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Il y a des classiques de la chanson française qui n’ont pas pris une ride, et on aurait envie de vous dire que celui-là est l’un d’entre eux. “Mauvaise foi nocturne”, emblématique parodie du tube “Confessions nocturnes”de Diam’s et Vitaa, traîne probablement dans un coin de votre tête. Le titre est sorti sur le tout premier album intitulé T’as vu ? de Fatal Bazooka, projet parodique du rappeur fictif inventé par Michaël Youn.
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Devinez quoi : on a interviewé Michaël Youn à l’occasion de sortie de son film BDE, disponible sur Prime Video. On en a profité pour obtenir toutes les infos qu’il vous faut sur la folle histoire de ce morceau. Une interview à retrouver sur notre chaîne YouTube, ou en bas de cet article.
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Konbini | D’où est née l’idée de “Mauvaise foi nocturne” ?
Michaël Youn | À la base, c’était un interlude. On avait sorti “Fous ta cagoule” avec mes potes via le projet Fatal Bazooka, et on allait sortir un autre single. Mais le temps qu’on écrive tout l’album et le single qu’il fallait, on s’est dit qu’il fallait qu’on trouve une bonne idée tout de suite, et qui nous permettra de réfléchir plus posément sur la suite de l’album.
On s’est rapidement dit qu’on n’allait pas faire un titre original, mais plutôt une parodie d’un truc qui faisait du bruit à l’époque. Boum : Diam’s et Vitaa, “Confessions nocturnes”. On a imaginé la réponse des mecs, et on l’a appelé “Mauvaise foi nocturne”.
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Comment s’est construit le texte du morceau ?
On a écrit les paroles en trois semaines avec mon pote Dominique Gauriaud. On voulait respecter les pieds du morceau original, mais aussi les rimes, voire garder un maximum de mots tout en y intégrant nos propres blagues. Ces blagues devaient être visuelles, parce qu’on avait déjà en tête de tourner le clip.
Comment ont réagi Diam’s et Vitaa ?
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Elles étaient mortes de rire. Diam’s m’a même dit : “Mais tu m’as piqué mon flow, en plus !” D’ailleurs, elle a tellement aimé cette chanson que derrière, elle a dit : “J’arrête” (rires). Elles ont tout validé à l’avance. Moi, je voulais faire un truc qui soit une réponse rigolote, je ne voulais pas me moquer d’elles. C’est vraiment toujours ce que j’essaye de faire quand je fais des parodies. Ou plutôt quand j’en faisais, puisque je n’en fais plus beaucoup. Mais que ça se fasse avec amour.
C’est quel genre de mecs Fatal et Vitoo ?
Je pense que, comme le dit la chanson, je suis désolé de le dire, mais ce sont des queutards. À l’époque, on appelait ça comme ça. Je dis souvent que Fatal c’est le crétin, le beauf. Celui que je ne peux pas me permettre d’être. Ça permet de vivre des choses par procuration, de dire des choses que tu ne peux pas dire. Les choses légales, hein, je précise. Celles que tu ne peux pas faire dans la vie de tous les jours.
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Tu te retrouves dans Fatal, parfois ?
Ouais, je suis aussi ce chacal-là. Il y a forcément une partie de moi qui est un mec coureur et infidèle, entre guillemets. Et grâce à Fatal, j’ai pu m’exprimer sur le sujet.
Pourquoi Pascal Obispo comme featuring ? Il a accepté tout de suite ?
On avait besoin d’un super bon chanteur et Pascal chante hyper bien, évidemment. Ses parties ne sont pas évidentes. *imite la partie chantée de Vitoo* Toute cette idée le faisait mourir de rire, et on a passé un moment absolument délicieux ensemble en studio ou il nous a bluffés. On a passé un moment encore plus drôle quand on a tourné le clip avec lui. C’est là que je me suis aperçu qu’il y avait du Fernandel en lui.
Je l’avais déjà compris avec son clip “Fan”, où il incarnait quand même un paquet de personnages. Il adore se travestir. Et pas que dans les clips ! Ça reste sa vie privée, mais je vous le confie quand même parce qu’on n’est qu’entre nous : ça lui arrive de se glisser dans la peau d’autres personnes dans la vie de tous les jours aussi ! Je vous jure que je ne mens pas (rires).
Il a refait un clip après qui s’appelait “Le Chanteur idéal”, dans lequel il avait la tête de Vitoo. Et il a continué à faire exister Vitoo comme ça. Ce qui lui plaisait le plus dans Vitoo, c’était les cheveux ! Comme vous le savez, Pascal a un problème capillaire, je crois qu’on s’en rend compte (rires). Donc quand il devenait Vitoo avec ses tresses à la Sean Paul, il était hyper content d’avoir des cheveux.
Ton moment préféré du morceau, c’est quoi ?
Mon moment préféré du morceau, c’est le moment où on ne respecte plus fidèlement le morceau de Diam’s et Vitaa. C’est la partie aérienne au piano. Et ce que je préfère dans cette partie, c’est quand je réponds à Vitoo.
Quand tu travailles le projet Fatal, tu travailles comme un vrai chanteur ?
