Tout ce que le tableau Racines d’arbres nous dit des derniers instants de Van Gogh

Publié le par Donnia Ghezlane-Lala,

© Vincent van Gogh/Musée Van Gogh, Amsterdam

Vincent van Gogh a peint cette ultime toile le 27 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise, le jour même où il s’est tiré une balle dans la poitrine.

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Le 20 mai 1890, Vincent van Gogh s’installe dans sa petite auberge d’Auvers-sur-Oise, après avoir passé une année dans l’asile psychiatrique de Saint-Paul de Mausole, où il s’est trouvé au plus près de la condition humaine. Situé à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, ce village l’inspire grandement pour ses derniers travaux et lui permet de rencontrer le médecin qui le suivra jusqu’à la fin de sa vie : le docteur (et artiste) Paul Gachet. Il y passera ses 70 derniers jours.

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Le 27 juillet, Van Gogh tente de se suicider en se tirant une balle dans la poitrine. Deux jours plus tard, il succombe à ses blessures, à 37 ans. Le dernier tableau – à peine terminé – qu’il a laissé derrière lui est Racines d’arbres. Il l’a peint le jour de son suicide ; c’est donc la dernière peinture qu’il a vue et sur laquelle il a travaillé avant de mourir. Elle fait aujourd’hui partie de la collection du musée Van Gogh, à Amsterdam, et voyage régulièrement pour des expositions dans d’autres pays.

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Paysage mental

Des feuillages verts, des troncs et racines bleus, du marron dans le fond et du blé solaire… Ce paysage en dit long sur l’horizon mental du peintre néerlandais ce 27 juillet 1890. Ce jour-là, Van Gogh se rend rue Daubigny, non loin de l’auberge Ravoux où il habite, pour peindre Racines d’arbres. On peut imaginer sa route : il s’habille, prend son matériel, ferme la porte et marche 150 mètres. Sur place, il dessine calmement, observe avec tout le poids de sa bile son œuvre, prend un peu de recul, ajoute des ombres, du relief, de la couleur, tape son pinceau sur sa palette, achève son ouvrage. Le format, en double carré, est le même que pour un bon nombre de ses travaux de fin de vie : il apporte un sentiment d’horizon, peut-être celui qu’il lui manquait pour percevoir un chouia d’espoir en son avenir.

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Plus tard dans la journée, il fait le geste qu’on lui connaît : il se tire une balle, visant son cœur. Blessé, il regagne l’auberge, et ses plaintes et douleurs attirent Arthur Ravoux, son tenancier. Vite, il faut le soigner. Il appelle le docteur Jean-Baptiste Mézery, qui rend un diagnostic sans appel : il est impossible de l’opérer. Le docteur Gachet, arrivé plus tard, confirme le diagnostic. Le frère de Van Gogh, Theo, est prévenu le lendemain matin et se presse de venir. Les derniers instants de Van Gogh se feront auprès de Theo, à son chevet.

Vincent van Gogh, Racines d’arbres, 1890, Auvers-sur-Oise. (© Musée Van Gogh, Amsterdam/Fondation Vincent van Gogh)

Le spécialiste Wouter van der Veen a indiqué que la lumière présente sur le tableau pouvait donner des informations sur les derniers coups de pinceau de Vincent van Gogh : ils auraient été faits en fin d’après-midi, selon lui. “Cette zone avait déjà été documentée par Van Gogh dans d’autres peintures. Il devait souvent passer par là pour se rendre dans les champs qui s’étendent derrière le château d’Auvers, où il peignit plusieurs fois au cours de la dernière semaine de sa vie et où il se suicidera. […] Vincent van Gogh réfléchissait longtemps à ses toiles. Pour faire un tableau avec une composition si complexe, il faut avoir toute sa tête. […] Son geste ultime a été commis de manière consciente et lucide.”

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À propos des premières racines qu’il a dessinées, en 1882 dans Étude d’un arbre, l’artiste écrivait à son frère : “Je voulais exprimer, tant dans cette figure de femme blême et mince que dans ces racines noires et bougonnes avec leurs nœuds, quelque chose de la lutte pour la vie.” Dans ces racines enfouies, robustes, inquiétantes, aux mouvements intriqués, complexes, insaisissables et chaotiques, se lisent les remous d’âme de Van Gogh. Et pourtant, au milieu de tout cela, il y a la couleur du soleil, du foin, du blé, des champs des environs. Peut-être que dans ce jaune-là, Van Gogh projetait la liberté, le soulagement, le répit qui l’attendaient.

Et si ce tableau vous passionne autant que nous, vous pouvez le voir en vrai, au musée d’Orsay, à Paris, dans le cadre de l’exposition “Van Gogh à Auvers-sur-Oise — Les derniers mois”.

Konbini, partenaire du musée d’Orsay.

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