Un podcast part sur les traces de Banksy grâce à ses amis et les personnes qui l’ont croisé

Publié le par Lise Lanot,

(© Getty Images)

Ma question préférée : qui est Banksy ?

A voir aussi sur Konbini

On connaît son militantisme, son désamour du système capitaliste de l’art contemporain, sa passion pour les rats et ses allées et venues dans le monde. La seule chose qu’on ne connaît pas de Banksy, c’est son visage. Depuis ses débuts, dans la tradition vandale du graffiti qui esquive la police, l’artiste protège comme un trésor son anonymat. Devenu une star internationale du street art, un des artistes les plus cotés de l’art contemporain, Banksy aurait pourtant pu, depuis bien longtemps, promouvoir et capitaliser sur son image.

Publicité

Bien que ses fans estiment qu’il n’est pas nécessaire de dévoiler son identité, l’interrogation ne cesse de fasciner les esprits. Preuve en est avec The Banksy Story, nouveau podcast en dix épisodes diffusé par la BBC. Menés par la voix de James Peak, passionné autoproclamé de Banksy, les épisodes suivent la route du street artiste grâce aux interventions de personnes qui font ou ont fait partie de son cercle.

Publicité

“Ni critique d’art ni journaliste”, tel qu’il le précise tout de go, James Peak s’est pris de passion pour Banksy dans les années 2000 grâce aux “petits rats” que ce dernier laissait vagabonder sur les murs. Depuis, l’homme de radio suit avec attention les faits et œuvres de l’artiste qui égrène ses travaux dans le monde entier, de son Bristol natal à Gaza, en passant par La Nouvelle-Orléans, Paris ou Kyiv.

Publicité

La fascination du narrateur pour Banksy l’a conduit auprès de personnes ayant travaillé avec l’artiste ou ayant croisé sa route directement et indirectement. Il a notamment réussi à faire parler la galeriste Steph Warren, qui a travaillé avec Banksy au sein de sa maison d’édition Pictures on Walls, alors qu’elle avait une vingtaine d’années.

Fidèle à l’esprit piquant de Banksy – à l’image de toutes les personnes interviewées par James Peak –, Steph Warren répond avec humour, parfois par pirouettes, aux questions de James Peak. Elle fait également preuve d’une étonnante sincérité, comme lorsqu’elle confie avoir arrêté sa collaboration avec Banksy parce qu’elle était dépendante à l’héroïne.

Publicité

Afin de rassembler des témoignages et anecdotes inédites (comme cette fois où Banksy est entré dans le bureau où travaillait la jeune femme et lui a demandé si elle pouvait se “mettre à quatre pattes et faire comme si tu sniffais un rail de cocaïne, que je prenne quelques photos ?”), James Peak a passé un an auprès de la galeriste afin de lui prouver qu’il était digne de confiance.

“– Il sent quoi ? – La peinture.

– Il est drôle ? – Il m’a clairement fait rire.

Publicité

– Il est gentil ? – Par moments.

– Il est charmant ? – Plutôt réservé.

– Les gens sont-ils chaleureux avec lui ? – Pas vraiment, je ne dirais pas qu’il est particulièrement chaleureux.

Publicité

– Est-ce qu’il a des signes physiques particuliers ? – Son anonymat.

– C’est quoi, son moyen de se détendre ? – Peindre à des endroits où il ne devrait pas.

– Est-ce qu’il a terminé ? – Personne n’a terminé tant qu’il n’est pas mort, non ?”

Avertissant son public qu’il n’est pas près d’écouter “ce qu’il a l’habitude d’entendre sur la BBC”, James Peak cherche à comprendre comment Banksy est devenu un tel “géant culturel” qui a fait “passer le graffiti du vandalisme aux plus hauts rangs de l’art”. Sans, bien heureusement, répondre à la question de “Qui est Banksy ?”, le podcast permet une incursion dans son univers, son travail, sa force militante et sa paradoxale puissance dans le monde de l’art : “Qu’importe à quel point Banksy humilie le monde de l’art en montrant que ce n’est qu’une machine à fric, le monde de l’art doit l’accepter parce que Banksy génère du fric”, résume un des intervenants.

Plus que de chercher à dévoiler l’identité de l’artiste, The Banksy Story nous invite à célébrer et interroger le pouvoir de l’art tout en questionnant le monde qui nous entoure et les façons dont on peut exprimer notre désaccord avec ce qui s’y passe.

The Banksy Story est disponible sur le site de la BBC.