“Une Ariana Grande stupéfiante de maigreur” : désolé Le Parisien, mais votre critique de Wicked est complètement à côté de la plaque

Publié le par Flavio Sillitti,

© Universal Pictures

La liberté de la presse, oui. La haine sans fondement, jamais.

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Petit préambule : à l’heure où les interviews et autres “reviews” de films s’apparentent à des promotions déguisées négociées avec les distributeurs toujours plus généreux et capricieux, c’est une bénédiction de lire une plume bien documentée qui n’a pas peur de dire tout haut ce qu’elle pense tout bas. Mais là, ce n’est ni possible ni totalement sérieux.

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Dans une critique, qui se veut incendiaire et sensationnaliste, un des journalistes du quotidien français dézingue tout le film, se dit même “vert de rage”, en avançant des arguments maladroits et ridicules, et en glissant surtout des propos absolument lunaires sur le physique d’Ariana Grande.

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La liberté de la presse, oui. La haine sans fondement, jamais.

Des arguments en carton-pâte

Avant d’en arriver au cœur de notre horrification face au papier du Parisien, il est important de se pencher sur ce qui “justifie” le “zéro pointé” réservé au long-métrage de Jon M. Chu par le titre de presse parisien. Si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, la mauvaise foi, elle, se condamne. “Tout est hypercoloré à l’extrême”, se fend la tribune (appelons-la comme ça), alors que c’est justement la coloration trop terne du film qui faisait polémique il y a encore quelques semaines, poussant même le réalisateur à justifier son choix par la volonté “d’en faire un endroit réel et crédible”.

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Et puis souligner l'”hypercoloration” de Wicked pour, quelques lignes plus bas, regretter “l’univers enchanteur joliment bricolé” du sublime film Le Magicien d’Oz de 1939 (dont la saturation des images en couleurs a de quoi faire sauter la rétine), ça n’a pas vraiment de sens, si ?

Autre point de discorde : “on se souviendra longtemps de cette séquence de jungle entièrement créée par ordinateur”, pleure l’article. Sauf qu’il suffit de s’aventurer sur la chaîne YouTube du film Wicked et d’avoir lu quelques-uns des innombrables articles sur le sujet pour savoir que la plupart des décors du film sont reconstitués en studio, dont cette fameuse jungle.

Dernier point, et probablement le plus risible de l’ensemble : le regret d’y entendre des “chansons façon comédies musicales d’il y a trente ans”, tout en sachant que le film est l’adaptation directe de la comédie musicale qui se joue à Broadway depuis 2003. Pas de commentaires.

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Balles perdues pour les actrices (et leur physique)

On vous le disait il y a quelques semaines, lors du passage promotionnel du cast à Londres, plusieurs tabloïds et titres de presse anglo-saxons avaient tout simplement éclipsé Cynthia Erivo de leur couverture (alors qu’elle tient le rôle principal du film et que le titre du long-métrage lui fait référence, tout de même) ; on pouvait bien compter sur les médias français pour reproduire la même “maladresse”.

Ainsi, le titre de l’article du Parisien est clair : Wicked est “une comédie musicale avec Ariana Grande”. C’est tout. Alors oui, on va nous sortir la dure loi des règles SEO et du référencement Google Search, tout ça, tout ça. Mais la réalité, c’est que le dédain pour Cynthia Erivo est évident dans l’article, surtout quand on réduit son jeu à “une moue boudeuse”, là où l’actrice réalise elle-même ses cascades et chante les morceaux entendus dans le film en direct du plateau de tournage. Mais ça, Le Parisien n’en parle pas.

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Finalement, et c’est là qu’on semble toucher le fond, au moment d’aborder la performance d’actrice d’Ariana Grande dans le film (son premier grand rôle au cinéma), le journaliste décide de partager avec nous qu’elle “paraît avoir travaillé le sourire idiot figé comme seule ligne de jeu” (les goûts et les couleurs, bref, passons), mais en profite également pour nous signaler qu’“Ariana Grande [est] stupéfiante de maigreur”. Ben oui, après tout, si un homme ne donne pas son avis sur le corps d’une femme au moment d’évaluer ses prouesses de jeu, ce n’est plus vraiment la France.

Wicked est en salle depuis le 4 décembre dernier, et s’il vous fallait une bonne raison d’aller le voir, ce 0/5 du Parisien devrait suffire.