Alors que son esprit vagabondait pendant son trajet en métro, le regard de la mannequin Nassia Matsa s’est accroché à une publicité pour une compagnie d’assurances qui l’a mise quelque peu mal à l’aise. Et pour cause : la modèle présentée lui ressemblait étrangement, jusque dans sa façon de poser. Quelque peu déboussolée, la mannequin a préféré oublier cette étonnante rencontre et supprimer la photo de la campagne qu’elle avait prise, raconte-t-elle chez Dazed.
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Nassia Matsa aurait presque pu oublier la mésaventure si elle n’était pas tombée, quelques mois plus tard, sur une publicité de la même entreprise montrant cette fois-ci le sosie d’une de ses amies, au visage déformé numériquement : “Après quelques recherches, j’ai compris : on avait été transformées par une IA sans notre permission, notre visage et notre corps avaient été transmutés en poupées numériques pour promouvoir un projet auquel nous ne participions pas.”
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Déplorant la “zone grise” qui entoure les intelligences artificielles et leurs régulations, Nassia Matsa précise qu’elle n’a aucun moyen d’agir contre ce vol d’identité, la justice se laissant grandement distancer par les progrès rapides des intelligences artificielles. Le flou autour du droit d’auteur·rice des œuvres générées artificiellement et des images utilisées pour les entraîner plonge artistes et mannequins dans des marasmes d’immobilisme desquels iels ne peuvent se sortir pour se défendre contre les grosses plateformes d’IA.
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Récemment, le programme Midjourney s’est fait épingler sur les réseaux pour sa constitution d’une base de données qui rassemblait les “styles” de 16 000 artistes sans leur consentement, mais les conséquences juridiques d’une telle initiative sont toujours inconnues. L’affaire de Nassia Matsa interroge bien sûr le remplacement du travail humain par des machines mais aussi l’appropriation de l’image des modèles de façon générale par des marques ou des photographes par exemple. Alors que le tribunal internet de Pékin vient de reconnaître au créateur d’une image générée via Stable Diffusion son droit d’auteur·rice, les litiges juridiques devraient se multiplier, peut-être autant que les images générées artificiellement.