Je crois que oui. Il y a juste un moment où parfois je rigole de mes conneries, ce qui ne doit pas forcément arriver tous les jours à Pascal Obispo. Souvent, d’ailleurs, quand on me dit : “Mais toi, tu es chanteur ?”, je réponds : “Non, je ne suis pas chanteur, je fais des disques. C’est pas pareil.”
Le tournage du clip, c’était comment ?
Le clip, c’est du papier à musique. Il n’y avait pas d’improvisation. Il y a eu beaucoup de rires, parce que personne ne s’attendait à toutes ces conneries. On avait retrouvé le même décor que celui où Diam’s et Vitaa avaient tourné leur clip avec le même canapé, la même fenêtre. Vous pouvez comparer les deux clips.
On te parle souvent de cette chanson, encore aujourd’hui ?
On m’en parle de cette chanson, mais ce n’est pas celle dont on me parle le plus. Celle dont on me parle le plus, évidemment, c’est “Fous ta cagoule”. En plus, tu vois, ce n’est pas compliqué : dès que c’est l’hiver, dès que tu te trouves dans un endroit comme une station de ski, dès que tu as Mbappé et Hakimi qui mettent une cagoule à New York, ça y est c’est parti : c’est “Fous ta cagoule”. Ça marche aussi dès qu’il y a un braquage de banque ou dès qu’il y a des manifs, ça marche à toutes les sauces.
On te parle aussi de “J’aime trop ton boule” ?
Oui, et je crois que c’est parce que c’était une des premières chansons gay-friendly en francophonie, et chantée par un hétéro en plus !
Après coup, avec tout le succès que ça a eu, la parodie n’a jamais dérangé Vitaa et Diam’s ?
Si, un peu. J’en ai parlé récemment avec Vitaa, que j’ai croisée aux Enfoirés. Elle m’a dit que ça avait été un peu relou, en fin de compte. Alors qu’elle l’avait validé, et tout. Mais elle et Diam’s ne pensaient pas une seule seconde que ça allait autant marcher. Aujourd’hui, elle se dit que si elle avait su, elle aurait refusé qu’on la sorte.
Avec du recul, est-ce que tu regrettes quelque chose dans le morceau ?
À la limite, le truc qui est le moins respectueux de toute cette histoire, c’est Fatal en survêt pilou-pilou rose, les cheveux plaqués comme Mélanie (Diam’s), bien rasé et un peu poupon. C’est peut-être le truc qui est le plus tendancieux. Mais le reste, ça va, je trouve.
J’ai une question pour Fatal, a-t-il continué sa romance avec la mère de Vitoo ?
Tu sais qui c’est la mère de Vitoo dans le clip ? C’est ma mère, c’est ma vraie mère Marina. Alors je ne me suis pas tapé la mère de Vitoo, mais en revanche, et j’ai le droit de le dire : je me suis quand même tapé son ex-femme. Pour ma défense, quand on s’est mis ensemble, ils étaient divorcés, c’était terminé entre eux. Mais c’est au moment de “Mauvaise foi nocturne” que j’ai rencontré Isabelle, que je salue au passage. Elle est d’ailleurs devenue la mère de mes enfants.
Je me souviens d’une conversation dans le studio de Pascal, où il m’a dit qu’il n’y avait que deux trucs qui pouvaient le choquer : qu’on touche à sa mère ou à sa femme. Du coup, un jour je l’ai appelé, je lui ai dit : “Écoute, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas ta mère.” (rires)
C’est quoi la suite pour Fatal ?
Aujourd’hui, Fatal Bazooka est devenu kitsch. Le kitsch, c’est entre le culte et le ringard. Tu n’es pas non plus Charles Aznavour, mais tu n’es pas non plus Licence IV. Licence IV, tu ne connais pas ? “Viens boire un p’tit coup à la maison !” Fatal, comme le son tourne pas mal, il est devenu kitsch, c’est rigolo. Du coup on m’appelle : “Est-ce que tu peux faire un concert là ? Est-ce que tu peux venir à un festival ? Est-ce que tu peux faire un gala ?” Au début, tu vois, je faisais deux ou trois dates. Maintenant, j’en ai 20, 30 par an.
Ça ne te donne jamais envie de recommencer le projet ?
C’est sûr que ça me donne envie de refaire des morceaux. Donc on en a testé quelques-uns avec le public. Il y a un morceau qui s’appelle “De l’alcool”, qui vante les mérites de l’alcool (rires). J’ai refait un morceau aussi avec Christelle, la sœur de Fatal Bazooka. Maintenant, elle est sur OnlyFans et sur MYM et elle veut répondre à tous ceux qui disent que c’est honteux de gagner sa vie en vendant des photos de son cul. Elle en est très fière.
Tu es en train de nous teaser un come-back de Fatal Bazooka là ?
Je vais peut-être revenir en tant que Fatal, qui sait ! Mais pour l’instant, je fais ça de façon extrêmement amateur, c’est presque privé. Ça ne concerne que les gens qui viennent me voir quand on me booke pour un festival. Mais peut-être que j’aurai envie de partager ça davantage quand j’aurai un peu plus de temps. Parce que j’ai une autre vie : Michaël Youn prend beaucoup de place et il ne laisse pas trop Fatal Bazooka s’exprimer à côté.