Une mamie flippante, du gore et des gamins glauques : nos 5 coups de cœur de Gérardmer 2022

Publié le par Arthur Cios,

De quoi trembler.

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Comme tous les ans, le rendez-vous français le plus intéressant du cinéma fantastique se déroulait dans les montagnes des Vosges. Après une édition numérique du fait du Covid, tout le monde était de retour à Gérardmer pour la 29e fois. Comme d’habitude, un tas de pépites y ont été montrées. Si on pouvait y voir des vieilleries archi-cultes – Les Yeux sans visage de Georges Franju, Possession d’Andrzej Zulawski –, il y avait de quoi s’enthousiasmer dans la compétition officielle et hors compétition.

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Voilà nos cinq vrais coups de cœur, cinq films qui méritent votre attention et dont vous devriez retenir le nom.

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Mona Lisa and the Blood Moon

De base, on était clients. Le retour de la cinéaste iranienne Ana Lily Amirpour, qui nous avait fascinés avec son premier long (une histoire de vampire en Iran, A Girl Walks Home Alone at Night) et qui avait confirmé son amour de l’étrange avec son deuxième (The Bad Batch, une aventure post-apo au casting XXL), ne pouvait que nous enchanter. Les premiers retours de Venise nous faisaient saliver, et on avait raison d’être impatients.

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Imaginez une ambiance fluo pop cheloue hipster sur les bords d’un Spring Breakers, où Mona Lisa, une jeune femme avec des pouvoirs de psychokinésie, s’évade de son asile psy au fin fond de la Louisiane et débarque à la Nouvelle-Orléans. Elle y rencontre un dealer charismatique au style incroyable (Ed Skrein, particulièrement en forme), un flic prêt à tout pour l’arrêter (Craig Robinson, oui, le Darryl de The Office), une strip-teaseuse qui veut exploiter ses pouvoirs pour se faire un petit pactole (Kate Hudson) et un gamin metalleux particulièrement attachant. Esthétiquement superbe, la proposition n’est pas qu’audacieuse et originale : elle est tout simplement réussie.

The Innocents

Chouchou des festivals dans lesquels, à chaque passage, il a fait un tabac critique et public assez rare (et pourtant, on parle du Festival de Cannes, et, grand écart, de L’Étrange Festival), The Innocents était le film le plus surveillé. Et, spoiler : il a aussi traumatisé toute la salle, repartant avec le prix du Public et du Jury critique.

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Pourtant, sur le papier, ce long-métrage n’a rien de traumatisant. Pour faire court, The Innocents est traversé par un Chronicle sans found footage mais avec des gosses. La cruauté enfantine, la volonté de pousser ses pouvoirs jusqu’à ses retranchements, le tout avec une photo léchée et des gamins bluffants, transforment ce premier film d’Eskil Vogt (qu’on connaît pour les scénarios qu’il a signés pour Joachim Trier) en une petite pépite adorée de tous, et qui va en souffler plus d’un.

The Sadness

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Ici, on aime le gore. On est à Gérardmer, l’inverse serait un peu déconnant. Mais il y a gore et gore. Il y a voir un bout de boyau sortir d’un bide éventré pendant trois secondes, et il y a être confronté, pendant presque une heure, à des images aussi surprenantes que choquantes, d’un œil crevé par un parapluie à un zombie mangeant un tendon d’Achille en passant par un homme qui se fait arracher la peau du visage après qu’une huile de friteuse brûlante lui a fait fondre le faciès.

The Sadness, film taïwanais qui a marqué au fer rouge le public de Gérardmer, fait partie de cette deuxième catégorie. Au point où, d’ailleurs, les trois exemples cités proviennent dudit long, et ne sont qu’un aperçu de ce qu’il peut se passer pendant ces 99 minutes parmi les plus sanglantes et craspouilles que vous pourrez voir dans votre vie de cinéphile.

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Particulièrement dur, aussi pour son histoire – dans un contexte de pandémie causée par un virus que tout le monde considère comme un simple rhume, un variant débarque, transformant les contaminés en zombies assoiffés de sang et de rapports sexuels en tout genre. Des orgies de zombies qui font relativiser sur la situation sanitaire, et qui, quand on est amateur du genre, provoquent une alternance maîtrisée de dégoût et d’hilarité.

Conseil néanmoins, qui sent le vécu : on vous déconseille de le voir après une raclette.

La Abuela

C’était l’un des films les plus attendus de la sélection, et pour cause : Paco Plaza a une belle réputation, jouissant d’une petite franchise devenue culte assez rapidement (Rec, rien que ça), et a prouvé par le passé qu’il pouvait parfaitement manier l’image et la lumière pour faire surgir l’horreur là où on ne l’attendait pas. Son nouveau long, La Abuela, traînait la réputation d’être particulièrement efficace. Et c’est absolument le cas.

Le principe est plutôt simple sur le papier : une orpheline doit rentrer à Madrid pour s’occuper de sa grand-mère qui semble perdre la boule. Petit à petit, les étrangetés du quotidien s’expliquent par des secrets enfouis, et la mamie devient glauque et terrifiante. Outre le fait que l’on passe la dernière demi-heure à se cacher derrière son masque de crainte de ce qui va surgir de la chambre, le film est une franche réussite, millimétré et où la sauce monte, jouant sur les attentes du spectateur comme un marionnettiste sordide.

Les plus malins d’entre vous auront deviné la fin rapidement, mais qu’importe : on n’avait pas eu aussi peur devant une toile depuis longtemps, et ça fait du bien. Pas pour rien qu’il est reparti avec le prix du Jury.

Egō

Il n’était pas de bon ton d’être un gamin scandinave cette année à Gérardmer. Parce qu’après les bambins aux pouvoirs de X-Men, on a également découvert une autre histoire aussi glauque que terrifiante. Il s’agit cette fois d’une adolescente finlandaise, dont la situation familiale en apparence parfaite se dégrade petit à petit, en même temps qu’elle découvre un drôle d’œuf.

Récompensé du Grand Prix et du prix du Jury jeune, le premier film d’Hanna Bergholm (qui était diffusé au même moment à Sundance) est une bizarrerie. Pas des plus subtiles, mais qui sait puiser dans un héritage du cinéma bis pour pondre un oiseau humanoïde géant vraiment crade et procurer quelques bons moments d’horreur. Un long qui mérite un coup d’œil sans aucune hésitation.