lycée sans passer par l’université en deux décennies – à l’AAU, mais que ce dernier ne s’en souvenait probablement pas :
“Je ne l’ai pas égalé, mais je l’ai marqué. J’ai fait un ‘up and under’ sur lui.”
Pour les non initiés, cette technique de jeu consiste à faire mine de tirer pour tromper et faire sauter le défenseur pour passer sur le côté en se baissant. Beaucoup plus petit que le géant Kevin Garnett (2,11 mètres toute de même), Chadwick Boseman a donc trouvé là une manière intelligente de défier son adversaire.
Plus largement, dans le milieu sportif, de nombreuses personnalités issues du basket ou du tennis, pour ne citer que ces deux domaines, se sont même attribué le signe du Wakanda que faisait Chadwick Boseman dans Black Panther. Comme l’a déclaré Ryan Coogler, il est temps de réaliser “quelle marque incroyable il nous a laissée”. Repose en paix, Chad.