Une artiste a demandé à une IA de générer les photos de sa série exposée à Arles

Publié le par Pauline Allione,

© Tan Chui Mui

Si elles s’appuient sur un cadre (presque) réel, les images que vous allez voir ont été créées de toutes pièces.

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Pour la première fois, les Rencontres de la photographie d’Arles invitent une artiste qui génère des images grâce à l’intelligence artificielle. L’artiste, cinéaste et réalisatrice malaisienne Tan Chui Mui questionne notre rapport à la photo à travers le projet Simplement parce que vous avez appuyé sur l’obturateur ?. Cette série interroge l’avenir de la création d’images, les notions de droit d’auteur·rice et de vérité. Lauréate du Jimei x Arles Discovery Award 2022, Tan Chui Mui expose ses œuvres jusqu’au 24 septembre à l’abbaye de Montmajour.

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“Une photo capture un certain paysage. Mais ce paysage est toujours là. Vous n’avez pas fabriqué l’appareil photo. Alors pourquoi cette photo serait-elle à vous ? Est-ce en raison de votre composition ? Simplement parce que vous avez appuyé sur l’obturateur ?”, demande Tan Chui Mui. De son côté, l’artiste n’a ni fait la mise au point dans le viseur ni appuyé sur l’obturateur : elle se sert de l’intelligence artificielle Midjourney, accessible au grand public, pour donner vie à ses images. On y voit deux hommes dans des champs, une jeune femme face à un bâtiment courbé ou encore un groupe de touristes à l’allure étrange en train de photographier l’amphithéâtre d’Arles. Pour autant, chaque image comporte des détails irréalistes qui peinent à nous tromper sur la réalité.

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Imagine prompt : “Une photo prise en 2004 sur l’île de Kinmen de deux hommes déterminant la limite de deux champs de sorgho – ar 3:4 – upbeta”, image numérique générée par Midjourney AI, 2022. (© Tan Chui Mui)

Quelle place pour les IA ?

La question de la propriété et de la création de l’image que pose l’artiste s’insère dans un plus vaste questionnement sur la place des IA dans la photographie, dont l’essor inquiète beaucoup de professionnel·le·s. Et si Tan Chui Mui se demande si sa propriété sur ses œuvres n’est pas plus légitime que celle d’une personne qui déclenche un appareil photo, la propriété des images générées par AI interroge aussi du fait que celles-ci soient composées de milliers d’autres piochées sur Internet.

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Simplement parce que vous avez appuyé sur l’obturateur ? aborde aussi l’histoire personnelle, les origines et l’héritage de Tan Chui Mui. “À partir d’une expérience multidimensionnelle, son exposition souligne la confusion, la quête et le questionnement liés à l’identité chez les Chinois·e·s de l’étranger en Asie du Sud-Est. Parallèlement, elle garde une distance par rapport à cet attachement à la mère patrie, et elle fait un lien entre la propriété foncière et les droits d’auteur en photographie, questionnant les deux et s’exprimant avec ouverture et tendresse”, détaillait en 2022 l’édition Hors les murs des Rencontres de la photographie.

Imagine prompt : “Photo en noir et blanc d’un groupe de touristes chinois prenant des photos de l’amphithéâtre d’Arles en 2005”, image numérique générée par DALL-E 2, 2023. (© Tan Chui Mui)
Capture d’écran réalisée par Wang Yiquan sur l’artiste Wang Ling à Kinmen testant la vidéosurveillance pour l’exposition “Simplement parce que vous avez appuyé sur l’obturateur ?”, image numérique, 2022. (© Tan Chui Mui)

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Simplement parce que vous avez appuyé sur l’obturateur ? est visible jusqu’au 24 septembre 2013 à l’abbaye de Montmajour, lors des Rencontres de la photographie d’Arles.

Konbini, partenaire des Rencontres de la photographie d’Arles.