Le jump cut dans Snatch : Tu braques ou tu raques
Snatch : Tu braques ou tu raques a beau être son deuxième essai, il a tout du film somme et de ce qu’est l’ADN d’un “long-métrage façon Guy Ritchie”. Le thème de banditisme anglais, sa manière de monter les scènes d’action ou de jouer avec ses personnages : on aurait pu retirer de Snatch près de 10 scènes pour mettre en avant ce qu’est un film de Ritchie, et comprendre ce qu’il raconte.
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Une séquence néanmoins résume bien la manière dont le Britannique met en scène certains dialogues, et l’art du montage. Quand Avi (Dennis Farina) énervé au téléphone, décide de venir à Londres. Il y a d’abord tout ce dialogue en split screen, où l’on voit les deux protagonistes en même temps qu’a lieu le dialogue à des dizaines de milliers de kilomètres. Manière de ne pas abuser d’un plan sur l’un et plan sur l’autre.
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Puis soudain, le mafieux new-yorkais décide d’aller à Londres. En l’espace de cinq secondes montées très rapidement, façon jumpcut, on le voit prendre un taxi, dans l’avion, arriver, et débarquer dans le bureau, particulièrement énervé. Une manière de gagner du temps en usant de l’ellipse et du montage avec une intelligence rare et au rythme bien particulier.
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Une technique qui sera par la suite copié (on pense notamment à Edgar Wright dans Shaun of the Dead, pour ne citer que lui), et qu’il exploitera dans plusieurs de ses films, parfois de manière très rapide, parfois plus dans la durée.
La présentation de personnage dans Roi Arthur
Guy Ritchie a toujours valorisé le moment où il présente ses protagonistes. Si parfois, il aime user de la voix off pour introduire un personnage principal qui finira comme narrateur de l’aventure que le spectateur s’apprête à voir, Le Roi Arthur manie avec intelligence une autre technique.
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Dans un montage assez rapide, comme expliqué avec Snatch ci-dessus, le cinéaste prend seulement une minute pour présenter le background de son personnage, son enfance, sa position sociale, les coups qu’il a reçus et les leçons qu’il en a retenues. En quelques secondes, on le voit ainsi se battre, voler et, surtout, grandir.
Le motif de la pièce revient à plusieurs reprises, indiquant à chaque fois une valeur différente, et permettant de faire des transitions entre le Arthur enfant, le Arthur pré-adolescent, le Arthur adolescent et le Arthur jeune adulte.
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Une minute qui en vaut des dizaines, qui évite des dialogues à rallonge et qui prouve une fois encore que Guy Ritchie est le roi du montage.
Les ralentis dans Sherlock Holmes
Il y a beaucoup de scènes d’action dans les films de Guy Ritchie, entre bagarres de rue et fusillades millimétrées. Pour rendre sa version plus personnalisée et identifiable, le réalisateur anglais utilise très souvent des ralentis, voir des blocages sur un seul personnage.
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Ces méthodes sont au centre de l’action dans les deux films Sherlock Holmes, permettant de percevoir la stratégie détaillée de Sherlock pour anéantir son adversaire tout en captant la violence du choc, les frémissement de la peau et les éclaboussures de la sueur.
Une technique que Guy Ritchie utilise régulièrement dans l’ensemble de ses films pour garder un suspense ou une respiration dans ses poursuites ou ses combats. Un marque de fabrique qui donne au spectateur l’impression de prendre à la fois un uppercut visuel et intellectuel.
L’explication par le jeu d’échecs dans Revolver
En 2005 sort Revolver, un film très sous estimé de Guy Ritchie car moins basé sur des personnages haut en couleur, des braquages plus ou moins ratés et des dialogues à l’humour très british. Cette fois-ci, le réalisateur cherche à étudier les facettes plus sombres de l’humanité, les stratégies compliquées de comportement et d’anticipation de réactions.
Tout ce fonctionnement est comparé au jeu dans le film, celui des cartes, du poker et surtout celui des échecs. Dans cette scène emblématique, Jason Statham explique sa formule d’arnaque ou de jeu à Andre 3000 d’Outkast en bougeant les pions sur l’échiquier. Cette métaphore visuelle est souvent reprise dans ses films, soit via un jeu de cartes ou un jeu d’échecs, notamment dans Sherlock Holmes 2 ou Arnaques, crimes et botanique. Une constante qui définit bien la façon dont Guy Ritchie raconte ses histoires, parfois complexes, souvent entremêlées.
Les changements de point de vue dans Agents très spéciaux
Guy Ritchie est aussi spécialiste pour filmer plusieurs fois la même scène sous un angle différent afin de dévoiler une dénouement, une partie de l’intrigue ou un détail passé inaperçu. C’est le cas par exemple dans cette scène du sous-estimé Agents très spéciaux sorti en 2015.
Dans ce film sous forme de buddy movie d’espionnage entre James Bond et L’Arme Fatale, Henry Cavill interprète le prétentieux Napoléon Solo. Dans cette scène, il fait diversion auprès de son ennemie Victoria Vinciguerra, jouée par Elizabeth Debicki pendant qu’Hugh Grant installe la riposte qu’on ne comprend qu’à la fin de la séquence. Ce type de montage est aussi souvent utilisé dans les deux films Sherlock Holmes ainsi que le reste de la filmographie de Guy Ritchie.