Si, en France, elle peine à sortie des conversations pointues de férus de K-Dramas, la fiction La Reine des larmes semble avoir conquis sans peine la Corée du Sud. Alors qu’elle vient de s’achever sur Netflix après 16 épisodes, elle peut se vanter de casser de nombreux records d’audiences, devenant ainsi l’une des séries les plus vues sur la chaîne payante tvN. Un succès amplement mérité qu’il me tarde de vous expliquer, même si la suite de ces lignes comprendra possiblement quelques mineurs spoilers sur l’intrigue. Vous voilà prévenu.
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La Reine des larmes (ou Queen of tears en VO), ça raconte quoi ? Sur le papier, Hae-in et Hyun-woo forment le couple idéal. Ils sont mariés, l’une est la puissante héritière d’un centre commercial de luxe façon Harrods quand son époux, qui travaille avec elle sur la partie juridique, a tout du husband idéal issu d’un petit village non loin de Séoul. Leur histoire a commencé comme dans les feuilletons les plus romantiques et clichés à souhait, où par un flash-back, on nous explique que Hae-in a pris l’hélico pour rejoindre Hyun-woo et lui déclarer sa flamme.
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Seulement voilà, dès le premier épisode, on nous dévoile que leur relation bat sérieusement de l’aile. Après plusieurs années, les deux se calculent à peine, s’évitent même aussi bien au taf qu’à la maison et dorment en chambre à part. Hyun-woo n’a d’ailleurs qu’un rêve, qu’un projet, qu’il peaufine chaque jour en secret : demander le divorce et enfin retrouver sa liberté, lui qui suffoque dans cette famille de riches excentriques qui n’ont rien à envier aux barjots cupides de Succession. Sauf que quand il s’apprête à le faire, Hae-in lui révèle qu’elle a un cancer et qu’il ne lui reste, au mieux, que quelques mois à vivre.
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Quelque part entre Succession et Empire mais à la sauce coréenne
OK, à la lecture de ces mots, vous aurez peut-être comme un goût de déjà-vu (on a cité Succession mais il y a aussi beaucoup d’Empire à ses heures de gloire). Mais pour une fiction coréenne, La Reine des larmes se veut très atypique. Rares sont les programmes sud-coréens qui osent attaquer aussi frontalement l’institution quasi sacrée qu’est le mariage. À travers le personnage de Hyun-woo (Kim Soo-hyun, spécialiste de la chialade, déjà vu dans les très réussis Crash Landing on You ou It’s Okay to Not Be Okay, et qui confirme être un des meilleurs acteurs de sa génération), le mariage et tout ce qui en découle (les déceptions communes, les habitudes, la perte de désir) prend tarif.
Il est évidemment intéressant de suivre la progression des sentiments, puisqu’on s’en doute, la nouvelle de Hae-in (Kim Ji-won, dont les outfits Valentino, Chanel et Versace me foutent un seum monstre), alors sur son lit de mort, va changer la donne. Et inspirer un retour de sentiments. Au-delà de cette intrigue aux accents crépusculaires, on suit également un autre arc à savoir un jeu de pouvoir entre plusieurs “amis de la famille” (des crevards, disons les termes), désireux de choper la couronne et la majorité des parts de l’entreprise. Parmi eux, Eun-seong (Park Sung-hoon, qui jouait déjà les enfoirés de première dans The Glory, décidément). Manipulations, mensonges et retournements de situation ubuesques rythment ainsi chaque épisode long d’une heure trente où l’ennui n’est pourtant pas permis.
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Bref, juste la recette d’un bon K-drama qui drama bien comme il faut me direz-vous. Ça serait oublier sa promesse pourtant déjà dans son titre : La Reine des larmes. Car oui, comme bon nombre de spectateurs qui se confessent sur TikTok, vous allez sacrément chialer, pire que devant la série Un jour.
@joel_julian_s Queens of Tears | Reaction to ending #queenoftearsep15 #queenoftears #fyp ♬ original sound - Julian S Reyes
On a beau connaître ou deviner la fin, on s’attache aux personnages, impuissants. À leurs réactions, parfois très nobles, mais souvent si humaines et pitoyables, sans verser dans le pathos gratuit. Hae-in y est particulièrement touchante, elle qui se montre si froide, pragmatique et arrogante dans les premiers instants. On anticipe sa chute, mais pas la hauteur. Au gré des épisodes, on la voit flancher, les symptômes se multipliant : perte de mémoire, hallucination, évanouissement. Le spectateur la suit également dans tout le processus médical, les examens, douloureux mais pudiquement dévoilés. Encore une fois, dans le genre sud-coréen, ce n’est pas si commun. Le tout porté par une BO bien larmoyante ce qu’il faut et qui intervient toujours pile au moment où on se promet, dans un excès d’ego, de garder les yeux au sec.
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Lâchez un peu votre fierté toxique et ne vous donnez pas cette peine : la fiction est même le meilleur remède contre la sécheresse oculaire, parole d’ophtalmo autorevendiquée à la correction non contrôlée depuis plusieurs années. Et comme l’a si bien chanté Amel Bent, philosophe des lumières des années 2000, “pleurer ça fait du bien“.
La Reine des larmes est dispo en streaming sur Netflix.
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