Une valeureuse journaliste anglaise a tenté d’interviewer Maïwenn et voici ce qu’il faut en retenir

Publié le par Manon Marcillat,

Si la réalisatrice évoque avec honnêteté les difficultés du tournage avec Johnny Depp, c'est le mouvement #MeToo qui fera dérailler l'entretien.

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Après son passage à Cannes et son joli succès dans les salles françaises avec près de 800 000 entrées, Jeanne du Barry s’exporte et vient de sortir au Royaume-Uni. À cette occasion, une courageuse journaliste de The Independent s’est entretenue avec la réalisatrice au sujet de son expérience avec Johnny Depp et a tenté de comprendre comment son film, basé sur l’histoire vraie de Jeanne du Barry, une “transfuge de classe” passée de roturière à courtisane de Versailles puis favorite du roi Louis XV, résonne avec le mouvement #MeToo. Sans surprise, l’interview a fini en eau de boudin.

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Après avoir contextualisé les conditions de l’interview — Maïwenn a été condamnée le 16 janvier dernier à 400e d’amende pour les violences commises à l’encontre d’Edwy Plenel, alors président de Mediapart — la journaliste Charlotte O’Sullivan débute son entretien en revenant sur le tournage avec Johnny Depp, réputé chaotique. D’entrée, elle pose les bases : “Je suis sure que Depp peut-être terrifiant mais, et ne le dites pas trop fort, la sublime Maïwenn peut l’être aussi”.

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“L’équipe avait peur de lui”

Si la réalisatrice semble garder un bon souvenir de sa première rencontre avec l’acteur qu’elle admire depuis ses 14 ans — il n’avait pas lu le scénario mais ils ont discuté “d’amour, de [leurs] enfants, de peinture, d’histoire, de musique, et bien sûr, de Louis XV” — elle se souvient en revanche d’une ambiance de tournage très hostile où Depp ignorait ses messages et acceptait de lui parler uniquement en présence de son équipe.

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Elle évoque également ses retards fréquents, ses réécritures de scénario sans son accord, un plateau apeuré mais comment elle a essayé de tirer le meilleur parti de ces rapports de pouvoir malsains pour améliorer le film.

“Je dois être honnête, c’est compliqué de tourner avec lui… Toute l’équipe avait peur parce qu’il a un sens de l’humour différent et on ne savait jamais s’il allait être à l’heure ou si il allait accepter de dire ses répliques… Même quand il était présent et à l’heure, l’équipe avait peur de lui”.

Le tournage terminé, les relations ne se sont pas améliorées, même à Cannes où le duo s’est vu offrir une longue standing ovation. “Sur les photos où ils sont ensemble, leur absence d’alchimie est palpable. Depp tient la main et Maïwenn et on dirait qu’il a envie de tuer”, souligne la journaliste. De son côté, la réalisatrice admet :

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“Nous n’avons eu aucune relation normale depuis la fin du tournage. Pour moi, c’est un immense génie mais il est dans un autre monde. Je ne peux pas communiquer avec lui”.

“Un visage qui ressemble au tonnerre”

Téméraire, Charlotte O’Sullivan s’engage ensuite sur une pente glissante pour celles et ceux qui ont déjà pratiqué la réalisatrice en interview : le mouvement #MeToo, qu’elle a contesté à plusieurs reprises dans les médias. Ce jour-là, la cinéaste choisit de nuancer son point de vue :

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“Je réalise des films depuis dix ans. Je sais que c’est difficile pour les femmes. #MeToo est une révolution importante. Dire le contraire — extrapoler et essayer de me retourner contre ce mouvement et vice versa — est une distorsion de la réalité et c’est préjudiciable”.

Pour étayer la réflexion, la journaliste évoque également Isild Le Besco, la jeune sœur de Maïwenn qui a récemment dénoncé une emprise destructrice vécue avec le réalisateur Benoît Jacquot et dont l’histoire peut résonner avec le thème central de Jeanne du Barry à laquelle la réalisatrice a pourtant déclaré s’identifier, notamment au travers de sa relation avec Luc Besson, mais Maïwenn a désormais “un visage qui ressemble au tonnerre et n’établit plus aucun eye contact“. Elle refuse d’évoquer sa sœur et de soutenir ses récentes déclarations avant d’exploser et violemment couper court à l’interview.

Charlotte O’Sullivan n’aura donc pas l’occasion de lui poser son ultime question pour tenter de comprendre pourquoi son film — qui raconte l’histoire d’une “féministe avant l’heure“, comme Maïwenn l’expliquera le soir même à l’avant-première londonienne — est dédié à la mémoire d’Hervé Temime, l’avocat qui a notamment représenté Roman Polanski et Gérard Depardieu.

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