Un peu d’intimité, le monde fou de Martine Syms, revenir après un exil : 5 expos à ne pas rater en novembre

Publié le par Donnia Ghezlane-Lala,

© Martine Syms/Bridget Donahue, New York

Au programme : revenir après un exil, les peintures de Tarsila do Amaral, le monde fou de Martine Syms, une étude de l’intime et une biennale.

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Chaque mois, nous passons en revue les événements artistiques de notre beau pays, la France, afin de vous proposer la crème de la crème des expositions. Au programme : revenir après un exil, les peintures vives de Tarsila do Amaral, le monde fou de Martine Syms, une étude de l’intime à l’ère des réseaux sociaux et la superbe biennale de Lyon.

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“Revenir”, au Mucem, à Marseille

“Algérie, Arménie, Grèce, Palestine, Liban, Macédoine du Nord, Syrie… Quels types de liens gardons-nous avec la terre d’origine après l’avoir quittée ? Le retour est-il ‘le désir et le rêve de tous les immigrés’, comme l’a écrit le sociologue Abdelmalek Sayad ? Il y a celles et ceux qui ont la chance de pouvoir revenir chaque année, le temps d’un été, voire de se réinstaller définitivement chez soi après une vie d’exil. Mais que faire lorsque les frontières, la politique ou la guerre rendent le retour impossible ? Comment revenir, quand le chez-soi n’existe plus ?

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Cette exposition s’intéresse à la question des migrations en Méditerranée sous l’angle peu connu du ‘retour’. À travers des objets, des œuvres d’art et des parcours de vie, elle souhaite approcher la complexité des expériences du ‘revenir’, prises entre déracinements et enracinements, pratiques et imaginaires, gouvernances nationales et aspirations individuelles. Il s’agit de questionner ces réalités plurielles, circulatoires, non linéaires, parfois empêchées, parfois détournées, qui engagent le chez-soi, sa reconnaissance et sa transposition, sans omettre les mémoires et les rêves qui y sont intimement liés.”

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Jusqu’au 16 mars 2025.

“Tarsila do Amaral – Peindre le Brésil moderne”, au musée du Luxembourg, à Paris

“Figure centrale du modernisme brésilien, Tarsila do Amaral (1886-1973) est la créatrice d’une œuvre originale et évocatrice, puisant dans les imaginaires indigéniste, populaire et moderne d’un pays en pleine transformation. À Paris, dans les années 1920, elle met son univers iconographique à̀ l’épreuve du cubisme et du primitivisme, avant d’initier, à São Paulo, le mouvement anthropophagique, prônant la dévoration, par les Brésilien·ne·s, des cultures étrangères et colonisatrices, comme forme à la fois d’assimilation et de résistance.

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Ses paysages aux couleurs vives laissent alors la place à des visions insolites et fascinantes, avant qu’une dimension plus ouvertement politique n’apparaisse dans ses toiles des années 1930. Le gigantisme onirique et la géométrie presque abstraite de ses dernières compositions ne font que confirmer la puissance d’une œuvre ancrée dans son temps et toujours prête à se renouveler. Venant combler un manque de reconnaissance de l’artiste en Europe et présentant quelques aspects inédits de son œuvre, cette rétrospective nous invite au cœur du Brésil moderne et de ses clivages entre tradition et avant-garde, centres et périphéries, cultures savantes et populaires.”

Tarsila do Amaral, Auto-retrato (Manteau rouge) détail, 1923, Museu Nacional de Belas Artes, Rio de Janeiro. (© Tarsila do Amaral Licenciamento e Empreendimentos S.A./Museu Nacional de Belas Artes/Ibram, Rio de Janeiro/Jaime Acioli)

Jusqu’au 2 février 2025.

