Un artiste porte plainte pour agressions sexuelles lors d’une performance de Marina Abramović

Publié le par Lise Lanot,

© Bennett Raglin/WireImage/Getty Images

Treize ans après cette recréation d’Imponderabilia, un de ses performeurs pointe du doigt des agressions longtemps tues, et le MoMA a répondu.

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Cela fait bien longtemps que Marina Abramović ne performe plus elle-même son œuvre Imponderabilia, présentée pour la première fois en 1977 à la galerie d’art moderne de Bologne, en Italie. Pendant 90 minutes, l’artiste et son compagnon de l’époque, Ulay, se tenaient nus, l’un en face de l’autre, à l’entrée du musée. Pour entrer dans la galerie, le public devait passer dans l’espace restreint laissé entre leurs deux corps nus et immobiles. La performance devait durer trois heures mais, à mi-parcours, la police était venue mettre fin aux réjouissances. Approchant doucement des 80 ans, Marina Abramović ne s’oblige plus à passer des heures nue dans des musées froids et préfère former de jeunes artistes performeur·se·s à sa célèbre Méthode.

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En 2010, John Bonafede recréait Imponderabilia au Museum of Modern Art de New York. Durant la performance, cinq personnes auraient agressé l’artiste à sept reprises. L’artiste a porté plainte ce mois-ci contre le musée, affirmant que l’établissement ne l’avait ni protégé ni n’avait agi après les agressions sexuelles qu’il avait subies lors de la performance. Il a déclaré que “plusieurs personnes avaient tâté et caressé ses parties intimes sans consentement” et qu’il avait signalé quatre des cinq agresseurs au MoMA, détaille le New York Times. John Bonafede a affirmé avoir vu une agression similaire se produire à l’encontre d’une autre artiste.

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À l’époque de l’exposition déjà, certain·e·s des artistes performant la Méthode s’étaient plaint·e·s des agressions subies. Un article du New York Times, datant du 15 avril 2010, rapportait notamment les témoignages d’un danseur contemporain, Will Rawls, ainsi qu’un communiqué partagé par le MoMA avertissant son public que “tout visiteur qui dérangerait ou toucherait de façon inappropriée” les performeur·se·s serait exclu du musée. En 2010, aucun·e des artistes n’avait porté plainte.

Aujourd’hui, John Bonafede demande à être compensé pour “la détresse émotionnelle, l’interruption de sa carrière, l’humiliation et d’autres dommages” subis. Son avocat a ajouté que le plaignant ne souhaitait pas mettre un terme aux “performances pointues de ce genre dans les grandes institutions” mais que “son but consistait à s’assurer que les performeurs et performeuses étaient bien traité·e·s et en sécurité”. La libération de la parole concernant les violences sexuelles et sexistes doit s’accompagner d’actions et les musées ne peuvent se sentir exempts de ces révolutions.

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Mise à jour du 29 février 2024 : le MoMA a répondu qu’il ne pouvait être tenu responsable de ne pas avoir pu empêcher ces agressions, “même si elles sont vraies”. Artnews rapporte que la motion a demandé un rejet du procès. L’avocat du MoMA réfute également “l’animosité fondée sur le genre” que John Bonafede reprochait au musée.

“Le MoMA a prescrit des procédures permettant aux artistes de signaler tout problème. […] Le MoMA a embauché un régisseur pour servir de liaison entre les artistes et les conservateurs du musée. Les artistes et le personnel du MoMA ont créé un système de signalisation pour alerter la sécurité en cas de contact inapproprié avec les artistes, dont les protocoles étaient inclus dans le manuel des artistes”, dit le communiqué de presse. De plus, le musée a confirmé les dires de l’artiste : le régisseur de l’exposition a bien été informé des agressions au moment où elles se produisaient. L’avocat rajoute que le régisseur lui a proposé d’arrêter de performer. “Il n’a pas saisi cette opportunité.”