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“Martine Syms – Total” à Lafayette Anticipations, à Paris

“Avec sa première rétrospective en France, l’artiste états-unienne Martine Syms invite les visiteur·se·s à faire l’expérience d’une œuvre d’art totale qui se déploie dans tous les étages de la Fondation, la transformant en un magasin d’un nouveau genre. Composé de reproductions d’éléments de son atelier à Los Angeles – de la façade de l’immeuble à son bureau –, ce lieu hybride crée un pont entre les sphères du public et du privé, du visible et de l’inaccessible, de l’intime et du collectif, en racontant une certaine histoire de notre culture et des lieux qui la font.

L’artiste présente une expérience kaléidoscopique où des questions existentielles s’incarnent dans les œuvres, puis sont transformées en éditions disponibles à la vente. Dans l’atelier de l’artiste métamorphosé en espace commercial, lui-même devenu un plateau de tournage, le public fait l’expérience d’un projet intéressé par le ‘théâtre du quotidien’, les rôles que nous y jouons et les mécanismes qui les contrôlent. L’exposition ‘Total’ s’intéresse ainsi à la généralisation de la surveillance et à la capture permanente d’images de nous-mêmes comme des dynamiques puissantes de la construction des identités. Et si nous étions tou·te·s les acteur·rice·s d’un film en perpétuelle production ? Et si la ‘réalité’ était en grande partie écrite par l’image ?

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Entre références intimes, archives historiques, représentations culturelles de la blackness, histoire féministe et invocations de la spiritualité, ‘Total’ est un espace qui résiste à une trop grande lisibilité. Méditation sur la consommation en tant que performance, mais aussi sur la performance de la consommation, l’exposition propose de considérer les choses que nous désirons comme des extensions de nous-mêmes et de notre culture, en même temps qu’elle interroge les origines de nos désirs.”

Martine Syms, Loser Back Home. (© Sprüth Magers/Photo : Robert Wedemeyer)

Jusqu’au 9 février 2025.

La Biennale de Lyon

“Intitulée ‘Les voix des fleuves Crossing the water’, la 17e édition de la Biennale de Lyon invite les artistes à évoquer, interroger, poursuivre le sujet des relations qui se nouent et se délient entre les êtres et avec leur environnement. Pour ce projet, nous prenons appui sur la gégéographie naturelle et humaine du territoire comme sur l’esprit des nouveaux lieux de la Biennale, les Grandes Locos ou encore la Cité Internationale de la Gastronomie.

Ces sites, dont le macLYON est le plus lié historiquement à la Biennale, sont traversés par la question des relations et de l’accueil de l’autre. Ils incarnent l’histoire, la diversité, l’invention de pratiques de communauté. Leurs murs, qui portent encore les traces de celles et ceux qui y ont travaillé, habité, vécu, convoquent des rituels de convivialité et des façons d’être et de faire ensemble. Les artistes font résonner les voix singulières de ces lieux, leurs récits comme leurs caractéristiques sociales. Ces lieux de construction et de réparation, de soin et d’hospitalité, d’attention à l’autre dévoilent autant de destins que de formes de relations, traditionnelles, inventées, espérées. […]

Jusqu’au 5 janvier 2025.

“L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux”, au musée des Arts Décoratifs, à Paris

“Embarquez pour un voyage fascinant au cœur de nos jardins secrets à travers une histoire de l’intime du XVIIIe siècle à nos jours. 470 œuvres, peintures et photographies, mais aussi objets d’art décoratifs, du quotidien et de design, révèlent comment l’intime a évolué. De la chambre vue par Henri Cartier‑Bresson ou Nan Goldin, des lits en fer forgé du XIXe siècle au lit-clos des Frères Bouroullec, de la chaise percée à l’urinoir pour femmes, des objets de la toilette sèche à la salle de bains, de la beauté aristocratique à la consommation de masse, des livres licencieux aux sextoys, du walkman aux réseaux sociaux et à l’influence, en passant par les outils de surveillance et de protection, l’exposition montre comment l’intime s’est imposé puis s’est profondément modifié. Les frontières entre privé et public devenues plus floues et poreuses engendrent de nombreux débats.”

Jusqu’au 30 mars 2025.